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Le chemin du ciel au point culminant de l’île ? |
Me revoilà sur le blog. Je vous ai laissé en janvier sur une photo sans équivoque. L'humanité qui vient des océans et y retourne... L'humanité aurait disparue ? Nous serions redevenue des algues, des bactéries, des molécules au milieu de l'eau salée..? Il faudrait tout recommencer ? On l'aurait mérité. Non ?
J'ai eu une prémonition. Nous étions en janvier lors de cette publication et nous étions loin de la conjoncture mondiale actuelle... Bon on a pas encore totalement quitté cette terre qui commence vraiment, à s'énerver.
Déjà, lors de cette nuit du passage à l'année 2020 qui fut fantomatique avec cette petite chute alors que je courais endormi entre le château de Montferrand et le sommet du Pic St Loup, j'avais eu d'étranges sensations. Les photos étaient presque explicites ( voir article).
Un peu plus tard début février (09 au 17) je suis parti pour une dérive de 8 jours pédestres à Madère. C'était dans la lignée du désir de parcourir toutes ces îles volcaniques de l'atlantique (en mode low-cost), une trilogie réalisé après les Canaries et le fameux Teide glacé à Ténerife (avec Jacques Delafosse).
Là aussi j'ai quelques petites anecdotes à partager.
1) Dépêchons-nous...Profitons encore... |
Les retraités "à fond la caisse" dans les bus Portugais voulant griller l'étape du purgatoire... |
Me voilà reparti sur les iles low-cost...La trilogie est bouclée...Canaries, Ténerife, Madère... Je peux mourir maintenant...
Mourir ? C'est ce que pensent la majorité des personnes rencontrées sur ces îlots qui ont tant fait rêver les navigateurs Portugais, Espagnols, Anglais. Ces volcans posés là, rabotés par les vagues et les tièdes vents d'ouest ne sont fréquentés que par des vieux, destination ultime du troisième age.
Les retraités semblent s'émerveiller ici. Ils vaquent en bas, au bord de l'eau, dans des locations qui inéluctablement les ramène au restaurant où le menu "pas cher" et local leur fait s'empiffrer de Bacalhau, Espetada et autre bolo de mel....
Au Portugal tu bouffes toujours, c'est "qu'il en faut de l'énergie pour monter ces murs et canaliser l'eau sur les montagnes (Levada)... "
La bouffe, c'est un antidépresseur pour le germanique ( ou français mais là l'Allemagne semble bien représentée) retraité qui demande pardon aux vagues... de la vie de merde qu'il a mené en Rhénanie à pointer pour la machine outil. Il optimise son diabète en pensant à ses enfants qu'il n'a finalement pas bien connu.
Des remords ? Bien sûr puisqu'on est au purgatoire... Peut-être pense t-il qu'il aurait du inviter sa progéniture...
"Ah s'ils voyaient çà !!! C'est formidable !!! On dirait presque que ce n'est pas vrai, une autre dimension. Et toutes ces fleurs dont on a peine à retenir les noms !!! et ces plats, on n'arrive même pas à finir... " Sentiment qui disparaîtra dès le décollage jouissif du retour sur le porte avion de Funchal.
Parfois, il accepte aussi de monter dans un bus hystérique (sans ceinture des années 50), pour mesurer, d'un point de vue improbable au dessus du trait de côte, la dimension des anciens volcans érodés, posés sur les nuages.
Une autre fois, il daigne accepter de promener sa femme sur une Levada bien plate (cours d'eau canalisé par l'ouvrier Portugais très habile). Attention, il faudra bien ajuster la distance pour maîtriser le retour sans fatigue. Elle porte le petit sac à dos et lui un gros appareil photo car c'est lui le technicien, elle y comprend que dalle. Ils font un aller retour plaisant trouvant le paysage changé alors qu'il n'est qu'inversé. C'est incroyable !
