TOUR DU MONT AIGOUAL : "Grosse journée..." 324 Km (BRM 300 - 07 mai 2022)

 

L'Aigoual, une classique depuis toujours pour la longue distance... Crédit : Chemin-st-guilhem.fr

Quelle belle classique! Le ratio km de qualité sur kilomètre parcourus est phénoménal. Nous le méritions après ce 200 apocalyptique, il fallait non pas effacer l'histoire mais la sublimer par une nouvelle réalisation diamétralement opposée.

Que dire de ce départ, de ces départs ? L'humanité s'ébroue autour de quelques rond points, les randonneurs sont sidérés, il semble que l'on soit dans une vire vire avec primes, la neutralisation cinétique est une notion théorique écrite en chinois dans quelques manuels jamais lus.

Pour ma part, étant coutumier de l'histoire, toujours la même rengaine, sans la moindre évolution, je n'ai pas fait d'erreurs de placement et je l'avoue, j'en tire une certaine satisfaction.

Ma stratégie était claire je serai sur ce brevet "devant derrière" c'est à dire à l'arrière du brevet mais en étant devant c'est à dire sans suivre des roues. Vous pouvez appeler ça " borgne chez les aveugles " mais cela ne me gène pas. Pouvoir sentir le vent et les paysages qui ne sont rien qu'à toi, pour toi et à ton rythme est le Graal du cyclo-randonneur. Donc à Arboras je décroche et attend Pascal qui, avec sacoches lourdes, et manque d'hystérie minimale, a "payé" dans Bel Air.

On commence par un café à la Vacquerie. Là c'est à la mémoire d'un certain Alain Laurent (ex propriétaire du Zybardie) et de toutes ses aventures (épiques) qu'il me racontait autrefois.

Puis, en sortant, un clin d’œil de l'histoire qui se répète et donc se transforme en farce, le vent est de fa(r)ce !!

Comme au 200 et dans l'autre sens !? Pas de chance ? Justement si. Une leçon. La leçon de la patience et cet air débarrassé de l'eau cette fois n'est il pas plus pur et plus lumineux ?

Nant, la rencontre et oui, la rencontre encore, Jean Baptiste est là, il surgit comme un "esprit" fugace alors que tu bâfres ton sandwich de l'autonomie. Pour rencontrer JBC, beaucoup ne l'on pas compris, il faut n'y aller trop lentement, ni aller trop vite, il y a une juste vitesse. Et au diable la particule qui a manqué la collision, condamnée à errer, voir payer cette absence dans les limbes de Solpérières, voir au delà vers un douloureux "Exil" finalement mérité pour lui.


JBC "en civil"?!!! C'est comme croiser un loup, sous un lampadaire en Charente-Maritime... Crédit BL

Oui les gorges furent magnifiques avec ces petits villages perchés, avec ces vautours qui tournent comme les éperviers de Maheux, guettant peut-être l'hypoglycémie ou la lassitude. N'avait-on pas prévenu que la Jonte fallait s'en méfier ? Jean Baptiste nous avait lui aussi prévenu.



Oui parce qu'on croit que le Perjuret par Meyrueis ce n'est rien, une simple vallée qu'on remonte, et quelques virages à braquets... Danger ! Et on ne récupère pas dans la descente, surtout si on veut doubler les voitures sur cette dévalée tristement célèbre!!

Pascal et moi on a stoppé devant la stèle de Roger Rivière. Il semblait nous sourire, ce James Dean des années joyeuses " Vous avez raison, il faut commémorer les morts comme les défaites et les victoires et concentrer vous sur la bascule verticale de Racoules, allez mes petits, soyez prudents..."

S'arrêter, quel plaisir en brevet. Connaissez vous ce mot ? Beaucoup y voient un échec, un malaise, une faiblesse. Beaucoup croient encore, après trente ou quarante ans de vélos qu'ils peuvent encore gagner quelques secondes alors qu'ils ont, avec le temps, perdu des plombes et beaucoup d'autres choses mais on avait dit de ne pas en parler...


Mais tu feras quoi après ta bière à l’Inattendu ??? T'iras faire les courses? Tu demanderas pardon du retard à ta femme ? Il faudra carreler la terrasse ?

Tu ne feras rien. Rien de bon. Ici tu te sens bien au bords des faïsses et des ruisseaux, alors apprécies et pourquoi pas ralentis, abandonnes toi à cette nature !

Au sommet c'est un plateau, et on aimerait s'y coucher aussi, le fameux Can de l'Hospitalet. J'ai apprécié de ne pas savoir où contrôler ce qui m'a permis de faire tous le plateau à 10 à l'heure en cherchant rien... Le contrôle qui n'existe pas une magie des brevets. Merci Gérald.


Allez on rentre, et la corniche est une nouvelle joie. Vent favorable, une impression de descente jusqu'à Anduze, quelque chose de "gratuit".

Ce sont les derniers km du brevet, c'est là que se retrouves ceux qui étaient, comme moi, "devant derrière", une espèce de fraternité de camps, aucune velléité, aucun objectif, aucun vrai désir de rentrer même si cela peut sembler bizarre à d'autres, ne jamais "en finir". A-t-on envie de revenir du Paradis pour souffrir à nouveau ?
Et puis, beaucoup ne savent pas de quoi je parle mais il y a la joie aussi de rentrer doucement dans la nuit. Car la nuit, à part pour, quelques poules (bien mouillées), c'est un lieu très accueillant, presque charnel.

Il n'y fait pas forcément froid, et il ne faut pas forcément la fuir. Il faut s'y abandonner et l'aimer. On allume les loupiotes, les lucioles s'éloignent. Lézan, Brouzet, l'air est encore chaud...

" Chuttt.! c'est la route de nuit " disait le regretté Patrick Plaine que je salue de ce beau 300.

On arrive toujours dans un bar après une grosse journée de bornage...
Avec un couple d'étudiants fédérés et PL
- Crédit BL.



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