" Caniculaire mais presque..." ( 27 Juillet 2022 – 232 Km)

 

Chez Chouchou à Florac semble ne pas être une destination...
Et pourtant tout est possible avec ces températures...
L'aligot resto attendra.
Crédit BL




Le ciel nous envoie du feu. 

Que faire ?

Déjà changer de posture et se demander si nous n'avons pas une petite responsabilité dans l'histoire. Car de jouer les victimes de cycles climatiques, ad aeternam,  n'aidera pas à progresser du tout pour mieux vivre. Bien au contraire. Etre un peu honnête aussi.

Ensuite, il existe aussi une alternative autre que la réflexion et c'est celle que je propose aujourd'hui et qui nous concerne (vélo) : Partir même si les conditions sont défavorables. Et réaliser.


Voilà le mot d'ordre :  "La Canicule ? Même pas peur..!"


Les journalistes (fac. des lettres) disent avec le doigt levé : 

" Interdiction absolue de faire le moindre effort par ces températures, vigilence rouge, confinement obligatoire !!"


Et bien, qu'à cela ne tienne, on va faire une grosse sortie et avec du dénivelé...

Vous l'avez compris cela permet d'avancer sans résoudre et sans réfléchir : c'est vivre avec la chose sans se poser de question. 

Les formules : "on verra plus tard..." On fera les comptes après..." l'intendance suivra..."sont souvent gages de réussites à posteriori.

Solution provisoire mais qui sauve car ne faut il pas continuer à vivre ?


Pour ce faire, nous sommes deux ce matin. JD et votre serviteur. 

Tout est étudié. La seule chose qui ne l'est pas c'est l'enthousiasme. Il est premier, total, gratuit, fondateur.

Pour ignorer une journée ou dans l'après midi on va frôler les 40 degrés sans que le matin refroidisse, il faut être aussi un peu stratège.


L'horaire d'abord. Nous partons à 6h10 de St Mathieu. Ce qui est remarquable car en ces temps à gaz agités,  c'est le meilleur moment pour dormir. 

Oui c'est la zone de creux thermique du jour et nous montons sur le plateau de l'Hortus.

Pompignan, St Hippolyte, puis voilà le col de Rédarès, plein nord, facile et souple, à l'abri de l'aube qui nous mène à Lasalle. Surtout ne pas s'arrêter, garder de la dynamique car " il fait frais", ou disons  à peu près frais...

Monter vers le nord, moi ça me refroidi. C'est mental. Il y a beaucoup de "cafés du Nord" en Cévennes, il doit bien y avoir une raison !?

Nous ignorons Ste Croix de Caderle et sa table de désorientation pour descendre lentement sur St Jean du Gard. Le soleil est là, sur notre droite vers l'est mais il ne peut pas encore gagner, il sort à peine des montagnes.

Dans le village du sur-médiatisé Stevenson dont la randonnée ne valait " à mon goût" pas mieux que celles de ces étudiants qui font leur petits voyages initiatiques à la découverte de leurs organes..., on a fait peut-être une première erreur. Un très gros arrêt pour se détendre. Trop long pour un café et quelques sandwichs.

Erreur de débutants maîtrisée quand même, le danger n'étant pas dans ce détail. Et, c'est quand même sympa de jouer au milieu d'un chantier climatique, de faire semblant de ne pas avoir de timing, avec le regard des "non concernés".

L'orientation ensuite est montante, et la température diminue graduellement au fur et à mesure qu'elle augmente avec l'heure... Disons qu'elle augmente moins vite. Nous remontons la vallée Borgne. On parle de 0,8 degré par 100 mètre d'élévation. 

Nous longeons un cours d'eau qui est le Gardon... Il fait toujours plus frais le long d'un fleuve. Non ? Bon le Gardon ici ressemble plutôt à un ruisseau d'Algues vertes, bientôt émetteur de substances sulfurées... Quelle catastrophe pour les campeurs avec les bambins !

Belle source "3 fontaines" à St André de Valborgne ou le débit semble être indépendant des problèmes de l'Ukraine.


Magnifique fontaine de St André de Valborgne...
Crédit : connexionphotos.fr

La montée qui suit jusqu'au col des Marquaires reste froide, ombragée, elle est nord sur l'épaule de l'Aigoual.

Le tunnel des Marquaires même s'il est court est à l'ombre, frais, idéal pour ne pas souffrir de la chaleur.





      Le tunnel à l'ombre pour basculer à l'ombre...

         Crédit BL



Ensuite c'est une dévalée lente vers Florac par les gorges du Tapoul, protégés par le massif qui commence la corniche des Cévennes sur notre droite.

