"L'escabeau de Barjac..." ( samedi 16 mars 2024 – 232 km)

 

Attention à la descente !...

Est-il prudent de se faire "secouer" en début de saison lorsque le corps n'est pas encore préparé à la violence physique des rythmes "hors normes" (corrélée à un age donné) ? La réponse est évidemment non. Mais on va le faire quand même.

L'objectif kilométrique du jour consiste en la montée de "l'escabeau de Barjac". Tu pars de St Mathieu, tu montes vers le nord via Lussan et redescends le Mt Bouquet, rive droite. Un escabeau à double échelle cela va sans dire, avec marchepied en haut : Barjac.

Rappelons le principe de l'escabeau qui est une échelle améliorée. D'abord tu montes progressivement sur la première échelle. Tu es en forme et ce plaisir de monter te transporte. De là-haut l'endroit espéré est un peu interdit et inédit, tu domines. Etant de l'espèce humaine incorrigible et prévisible, tu es preneur.

Ensuite après une station variable mais courte, le temps d'un sandwich et d'un café, tu redescends. Attention la dévalée pour rejoindre la case départ peut être périlleuse, corrélée à ta fatigue et à la gestion de la gravité et de l'équilibre, elle peut te surprendre.


Revenons au début. D'abord chercher quelques comparses " à gros rythmes", des "durs au mal" et qui ont " de la bouteille" puis "dans les roues", tu vois ce qu'il se passe. Tu ressens plutôt. Ce n'est pas compliqué " tu t'accroches" que tu sois bien physiquement ou déjà un peu mal.

Le résultat sera toujours au rendez vous après quelques jours de récupération. Tu auras franchi un cap. C'est comme si tu avais fait une belle séance de fractionné et que plus rien n'est et ne sera comme avant. Les prochaines sorties tu auras pris des watts, tu rouleras bien plus vite. La séance aura "payé". Tu auras "du fond" aussi même si c'est encore à préciser, j'en suis moins certain.

Le deuxième objectif, qui est secondaire pour moi, sera de savoir si j'ai éventuellement le rythme et la passion d'embrayer sur une Flèche vers Pâques en Provence. C'est une option. Eric (l'organisateur) aurait prévu 450 bornes dans les 24 h, un challenge que je pense pouvoir réaliser mais disons, c'est idiot, plutôt seul et à ma vitesse, à ma gestion. En groupe c'est une autre histoire. C'est plus difficile. Il y a la cohésion de l'équipe et la pratique des vitesses entre les arrêts qui peuvent m'être fatales.


On ferait du 30 à l'heure tout le temps pour s'arrêter longtemps. C'est validé sur plan comptable mais il peut être absurde d'aller vite pour s'arrêter longtemps alors qu'on pourrait aller un peu plus lentement pour s'arrêter moins. Bref, une équation à résoudre dont je pourrait avoir une solution victorieuse mais qui ne plairait pas à ce groupe. Merci Eric donc d'envisager ma participation un peu incongrue à ce projet. Merci de me motiver aussi.

Le dernier objectif enfin c'est la distance qui rime avec confiance. Avec l'age on perd la vitesse mais on garde la distance. On devrait. C'est la dernière chose qui peut disparaître avant la tombe. Dépasser 200 km en ce début mars fait partie de mon timing. Une belle journée qui peut lancer "une saison" contrariée pourtant par quelques doutes.


Tout commence donc par une " liaison" vers Sommières avec une journée prometteuse caractérisée par des couleurs de l'aurore inédites. Avec les changements de climat j'ai toujours l'impression d'être dans l'ouest américain. Les comparses dit " de bonne compagnie" se regroupent et nous partons d'abord chercher Uzès la ville phare des débuts de longue distance. Masha en sus des moultes relais pris avec Yvan via St Chaptes, nous paie les cafés (Délices d'Orient). Cela commence bien. J'ai un regard pour le bar de l'Hotel où m'attendent les fantômes que je croise régulièrement en virées vers la Provence ou autre.

La suite ? Un très joli tournicotage au milieu de villages du Gard pour croiser sous Lussan et embrayer vers une Ardèche disons qualitative. On est " en prise" sur ces routes mais elles sont calmes et vous amènent au milieu d'architecture entretenues à apprécier des paysages fantastiques. Exit la garrigues à moutons disparus, le chêne truffier des gastronomies aventuresques s'impose sur les plateaux. On apprécie d'un côté les neiges du Ventoux et de l'autre celles du Mt Lozère (Monteils). On est à la latitude du Lozère et un peu au Nord du Ventoux. C'est dire si nous sommes loin.

Passage de la Cèze. Crédit BL



L'arrêt sandwich, le haut de l'escabeau donc, est à Barjac, un fief remarquable où j'ai quelques souvenirs. Je devrai plonger dans mes carnets pour retrouver les passages de 2014 (BRM Clapiers) et cette photo du MUC (avec Pascal) de quelle année déjà ?


Nous bricolons sur un mur au soleil, ce qui pourrait être dangereux. Rappelons qu'en sécurité stricte il est interdit de bricoler sur un escabeau et surtout pas à son sommet. Le fameux problème d'équilibre. La gestion des joules en bricolage est-elle nominale pour prévenir un éventuel vertige ?

Barjac-Le café...Le bon temps maintenant.
Crédit CP



Ensuite c'est le retour dite du "vent au cul" ou de l'exploitation de la gravité sur l'escabeau. Le sud, vers la mer ça descend c'est certain, c'est bien connu... Et il y a ce vent de face du matin que je n'ai pas trop senti moi "le suceur de roue". Il est de dos désormais. Favorable. A 30 à l'heure, eu égard à ma préparation je ne fais pas le malin.

On peut se détruire lorsque tout est favorable. Ne dit-on pas que c'est à la descente que les Alpinistes meurent ? Il y a pourtant moyen d'exploiter le vent de dos pour faire un retour "de vacance" sans la moindre souffrance. Mais ce n'est pas facile à expliquer à ceux pour qui le vélo est avant tout (mais pas que) de la performance mesurée, immédiate, ou le corps est un prolongement aux ordres de la technologie et des théorèmes cinématiques.


Oui il suffirait de rester à 28, 30 à l'heure (sur plat, pas en côte bien sûr) comme à l'aller (vent de face), pour ne plus rien sentir. Vivre une gratuité que t'offre en fait l'effort du matin. Une récompense en projet. Choisie.  Il faut peut-être mesurer ça sur l'axe de la puissance. Tu gardes la vitesse du matin avec 50 watts de moins. Mais ce n'est pas l'idée et on se retrouve, à minima, à garder la puissance. Mes collègues de rencontre sont chevronnés quand même, ils ne l 'augmentent pas ...

Ils ont, il faut le reconnaitrre, des préparation dignes de professionnels et je m'incline devant leur sacrifice pour en arriver là, à ce niveau et à cet age !

Je les remercie, à l'occasion de ce texte, de m'avoir accompagné pour aller voir l'Ardèche du haut d'un magnifique escabeau.

Nos routes se séparent bientôt. Chacun est libéré pour retrouver des dynamiques plus individuelles. Il est temps désormais d'ouvrir les volets (Flap 1 après Brignon), pour un atterrissage en douceur après cette belle journée "en rythme".

J'en sors rassuré. Si, si...


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