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La levada, une création unidirectionnelle qui permet de suivre sans la moindre pente perceptible, un trajet en toute sécurité et de revenir au point de départ sans encombre et surtout sans utiliser le GPS des enfants restés sur le continent... |
Des proches de ma famille sont partis là-bas aussi. Je me suis renseigné et je leur rend, par ce texte, hommage de cette action supposée intrépide. Ils ont, comme moi aujourd'hui, réalisé la trilogie des îles. Un partout. Leur esprit s'est égarés sur le manège des piscines et des restos en quête d'une finale rédemption.
Je n'avais pas bien compris à l'époque, leur destination, le but de leur voyage. C'est vrai ils étaient vieux et en retraite. Quel plaisir de se donner l'impression de voyager et d'être ailleurs au milieu de tous ces pensionnaires européens. Tous identiques dans la quête et les moyens et qui, un jour, et pour cause, ne viendront plus car le purgatoire ce n'est qu'une fois. La destination ensuite, si tu échoues, c'est l'enfer. Il faut le savoir.
La fascination des quais de départs vers la "Terra incognita" ne s'arrête jamais. Elle vous happe. Cette impression étrange de mettre les voiles en sortant d'une immense cafétéria à buffet quasi-illimité (car l'estomac est limité) où le poisson serait plus frais et moins cher que sur le continent.
Moi, sur une autre route et pourtant pas très loin, j'étais le seul randonneur pédestre ou presque.
Je n'ai croisé personne en altitude. C'est vrai je ne vais, à priori, pas mourir encore et ne suis pas encore retraité... J'ai fait le voyage à contretemps. Un peu trop tôt certainement. Ils ne m'ont jamais vu, jamais "calculé" alors que je les frôlais parfois avec mon sac à dos. Comme si je n'existait pas.
Ils étaient au purgatoire et dans une autre dimension.
Et moi, j'étais plutôt au Paradis. Celui des solitaires sous les étoiles.
Heureux, en quelque sorte, à traverser cette île des volcans assoupis, d'avoir "grillé une étape" pas si réjouissante à mes yeux. Une étape, disons le, un peu triste pour eux.
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Une petite faim ?, purgatoire " à volonté" ... |
2) Le vent, la roue, la tête,.. tout tourne, il faut être patient...
C'est a boca d'Encumeada, un col si vous voulez, ou un passage pratique pour un ouvrier Portugais, que j'ai dormi juste sous une éolienne arrêtée. Je dis arrêtée car ces moulins ça fait du boucan en temps normal quand ça tourne.
J'ai longtemps, dans la pénombre, regardé cette silhouette allongé dans mon duvet...Immobile, symbole d'un futur possible qui n'a pas encore été vraiment choisi. Pour l'instant on gère d'autres ressources moins chères... J'ai du y réfléchir c'est vrai avant de m'assoupir et de partir dans les rêves de Frison Roche à cette chasse à l’énergie pas chère...
A moitié endormi au petit matin, j'ai eu l'impression qu'elle n'avait plus le même profil. On avait tourné les pales, hier soir c'était différent. Impossible !? Que c'était étrange.
J'avais décidé qu'elle était bloquée dans ma tête. C'est ma tête qui était bloquée. En fait, elle tournait imperceptiblement et dans un silence absolu...Il suffisait d'être patient quelques minutes, de regarder l'érosion, la preuve de l’écoulement du fluide invisible. Rien n'est immuable, c'est notre regard qui n'est pas adapté. Pauvre capteur que nous sommes...
La mécanique des fluides nous enseigne bien que rien n'est solide, tout est liquide...
3) La nature,... sauvage
Sur le sentier aux cailloux très bien agencés par l'ouvrier Portugais qui relie Pico de Arieiro à Pico Ruivo dernière station avant le Paradis sauf si les péchés sont trop importants à absoudre, j'ai croisé une drôle de galinette...🐔
J'ai cru qu'elle voulait me parler. Quel dommage. Un rendez vous manqué ?