Drôme - "Virée Clio - Opus 15" - 22 - 24 juillet - 405 Km

 

1 )  Réhabilitation de cols ignorés...

On organise parfois sa journée en fonction d'un col. Il est une cible, le but à atteindre. Je pense à l'Izoard, au Tourmalet, au Stelvio et quelques autres. Un certain Paul Fabre magnifiait le Portet d'Aspet, un Fabio Casartelli, de grande cinétique, ignorant ce passage, en était mort... On peut se donner pour objectif maintenant d'ignorer comme lui le col en ne le gravissant pas et rester en bas à réfléchir devant la stèle.

Lorsqu'on traverse la France en Diagonale par exemple, on est un peu pressé et les cols qui se présentent sur le road Book sont tout simplement ignorés, négligés. Ce sont des verrous de passage pour aller vers de très grandes vallées bien roulantes et fumantes, des autoroutes vers le délai.

Par exemple le col de la Croix Haute. C'est le passage raisonnable vers le sud ou le nord dans Dunkerque Hendaye. Mais à quoi ressemble t'il ? Quel souvenir en ai-je, moi qui suis passé de jour, de nuit sans le voir...?

Le col de Cabre aussi, il n'a certes pas de casse déserte pour te faire frissonner mais c'est quand même un col respectable!! J'y ai même dormi sur ses pentes dans un champ sur un Menton Brest mal engagé... Qui est-il donc ?

Je profite donc de cet dérive Drômoise pour aller y voir de plus près sans pression ni  délai. Dire à ces cols que finalement je les respecte, que je ne les ai pas oublié. Que j'étais simplement pressé à cette époque. Que je regrette presque de les avoir négligé. Cols ignorés je vous aime et je viens vous voir en ami.

La croix  Haute : Je pense aussi que ce col est négligé car il y a une vois ferrée qui longe la route. Et ça ce n'est pas très sexy pour un col.


Cabre  : J'y suis passé tellement  incognito que j'avais à l'époque, sur MB, une cagoule (pour le froid)... Le braquage du col de Cabre...


2) En sursis... ?

A Châtillon en Diois, lieu charmant  improbable et méconnu, je m'installe pour une menthe à l'eau. Le journal est qualitatif, c'est le Dauphiné. Je ne veux pas le comparer à Midi Libre.

Autant les concours de boule et de raseteurs me fatiguent, autant les exploits d'Alpinistes et les caprices de la montagne me donnent un coup de fouet. Les rubriques des deux journaux sont différentes, ici est montré l'histoire de la minoterie industrielle avec de grandes familles, là est plutôt faite l'apogée de quelques opportunistes torse nu qui montent et démontent des paillotes illégales. Ils traitent également de deux régions vraiment différentes.

 

Bref en première page du Dauphiné, Little Macron (Brother) me dit qu'il faut qu'on se dépêche de faire ses voyages pour que "ça pass..."

J'ai l'impression toujours de faire un dernier voyage. Cette période ne permet plus la projection. 

Le lobbying de Big Pharma et ses vaccins a même pu agir sur les journalistes du Dauphiné, c'est dire sa puissance de nuisance ! 

3) Attention de bien adapter sa cinétique en fonction de ses moyens...

Au col des Roustans, j'ai une pensée pour Eugène Roustans, ancien du CTM, décédé brutalement sur le vélo d'un arrêt cardiaque à plus de 70 ans devant son collègue Claude Durand. Peut-être un mois avant il était dans ma roue dans les gorges de l'Hérault, s'accrochant comme un beau diable à cette vie qui allait le quitter, essayant, à l'instar d'un Paul Romeu, de ne pas être largué ... Et oui en vieillissant il faut être raisonnable. L'homme toutefois n'en a cure.

 

Un certain Jean Pierre Ferraton, encore dans les roues de l'ACE ( Assas Cyclisme Evasion) ex Clapiers revisité a du mettre son coeur entre les mains de spécialiste de la mécanique des fluides sanguins. Il m'a avoué qu'il avait trop " joué les prolongations ".

En arrivant sur le col de la Vache qui enchaîne sur ce pseudoplateau ,  j'ai eu une pensée pour Christian Carriou qui, pour avoir usé les bécanes et sa propre bécane, a désormais une valve  de porc,  veau ou vache greffé sur son coeur.

Je dois faire attention si je ne veux pas les suivre toutes ces petites personnes...


Le col des Roustans en Drôme Provençale mène au col de la vache. Si tu fais comme Roustans,  on va te greffer de la vache à la place du coeur...


 4) "Le Gitane ..."

Jolie fontaine à st Nazaire le Désert . Il y a un vélo vélo d'exposition pour le décor juste à proximité, entouré de fleurs. 

C'est un Gitane. JMJ !!! (Jésus Marie Joseph)

Cela m'interpelle car j'ai fait une partie de ma carrière cycliste sur " un Gitane " qui était le vélo d'un certain Bernard Hinault, encore dernier vainqueur du tour de France. 

Belle marque historique.

Un Gitane, des fleurs, de l'eau. 

L'équation de la vie.


5) Breaking Bad et le pianiste...

Lorsqu'on roule seul sur un vélo plusieurs jours, il arrive de penser à l'enfant que nous étions et à l'adulte que nous ne sommes pas devenu. Rémy était bien inspiré de montrer à son père la série Breaking Bad où on voit basculer un enseignant chimiste (assez brillant?) vers une autre vie autrement plus dangereuse (trafiquant élaborateur de stupéfiants). Toute ressemblance avec moi aurait pu être plausible. L'histoire tiens. J'aime à le penser. C'est intéressant.

Or en Drôme Provençale,  on croise beaucoup de distilleries artisanales de Lavande.

Je m'imagine en train de distiller des substances interdites comme Eisenberg.

Seul le vélo en surface attesterait de ma présence souterraine.

Et comme on le sait un vélo c'est un signe d’honnêteté. Donc pas vu pas pris...

Mais que fait donc B. Loisel dans ce bunker ? A-t-il changé enfin de vie ? Son vélo semble attester d'une certaine honnêteté mais on en est pas certain. Peut-être un leurre qui aurait pu être d'ailleurs utilisé sur les silos atomiques en pleine guerre froide...


A Serres, le dernier jour, après avoir négocié le bouchon quotidien de cet entonnoir naturel, véritable venturi climatico-touristique,  j'arrive au milieu du marché. Un pianiste donne un mini concert jazz (rag) devant une foule semble t-il indifférentes. 

Son talent semble ne pas être reconnu. Il anime pourtant la rue et personne semble le savoir. A  part deux intermittente du spectacle avec leurs petits sac à dos, ongles crasseux, tatouages aléatoires symboles d'accidents perpétuels de vie, qui ferment les yeux et semblent être transportées en tapant du pieds.   

Encore une vie qui m'a échappé ? Pas vraiment non. Le jazz n'est pas très rentable et manque totalement de reconnaissance lorsqu'il est joué gratuitement. 

Pourtant quelle musique totale ! Point de rencontre des rythmes et de l'harmonie avec cette autorisation fantastique à l'improvisation !


     Vas, tu peux toujours  jouer, le peuple s'en moque... Mais si tu n'étais pas là que ferait le peuple ??



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