Voilà Florac c'est l'heure du repas, 120 bornes parcourues. A ce stade on se demande bien s'il fait vraiment chaud. Et puis Florac est en altitude à 540 m !


Franchement pour une optimisation sur la matinée, je ne vois pas comment on peut faire mieux...

Tout était favorable !!! Quelle canicule ?


Vous êtes inquiets pour le retour ? C'est normal. Je vais vous expliquer.

Pour le moment on va manger au camion " chouchou" de Josy qui va prendre sa retraite. Elle nous dit d'ailleurs : " la canicule m'a tué "... Quelle canicule Josy ? Il fait bon ici. A St Mathieu, Alès de Paris Plage ou à Nîmes, la Babylone des férias, oui il fait chaud,et c'est l'horreur. Mais ici, aux carrefours des rivières en altitude...? Ce n'est pas le cas.

Que le Gardon soit à sec on peut comprendre mais en ce lieu, c'est vers l'océan qu'on va. Les Algues vertes sont de l'autre côté vers la Méditerranée...


Même les glaces sont à 3,5 euros pour les 3 boules. Pour payer si peu cher une glace c'est que personne ne veut se rafraîchir...


Encore plus d'une heure de repos. Que de temps perdu !? 

Nous devons sortir du creux alors que d'autres vers l'est, derrières ces montagnes souffrent sous ventilateurs... C'est le moment clé. Tout semble assez défavorable. Du soleil, de la pente, de le température, la mauvaise heure.

Ce n'est pas tout à fait la vérité. On décide de "neutraliser". Quand tu as " 3 boules au ventre", il suffit de ralentir et de se dire que tu fais une sieste en pédalant. C'est mental. Et ça marche puisque nous atteignons rapidement les cans (plateaux) de l'Hospitalet, avec l'issue de l'étonnant col Solpérière détesté des cyclistes venant de Racoules.

"Yes we can...! " Pourrions nous dire.

Nous sommes en altitude, l'endroit des ovnis est magique et les conseils du regretté Gillot-Pétré, face aux tornades thermiques, ne sont que songes...

La can de l'Hospitalet... Plateau fraîcheur...


On se paie même le luxe de rouler à 40 à l'heure, quelques secondes... pour "énerver le contexte"...

La suite est simple. Même s'il fait chaud en bas et que les sourcils vont sourciller ( chauffer) on bascule sur Pont Marès. Que craindre de la canicule si tu descends, ne pédales pas, que c'est gratuit, que tu es au minimum de tout effort ?

C'est le programme jusqu'à St Mathieu de Tréviers. 

Ne rien faire. 

Oui je sais, ça vous intéresse.

La Vallée Borgne vers la mer c'est toujours une histoire de cinétique vécue comme un don que te fait la nature. C'en est pourtant fini des " étoile des neiges" chantées par des pelotons le premier mai. Quelle neige d'ailleurs ?!!! Si on chantait " étoile des neiges" dans les tunnels c'est bien que l'endroit était froid!


Ici, même les plus faibles, les moins rapides, les moins beaux sur un vélo ( car ce qui est beau va vite), ont une sensation d'être des champions qu'on a ignoré. D'aucuns se disent que face à des Hinault, Merckx, ou plus récemment Wout van aert (droïde), ils auraient eu leur chance... Même PR, avec ses hanches en tungstène se croyait au sommet à l'époque...Si, si.

La vallée Borgne, descendante avec tous ses virages qui font prendre de la vitesse donc
diminuer la température ressentie...

Crédit / BL

On refait un peu d'eau devant la fontaine Stevenson, vous savez le communiste avec son âne qui a changé "l'art de la randonnée", celui dont on a repris l'oeuvre jamais commencée, ni finie, ce peintre qui n'avait d'ailleurs rien demandé à personne et dont on fabrique les tableaux en signant de son nom.

On glisse. A 30 à l'heure, tu es toujours en équilibre thermique, tu créais ton propre vent, l'évaporation est, la sensation de chaleur fut, tu es ton propre ventilateur...

Ce qui me fait dire que l'immobilisme correspond à une coupure de ventilateur. Donc à la mort assurée en ces temps incertains. Pourtant on nous dit bien de rester confiné et de ne faire aucun sport !?


Nous arrivons "faciles" vers 20 h à St Mathieu. Belle journée d’optimisation thermique pour aller chercher ce plateau dit des cans au dessus de Florac.


La voiture de JD ne démarre pas. Trop chaude, tout est bouillant là dedans...Je refroidis sa clé au congélateur. Encore une preuve que l'immobilisme tue. Même les voitures.

Cet aller retour à Florac fut une clé pour survivre à cet été particulièrement chaud...




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