Hisse et haut... Santiago. ( 12 au 19 juillet 2025 - 1516 Km - 1/2)
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| Ne pas attendre la vague pour Santiago. La prendre avec bonheur et simplement... Peu importe la pluie et le reste... Surtout le reste... |
Aller vers l'ouest, c'est être un peu désorienté puisqu'on va vers l'occident. La lune m'apparaît le premier jour dans le col de Ft Béthou qui est mon jardin. Elle m'indique la direction puisqu'elle va vers l'est. En fait, c'est la terre qui tourne dans l'autre sens et trop vite ce qui fait que ce n'est qu'un mouvement apparent. Bon un peu de poésie dans tout ça et oublions les trajectoires.
C'est très joli cette lune qui agrémente les nuits des aventuriers. Elle est toujours différente. La route est longue, je vais la croiser quelques fois sur les 10 prochains jours. Parfois, je la voudrais plus discrète, surtout en bivouac. Pour les coups de soleil ? Non pour l'éclairage. Elle te place trop visible à celui qui maraude. Quand tu dors, aucun être humain ne doit te voir. Il est ton seul prédateur sur cette route à brigands et autres coquillards... Qu'on se le dise.
Mais là, c'est superbe...
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| C'est, peu ou prou, la destination de Santiago qui est donnée... |
Dormir dans un cimetière est un grand moment de calme et de sérénité. On n'y est qu'avec des personnes inoffensives. C'est bien d'ailleurs le seul lieu où l'homme n'est pas mesuré, dangereux pour l'aventurier qui passe. J'ai choisi, en fin de premier jour, celui de Montgaillard en Lauragais. Le camino de Santiago (via Tolosana) y passe et mon oncle (qui est aussi mon parrain) y est enterré. Une nuit magique "en famille" avec de l'eau potable pour boire, se laver et surtout des cyprès hermétiques en cas de pluie (attention à bien se positionner dessous). Seuls quelques chats vont passer là me dire bonjour. Les chats semblent, selon moi, en communication avec des énergies positives qui nous échappent. Depuis quelque temps, ils tournent autour de moi. J'ai aimé ce réveil où j'ai retrouvé la lune du départ, l'astre toujours fidèle. Repos garanti.
| "Bonne nuit tonton..." |
3) Feu d'artifice...
Me voilà après 3 jours d'asphalte à la frontière espagnole. Je vais vite ? Je ne sais pas. En train, en avion, cela va encore plus vite... A pied moins, puisque je serai à peine à St Jean de la Blaquière, c'est dire, même pas bougé... En fait," mû par la simple force musculaire", c'est toujours sympathique et mesurable.
Après deux cimetières, où serai-je ce soir ?
La pluie, les fêtes de Bayonne, l'ambiance frontalière glauque du passage d'Hendaye ne vont pas modifier "mon invincible printemps" qui me pousse à aller toujours de l'avant.
Eric et Masha sont entrés en compétition avec moi pour trouver les bivouacs les plus magnifiques. J'ai un peu d'avance sur le sujet, mais ils sont motivés.
Notre arrêt au sommet dans la chapelle du Ventoux a été remarquable. Du bel ouvrage. Là, je propose d'escalader le pech ou la sierra de Jaizkibel en Espagne en début de nuit et de m'installer sous le auvent d'une cabane en bois (petit chalet). Ambiance Suisse avec vue sur la baie d'Hendaye. En fin de soirée, alors que le crachin s'est enfin arrêté, je peux assister au feu d'artifice là-bas de l'autre côté et sans bouger de mon duvet. Incroyable !
| C'est Hendaye au bout là-bas... |
4) Le repère du CIM.
A la sortie de Bilbao, je trouve une maison intéressante... Elle a un charme fou. C'est une ruine certes, mais une ruine de qualité. Je ne vais pas y dormir, les conditions sont trop bonnes pour cela et il est aussi trop tôt. Du reste, il ne pleuvra que demain matin, un crachin lourd, une spécialité météo basque. La pluie matinale, c'est le tarif, avec ce camino del norte pour ne pas "griller" sur la meseta plus au sud. Etre au plus près des pétoncles est un choix (coquilles St jacques).
