Retour à Ceillac...

 


Nous devions être en 1976. Je suis parti, l'été, dans un autorail étonnant qui coupait le moteur dans les descentes,  vivre une "espèce" de colonie militaire à Montdauphin (près Guillestre).

A l'époque, et c'était très normal,  les enfants partaient l'été,  dans des casernes, encadrés par des militaires. J'imagine que c'était pas cher et puis bien "serrés à la dure", que du très bénéfique pour   " le nécessaire dressage".  Pas de problèmes pour les parents (les soucis c'est autre chose). Pratique aussi, on "largue la tribu", la meute de chiens fous  l'été et... on est tranquille. Pour faire quoi d'ailleurs ? C'est un autre sujet. Donc,  la SPA humaine si vous voulez. On récupère fin d'été,  les colis et ensuite  hop !  En pension et chez les scouts. Et c'est reparti. Une conception" fin de siècle" de l'élevage.

Je me suis bien habitué à ces solitudes des départs puisque ma première colonie (Sospel) date des années soixante, je n'avais que quelques années à peine (5 ou 6 ans peut-être). 

Bon, je ne vais pas revenir sur toutes ces magnifiques années, tout le monde a des choses à raconter (et/ou oublier) et ce n'est pas le principal. Voyons le positif.

Ce passage dans le Queyras fut révélateur. Il doit être concomitant avec mes premières lectures sur la Montagne comme " premier de cordée" de Frison (en 5eme ou 4eme)  mais aussi  " les conquérants de l'inutile " de Lionel Terray (même époque).

Cette fascination de la montagne s'est accentuée avec ce Tour du Mt Blanc d'un certain Louis Secondy (prof d'histoire chez les curés), présenté à la classe, en diapos, un jour de pluie. Le meilleur cours d'histoire de ma vie. Je me souviens de cette classe, de l'estrade, des boiseries, de la salle en amphithéâtre, des grands rideaux opaques pour faire de la nuit, de l'odeur aussi, mélange de poussière et d'encaustique.

En 2013, je suis allé voir sur place, retrouver ces quelques diapos. Un retour au massif du Mt Blanc si vous voulez (le fameux "itinéraire Secondy").

A part quelques Vars, Izoard et autres Agnel de campagne, que les cyclistes comme moi, ne négligent jamais, je n'étais pas retourné depuis sur ces terres fondatrices du Queyras. 2020, c'est l'année, puisqu'on fait un break.

Le Queyras est vraiment particulier. Je l'avais oublié, il était dans un coin de mon disque dur. Lunaire, sauvage et en altitude aussi. Je vais le retrouver un peu, m'immerger dans le passé. Je crois même que c'est un marcheur (dans le sens horaire évidemment) du Tour de l'Oisans qui me la proposé, quelques jours avant..."Vous devriez aller là-bas..!" Il voulait dire: "retourner là-bas" ?  Il avait raison. Comment savait-il ? 

Cette année, on ne s'énerve pas, on prend le temps de réfléchir à ce qu'il s'est passé avant...

Façon d'être mieux armé pour après ? C'est certain. Le fameux "Monde de demain" nous attend. Quel chantier !

 

Ceillac est au bout d'un vaste champ d'altitude avec une église isolée. Il fait bon y vivre, y randonner, se reposer. J'ai dormi dans ma bagnole au pied d'une bâtisse sur les hauts du village. Dans mon souvenir, nous avions campé plus bas, sur l'immense champ et, le soir, il y avait une fête dans cette bâtisse... Les chasseurs Alpins nous avait laissé quartier libre... Nous avions mérité l'étape en franchissant des cols ( via St Véran) pour un "petit tour du massif très sympa avec retour prévu  à Montdauphin par les pistes. Pour moi, c'était la liberté et j'ai su là, que j'avais quelques aptitudes en résistance et en persévérance. Lâché dans la nature, j'avais une bonne approche des éléments, une capacité à rester lucide et opérationnel. Un gros potentiel déjà "titillé" par ces journées complètes à courir dans la garrigue (voir blog "Retour vers le futur")  et à revenir  entier, jambes et pieds en sang pour un lavage dans le bidet le soir.


Ceillac, un été bonheur...


Sur les pistes dans le final, je crois me souvenir que moi et peut-être un autre (pas plus d'un) on avait mis la pression aux chasseurs Alpins qui avaient (gentiment c'est certain) "jeté l'éponge" et "lâché la bride" pour nous laisser un peu filer...Ils étaient pédagogue. On faisait déjà de l'Ultra sans le savoir.

Une excellente formation.  Depuis je n'ai cessé d'aller  sur les sentiers plus vite et plus loin...

 

17 août /  Ascension de le pointe de la Saume (3043m) par les crêtes. Très sauvage avec un magnifique point de vue sur Ceillac d'en haut et le fameux Mt Viso italien . Pas un randonneur. C'est vrai je sors un peu des sentiers et c'est la récompense.

 

La pointe de la Saume permet de voir Ceillac juste au pied...

18 août/ Col de Panestrel (3028m) et tentative au Pic de Font Sanct Nord.

N'ayant rien préparé alors qu'au delà de 3000 d'altitude, c'est avant tout de la réflexion et de la préparation, j'ai fait une belle virée en recherche d'itinéraire. Journée instructive avec des hésitations,  la mesure du danger, l'acceptation des limites.

Pour finir donc ,  je butte sur les fortes pentes de schiste du "couloir de la banane" au Font Sanct. Ce n'est que partie remise, j'ai bien étudié le passage sur les dalles en prenant des photos. A bientôt petit Bernard avec ton short et les jambes griffées...


Derrière moi, le Panestrel, je fais du "hors pistes"...




Couloir dit de "la Banane"...A bientôt.


 


Posts les plus consultés de ce blog

SEPT CENTS ( 7 cols en Cévennes – 12 mai 2024 - 218 km)

PARIS NICE - Du 11 au 16 avril 2024 - 1010 km. (1/2)

"Frelons asiatiques versus gentilles abeilles des campagnes..." (BRM 200 – 05 mai 2024 – 240 km)