9) Mère Nature...
Nous sommes en début d'après-midi. Je viens de bricoler un
sandwich en zone commerciale de Crémieu. Au carrefour de Sablonnière, je
m'arrête. Peut-être pour m'orienter, je ne sais plus, il y a tellement de possibilités
pour descendre à Grenoble. Et là je reconnais un mur qui m'a réchauffé au petit
matin en avril 1992 lors de mon premier Paris Nice. Ce mur il pourrait être
"le Château de ma mère", tu ne l'attend pas, il est perdu sur la
carte du monde mais le hasard t'y met devant certainement pour t'expliquer
quelque chose. Oui je reconnais bien le mur de ce bar qui était fermé et les
premiers rayons du soleil atrocement froids puis tièdes...Il est inscrit
physiquement en moi pour toujours. Il est complice de cette attente du soleil
qui est en nous.
Et l'ouverture du
café enfin. C'est le "château de ma mère..." Mais la mère Nature,
celle qui réchauffe...
10) L'Hôtel Paris Nice. La "mauvaise rencontre" de Grenoble...
J'arrive à Grenoble en négociant au mieux la piste le long de l'Isère mais la nuit va tomber, il est tard et il y a peu de trafic. Donc je peux rester sur l'axe automobile. J'ai l'intention de sécher un peu le matériel et pour se faire de dormir une nuit à l'hôtel. Ce matin ce fut infernal dans le secteur Lyonnais avec tous les camions qui t'aspergent, te frôlent... Je l'ai mérité.
Un établiseement pas cher évidemment, à la mesure de ma notion du confort, pour pouvoir tout étaler et repartir à neuf demain matin.
Sur une avenue plein est, c'est incroyable mais je vois l'enseigne illuminée de l'hôtel "Paris Nice". Il présente très bien sur le trottoir. Cela tombe bien, il doit être sympa cet endroit et correspondre à ma traversée. Un peu comme à Hendaye le fameux hôtel Santiago avec Philippe, le proprio qui, à l'époque, nous prenait en photo dans un confessionnal pour alimenter les premiers réseaux sociaux.
J'imagine déjà une soirée à parler avec le veilleur de nuit qui va me raconter tous les passages ici vers Nice. Les anecdotes des voyageurs. Cet hôtel n'est-il pas le descendant de la bâtisse témoin du passage des troupes de Napoléon, toutes joyeuses de monter sur Paris après le débarquement ? Et dans une des chambres, Poulidor n'aurait t-il préparé un plan d' attaque lors de sa victoire de 1972 face à Merckx ? Sean Kelly avait-il son rond de serviette ici ? Serions nous sur une variante connue du chemin de St Jacques ? Tout est possible. Je soupçonne même qu'un certain Risso (GR), gloire cycliste éphémère, aurait pu y faire halte pour un Grenoble Nice organisé fin des années 70.
Ma joie est de courte durée, l'entrée de l'établissement est farcie de clochards multicolores, vautrés à même le sol, et quel chantier ! Un hôtel réquisitionné pour les sans abris par quelques associations caritatives ?
Quelle déception ! L'histoire aurait été belle... Je m'en vais donc vers la fameuse ligne droite plein sud qui permet de sortir de la ville. C'est la ligne droite des BRA (d'avant le collapse), Brevet de Randonneur des Alpes), où nous suivions les motards tôt le matin avant qu'ils ne lâchent les troupes vers la Croix de fer... Je trouve un autre hôtel.
Étendoir bleu posé sur moquette...
11) La variante Bonnette (2860 m)...
Après une nuit fantastique sous les étoiles dans une
propriété Mexicaine de Barcelonnette, j'attaque au petit matin cette fameuse route
qui fait peur à beaucoup de cycliste, celle de l'ascension nord de la Bonnette.
C'est beaucoup moins difficile qu'un Ventoux par Bédoin. Montée souple, sans
pente excessive, longue certes mais n'a -t-on pas le temps comme d'autres ont les
montres ? Une matinée pleine.
Je m'offre même l'escalade en poussant le Cyfac pour aller jusqu'à la table
d'orientation. A peine 5 minutes de plus. C'est ma contribution personnelle à
la chose. De là haut, je regarde quoi ? - d'abord les sommets du Queyras et Viso de mes derniers étés et - tous ces
cyclos bloqués à la stèle 58 m plus bas qui se croient pourtant au sommet... Et
oui il manque ces quelques mètres par le petit sentier. Qu'ils aient ou non un
GPS, de toutes les façons ils ne seraient jamais monté jusqu'ici. De là haut, je
peux même entendre les voix de ceux qui sont restés au col. Se croyant eux aussi au
sommet, 145 m plus bas...
Les Col Sud ou Nord sur le massif de l’Everest, ne sont pas l'Everest. La zone de la
vie est bien au dessus... Il suffit d'un peu plus de volonté.
Col Nord ?
Le sommet... l'air y est plus rare c'est vrai... Les cyclistes aussi...
12) L'Apéro place Massena, Maréchal d'Empire ...
L'arrivée est toujours émouvante sur Nice. Et là, ça
descend... Une après midi de descente... Incroyable ! Bon, c'est dimanche et ce
fut un peu encombré, je suis de retour de week-end comme eux. Sauf que mon week-end dure une semaine. L'occasion de mesurer visuellement aussi les effets des
inondations de la Vésubie et d'inaugurer pour moi la piste cyclable qui longe
le var, rive droite. Un bon moment de tranquillité.
C'est le triathlon de Nice, les concurrents sont sur la
promenade des Anglais. Peu importe, un vélo cela passe partout au milieu des
vigiles. Le But c'est Massena, place Massena.
Je me fais comment dire " un
petit apéro" pour fêter ça. A la
prochaine... La prochaine fois je vous parlerai de la Brasserie du Globe.
A-t-elle seulement existé ?
Monaco à...Nice