Dans les années 1990, avec un certain Risso alors que nous étions qualifié d'intégristes dans notre pratique du vélo (CIM, cyclos intégristes Montpellierrains) et que se fomentait le palmarès des "inox", nous cherchions toujours (fictivement) une ruine où faire nos réunions secrètes. Dans les Cévennes, nous avions l'embarras du choix. Les piémonts de l'Aigoual ne peuvent que se repeupler avec des gens étranges, j'en ai déjà parlé dans un article. Le calme est assuré. Juste un peu de travail de rénovation les week-end.
Regardes Gaby est-ce que celle-ci te plaît ?
| Entrée de Bibao, ça fume... |
| Attention à ne pas confondre avec un "château de ma mère" ce repère de malfaiteurs... |
5) La prétention de Covadonga...
Monter aux lacs de Covadonga est strictement inutile sur la route de Santiago.
Mais escalader le col de Jaizkibel aussi ! C'est du "monte descend". Jaizkibel se défend, car ce n'est pas un cul-de-sac à proprement parlé (je vais gagner en translation et il y a un camino recensé qui y passe). Jaizkibel c'est aussi l'épouvantail (relatif) de la Classica de San Sebastian pour ceux qui s'intéressent au sport cycliste professionnel. Et enfin le bivouac sur ses pentes, c'est un feu d'artifice !
Revenons à Covadonga. Pourquoi j'y monte ? Parce que Sieso "le fossile Catalan" la fait avant moi ? Parce que la Vuelta cycliste va se jouer là ? Parce que c'est le lieu supposé (comme Santiago) du début de la reconquête sur les peuples musulmans au premier millénaire ? A voir.
Pour voir en fait, je ne vais rien voir. Brouillard absolu. Je vais monter même jusqu'au dernier lac (Ercino Maria Rosa)espérant parvenir au-dessus des nuages ? Que nenni. Rien. Une matinée perdue à porter mon barda (certes pas trop lourd). C'est vrai que j'aurai pu m'alléger du poids en cachant quelques kg dans la forêt. Je ne l'ai pas fait et y ai pensé qu'en-bas, au retour. Cela aurait été autorisé puisque c'est une variante. On est intégriste ou on ne l'est pas.
| Lago Enol... RAS |
| Sanctuaire de Covadonga... |
Et je ne parle pas des automobilistes et de leur patience avec les vélos. Dès que tu passes la frontière espagnole venant de France, tu es dans un autre monde. Ce qui fait penser qu'il y a d'autres mondes et que c'est possible. Le français déteste le cycliste, c'est déprimant.
Quand tu t'arrêtes au bord de la route, même bien garé, toute la file de voitures stoppe immédiatement et attend de voir ce que tu veux faire. Incroyable. Ils ont la place de passer, il n'y a pas de passage piéton, ils attendent. En France, tu es frôlé à haute vitesse, klaxonné, on te traite de "connard de cycliste". Et attention celui qui est au volant est un cycliste. Navrant...
Cela me fait penser que de vivre en Espagne, ce serait possible pour moi, cela aurait été envisageable.
| Descente vers Torrelavaga... |
En sortie de ville, je vais même voir virtuellement où j'aurais pu bosser et avoir une vie fantastique. J'ai travaillé 2 ans pour ce groupe Solvay autrefois. Seulement, je m'étais trompé de pays. La grande désindustrialisation pour fabriquer des abrutis de la virtualité du tertiaire (en télétravail) sous subventions avait commencé. La destruction par l'inutilité des emplois (donc fictifs).
Pas de place pour une personne comme moi, un chevalier du bitume de la vie. Si j'avais fait les bons choix, je serai peut-être directeur de ce site rentable, aimé du personnel et proche d'un magnifique pot de retraite... Une belle vie à passer les week-end à pêcher le homard sur la Costa Verde.
Faites les bons choix ! Réflexion de pèlerin.
| C'est idiot la vie...il suffit de prendre à droite alors que tu as pris à gauche...Une chance sur deux... |



