Café, rue d'Anduze... ( 03 juillet - 111 Km)
Un café s'impose, l'attraction est forte... C'est Anduze... Crédit BL |
Anduze est une rue. C'est un peu réducteur mais pour un cycliste, c'est l'image retenue. On traverse la ville pour aller vers Alès, le nord, ou l'ouest, via St Jean du Gard, ou bien, dans l'autre sens, "rentrer" vers le sud, vers Montpellier et ses vastes plaines sans caractère. Pas d'autres options. On ne va quand même pas longer le Gardon de marché aux puces ou escalader les vieux quartiers qui s'accrochent à la montagne pour être sauvés des eaux ?
C'est toujours bien Anduze. Si si. Le cycliste aime cet endroit. D'abord il est accessible et accueillant, humain, j'ose le dire. La halte y est conseillée et surtout voulue, évidente.
Comment ne pas être intriguée par cette rue qui descend et semble être sous le niveau de la mer. On plonge en fait, on s'enterre un peu sous alluvions et autres roches mères calcaires, protégés par des remparts qui ne sont en fait que des digues. Le danger ne vient pas des armées royales mais des eaux. De ce Gardon qui, "s'il s’énerve un peu", vous engloutit tout ça au milieu des embâcles de bois.
Il semble que ce soit toujours une fête ici. L'été un rassemblement de touristes et de locaux qui vont faire "floc floc" entre les rochers au milieu des poteries. L'hiver ce sont les petits BHL de Province qui invitent Germaine au resto un peu comme si on était au Mt St Michel. La sortie dite de "Boisset", de "la Madeleine", dont on revient satisfait, de retour d'un grand voyage.
C'est encombré aussi souvent par les bagnoles comme si on était sur la Nationale 7. Tu penses, il n'y a qu'une rue pour les premiers congés payés. Trenet, d'ailleurs, aurait pu y griffonner une chanson sur une nappe en attendant que refroidissent les moteurs.
Oui il y a un caractère totalement artificiel, éphémère, dégradable, forain.
Anduze est également en sursis, les lampions peuvent s'éteindre, ces restaurants de "grandes familles" disparaître, engloutit sous les eaux et/ou la pauvreté.
Pour un cycliste au long cours c'est un lieu de passage et de ravitaillement. Les boulangeries y sont référencées, connues, critiquées. On fini souvent sur le trottoir comme un clodo, écorché par les Cévennes qui n'ont pas fait le moindre cadeau. Parfois, comme à Ganges, autre lieu dit " de l'herbe bleue", une tibétaine passe. Elle pourrait mettre quelques pièces jaunes sur ton sac à dos posé là mais c'est elle qui fait toujours la manche, sans le montrer, attendant la fête de la musique, transportant quelques oignons doux dans un sac plastique éventré. De toutes les façons, si vous avez besoin d'être rassurés, sur la grand rue, le policier municipal a la consigne de refouler son cousin l'intermittent vers des ruelles plus obscures, vers la fontaine pagode à " minéraux du bien être", un peu plus haut.
A Anduze, on organisait autrefois aussi une grande classique cycliste. Trop violente pour qu'elle perdure sur l'échelle des "temps mous" d'aujourd'hui. Elle a donc disparue.
Le fameux "Toboggan Cévenol" dont je ressuscite la mémoire car beaucoup aujourd'hui doutent même de son existence. Une organisation du club de la SAMA Montpellier. 220 km, 16 cols, délais serrés sur la journée. Chouette non ? Même la SAMA aurait fait ça... Qui peut le croire ?
Quand on voit aussi ce qu'est devenu ce club, on peut douter de tout ça. C'est légitime. On a rêvé c'est certain.
A Anduze, comme à la Grand Combe, plus au nord, plus le moindre mineur en vue. On y cherche maintenant le repos comme à Pattaya ou, on y retrouve quelques "amis", si on est un petit Colonna du quartier des Marels à Montpellier.
Oui Anduze semble suspendue et en sursis et cela la rend encore plus touchante et presque triste.
Pourquoi cette rue de la basse ville, de quelques hectomètres, a-t-elle ce potentiel d'attraction si fort pour qu'on veuille y prendre un café comme moi ce matin ?
Pour éviter la chaleur, je rentre par la campagne, Pailhères et Monoblet. Je reviendrai.