« Savoir saisir l’éphémère… » (Pic St Loup enneigé-Le temps d’une expérience pédestre…)
« Savoir saisir l’éphémère… » (Pic St Loup enneigé-Le temps d’une expérience pédestre…)
Comme
je l’expliquai déjà dans ce blog à propos de l’érosion du Mt Blanc, il y a des
instants à saisir. Si la fluidité d’un solide exige parfois des millénaire pour
s’exprimer et se mesurer, un Pic St Loup sous la neige ne dure que l’espace de
quelques heures… Phénomène rare et volatil. Un temps d’expérience relativement
court, inexistant à la moindre échelle géologique, même humaine… Un simple
bruit. Donc il va falloir être là, au bon moment, pour saisir la réalité sinon on dira, à
l’heure où j’écris ces lignes, qu’il n’a
jamais neigé, que j’ai rêvé, que je ne suis donc qu’un escroc.
La chapelle du sommet... |
Près de la croix... |
07 février 2018. J’ouvre le volet. Chance, la nature est
avec nous, l’aléatoire aussi !
Tel
un neutrino, issu de nulle part traversant enfin les capteurs, le Pic St
Loup est enneigé ce matin…
Restons
calme, il va falloir en bon scientifique et amoureux de belles choses, en garder
preuve, pour en parler plus tard.
8h30 Je pars donc avec mon Camel back, une barre de céréale et
l’appareil photo pour une ascension course… Petites foulées. Serai-je bloqué
par une congère plus haut ? Ne déformons pas la réalité par un désir. Le
sentier du château de Montferrand (œuvre d’art récemment découverte !? et à
rénover) est malaisé car il a la caillasse tenace et surtout mal orientée, un « attrape
cheville » et pour les « trébuchons », un « casse gueule »
(demandez donc à Marc le boulanger du village).
C’est
la première fois que j’apprécie vraiment ce passage car la neige et la glace recouvrent
les protubérances sédimentaires et, une fois n’est pas coutume, je peux vraiment
déployer une foulée en côte. C’est magique, c’est l’aspect supra fluide de ma
dynamique qui surprend. Quand le
phénomène est aux limites… Le monotrace saupoudré
est étonnant, il te plaque une carte postale jamais vue sous les yeux, te
stoppe parfois par sa beauté, il est totalement nouveau, un champ méconnu pour
expliquer un sommet... Le froid te fait garder polaire, c’est marrant, je dois
passer sous les arbres avec délicatesse sinon je vais devenir le rêve de
Mickaël Jackson…soit devenir tout blanc…
Le sentier !? |
La « croisette »
au croisement des plaques de neige… Je progresse bien entre les dalles même si
ça et là il y a un dépôt de glace, un caillou plus traitre, caché…
La
chapelle surprend toujours à l’issue de zig-zag, après 1h02’ d’effort (656 m). Le plus beau ce sont les arbres avec ce
sucre magnifique dans un calme certain. Je croise un Scott (traileur) en short
( !?) qui serait arrivé avant moi, moi l’arpenteur des pôles !? On se félicite de notre trouvaille que l’on
décide commune. C’est le mieux : un Pic St Loup enneigé, inviolé, éphémère.
Quelques oiseaux inespérés viennent aussi vers nous, un vautour s’invite dans
le ciel vers l’est. Je sais que c’est un aigle (Bonely ?), pas un oiseau
de décharge, « attrape touriste » de pays basque…
Petits oiseaux par sympathies... |
Voilà,
on s’attarde, je donne ma barre de céréales à la science, une offrande aux
petits oiseaux, ces épiphénomènes
agissant « par sympathie » avec ce truc dingue qui nous est arrivé
cette nuit et qui s’étend sous nos yeux. Les fameuses découvertes que l’on
n’attend plus. Je n’ai pas faim.
Redescente
… Tranquille, comme sur la ville en décembre dernier en sortie de boite…
(Saintélyon). 1h02’ comme en montée !? Le hasard des chiffres ?
Symétrie parfaite venant d’en haut… Je
me retourne vers la montagne. Plus rien !? La neige a totalement disparu…
Ai-je
rêvé ?
C’est
normal, le temps d’expérience a dépassé celui du phénomène…
Il a neigé sur le Pic St Loup. Si vous ne me
croyez pas, regardez les photos. Elles sont réelles. J’ai vécu la
rencontre. Je n’ai rien inventé. Heureusement que, contrairement à la majorité
de mes collègues, je ne dormais pas devant mes appareils de contrôle. Oui, restons
éveillés les enfants !