Viso solo... (16 et 17 août 2021)

 

Le Viso va conclure ces quelques jours d'entrainement à plus de 3000 avec Jojo dans le Queyras. Quand tu navigues dans le massif depuis deux années,  les 3841 m du Viso sont là régulièrement sous tes yeux et tu te dis que c'est un "gros truc" à réaliser forcément.

 Rémy m'avait aussi bien cassé les jambes avec cet enchainement tête au vent,  lac Blanc suivi d'une "descente canon" sur Chamonix via la Flégère et Floria. Merci Rémy pour le choc mécanique qui va transformer mon corps pour quelques belles aventures.

L'enchainement Punta dell Alp, Caramatran, Rocca bianca, Pain de sucre, Bric froid, Grand Glaizia avait aiguisé l'appétit du bonhomme au quotidien. Le dernier jour, j'avais même déniché  le passage  du couloir de la Banane à la Font Sanct ( plus haute montagne du Queyras) pour parvenir au sommet par la voie dite des vires. Un problème en suspens depuis l'an dernier. Résolu.

 La confiance était grande. On pouvait passer à autre chose de plus croustillant. Un ton au dessus. Ainsi va l'Alpinisme et/ou la randonnée engagée hors sentier, vous prenez confiance palier par palier, vous reculez vos limites qui sont seulement dictées par votre tête en compromis toujours avec le danger et la possibilité de disparaître. Pour faire de belles ascensions,  Il faut aussi s'habituer à être longtemps dans des zones où tout relâchement est sanctionné...

Le Viso, plus haut sommet des Alpes du Sud n'est pas en soi très difficile mais comme le disent les topos, ils ne faut pas "le prendre à la légère", c'est de la vraie montagne, il est conséquent...

On va penser peut-être que j'y suis venu faire un braquage. Mais non, mon timing était parfait, aucune souffrance, belle négociation sur le terrain.

 Que retenir de ces deux jours ? Une nuit à la belle étoile à Chorges près du lac de Serre Ponçon.  Passage en Italie le lendemain  par Agnel pour retrouver Castello  et laisser la voiture au bord du lac. D'abord il faut pénétrer dans la Caldera du Viso via le sentier Nicoli qui est très escarpé pour aboutir à ce refuge étonnant et tout neuf.

"Tout est calme pour le moment..."

"La sortie du sentier Nicoli..."

 Bâtisse fermée par une pancarte qui dit que le Covid exclu toute occupation des lieux. Avec quelques comparses de rencontre nous allons quand même l'occuper. Je règle encore des comptes avec ce gendarme handicapé du cerveau qui m'a mis 135 euros alors que je négociais un footing près de chez moi. C'est vrai qu'il est très confortable ce refuge. Pour le COVID, le temps des premiers symptômes, je serai redescendu..

 Je fais, dans la foulée, une exploration pour trouver le départ de cette nuit et remonte jusqu'à la deuxième moraine glaciaire pour avoir en visuel le secteur Andreotti.

4H30, départ à la frontale. Un italien me précède. Je vais le doubler 1h plus tard, il disparaitra à tout jamais. Jamais vu après dans la face ni ailleurs... Etrange. A-t-il seulement existé comme ce voyageur des trains rencontré lors d'un transit par Nice il y a quelques années ? Il était très stressé hier soir... Aussi quelle idée de se lancer seul dans pareille aventure !!!

Je me perd un peu sur le haut juste avant la cabane de bivouac mais le jour se lève c'est plus évident.

Je passe ce fameux bivouac et suis, de loin en loin,  les traces  jaunes sur les rochers. La neige du grand névé a disparue, n'en déplaise aux sceptiques du réchauffement climatique. J'avais pourtant emporté mes crampons trail, pour ne pas en rester là, bloqué.

Ce n'est pas très difficile ces escalades mais c'est immense, long, et l'attention est maximale...  Je croise un gars du coin avec un gros short qui double et semble très rapide. Plus tard, il redescendra du sommet et me dira qu'il "fait un temps" depuis Castello et qu'il est du coin. Je le trouve étonnant. Ce n'est certainement pas un col blanc, il doit garder les vaches entre deux jaillissements, entre deux crises pour se calmer dans ses montagnes qui sont sa maison, son refuge... Plus haut un autre qui descend, à peine la vingtaine, il est monté par une autre voie, il me dit qu'il est de là-bas en bas, il est juste venu voir si un caillou avait bougé... Adorable.

"Vue depuis la face dans l'ascension..."
Ce qui contraste, par contre,  ce sont ces cordées de guide (passant par le Pas des Sagnettes) que je passe latéralement et qui semblent tout maîtriser lentement, au rythme d'une sécurité maximale, attentifs au dérapage. Je constate, moi qui les respecte et en même temps les trouve un peu triste, que je suis plutôt du côté des bohémiens, des saltimbanques de paroi qui n'ont aucun respect pour les institutions. Je suis avec ces jeunes que je viens de croiser. Malgré mes 30 années de plus et sans corde, sans anneau, sans baudrier, je pense qu' ici ça va passer... Je le sais.

Même pas d'altimètre, pour apprendre quoi ?

J'arrive à la Croix après moins de 4h d'effort. Le paysage est superbe, pas de trace de la Nebbia italienne annoncée (nuages) qui colle pars l'est.

Je fais un visuel panoramique et reste un bon moment.

La redescente est un jeu de piste, face au vide... Il y a des options et des culs de sac. Je dois remonter parfois.

Il doit 12h lorsque je parviens en bas au niveau des lacs. Je prend de l'eau sous les rochers, issue d'une alimentation plus haute. Redescente par Nicoli et retour voiture dans l'après midi. Timing parfait. Monaco à Guillestre, resto à Embrun, nuit à la belle au dessus de Serres. Flânerie le lendemain à Nyons, le pays de Barjavel un de mes auteurs préféré. Belle réalisation. 

En solo certes mais,...pénard.

 

 

Posts les plus consultés de ce blog

SEPT CENTS ( 7 cols en Cévennes – 12 mai 2024 - 218 km)

PARIS NICE - Du 11 au 16 avril 2024 - 1010 km. (1/2)

"Frelons asiatiques versus gentilles abeilles des campagnes..." (BRM 200 – 05 mai 2024 – 240 km)