Gachone, le lieu géodésique… (Trail Calvisson Roc challenge - 8 km -)
Gachone, le lieu géodésique… (Trail Calvisson
Roc challenge - 8 km -)
Le roc de Gachone est un lieu d’où Cassini et sa bande ont construit les cartes de France pour
orienter le peuple il y a déjà quelques siècles. J’y ai moi aussi une histoire
puisque depuis de nombreuses années (début en 1975) j’y reviens. Au pied du signal,
je tournicote pour m’orienter ou me désorienter, et cela pour diverses raisons pas toujours bien comprises…
Dominant la plaine, le signal qui oriente ou désoriente... |
Acte I – « L’ère des premières
destinations » - 1975,
1977… Par deux fois j’atteins Calvisson sur vélo lourd (celui de ma mère), avec
pédales de camping, braquets 3 vitesses totalement inadaptés.
J’accompagne mon grand
frère qui cherche à faire les vendanges quelque part. Moi, j’abrase et le suis au
rythme des craquements d’un vélo mal entretenu que je domine cependant. Je ne
me suis pas dégonflé, contrairement à d’autres... C’est la première fois aussi
que je passe les 100 km en vélo. C’est bien. Une référence de l’enfance alors
que les copains jouent encore à Arsène dans les lotissements (courses
poursuites).
Le vélo de maman ..? |
Au loin, une coopérative... étrange destination des années 70. Le début d'un film ? |
Acte II - 20 février 1983 – « L’ère des concentrations » les mollets un peu plus aguerris avec quelques
virées de plus, je suis monté sur le pog
(pour la première fois) avec un club de vélo en partant de Montpellier (CTM). C’était
ma première « concentration
cyclotouriste au Roc de Gachone ». Mes compagnons de jeu et de
rencontre s’appelaient Durand, Valéro,
Thérouanne, Trapat, Bilan, Estopina, Luchaire, Laurent, Parès. Il fallait finir
par une piste pour un pique-nique au milieu de fédérés de Nîmes, le fameux club
GCN avec d’autres Gardois d’organisations locales. Affalés au pied des arbres,
après avoir signé un grimoire du souvenir, on partageait la saucisse et la
galette des rois aussi même si la date était passée depuis longtemps !?
Quelques chevelures
blanches, des cadres du monde cyclo certainement, pointaient le doigt vers le
ciel et attribuait des « permis de rouler » ou racontaient les gites,
qui les BCN, BPF, quoi les réunions à n’en plus finir, voir l’élection d’un ami,
éminent secrétaire d’une amicale... On pouvait y admirer comme aux meilleures
années de « tuning » chez les « têtes plates », la plus
belle randonneuse construite par des druides (à l’instar de Vélocio dont le
sens des affaires n’a jamais été à
démontrer)… On vantait et rencontrait des « compagnons de fond de puit »,
les chamans de confréries de la sacoche,
le chambellan des cyclo-cardiaques ressuscités, l’esprit des cinquantenaires en
devenir, et là-bas, près des petits Lu, à volonté, les adeptes de médailles
lourdes. On pouvait aussi, c’est à signaler, y apprendre la recette de la véritable galette
de la concentration des Dombes de 1953, y parler de musées fermés trop tôt, de matériaux
comme le cuir, de pédales sans cales, de shorts de cross modifié cyclo, de la fameuse
gourde « nature » jamais nettoyée, qui sent encore le vin, de ce pull
à carreau qui, pour une efficacité supérieure, vaut largement tous les gore
tex.…
On s’y entretenait aussi
de la grande concentration Pascale à
venir, melting de potes où l’on y entretien sans faille un réseau d’amis comme sur face-book
aujourd’hui. Amis aussitôt rencontrés,
aussitôt oubliés. La fameuse amitié cyclo. Tout le monde passe à la trappe (superbe abbaye)…
J’y suis retourné seul
ou peu accompagné, 7 ou 8 fois pour sentir cet étrange arrêt, à défaut de profiter d’un retour. Par
goût d’une certaine nostalgie qui n’atteint pas vraiment ? Peut-être pour savoir
ce qu’était le temps d’avant et de vérifier surtout que ce n’était pas mieux.
En fait j’aurai voulu y réinventer un passé lumineux. Mais cela, comme chacun le sait, on ne le peut pas.
On frôle seulement l’espace-temps comme un voleur, sans trop de bruit, avec une certaine amertume minérale. J’y ai
monté le vélo d’Alain Jammes un jour, le fameux Cyfac à « un million »…
Par provocation certainement. Alain, ce sportif de cinétiques jamais assouvies ni
comprises, n’y avait jamais mis les pieds (ni les tongues). Et pour cause, ici
la vitesse n’existe pas, c'est l'entropie revisitée. Tu es, tu t’assois et "tu manges"… Je ne restais que
rarement manger. J’arrivais premier avant la saucisse vers 10h pour voir les
tortues à pied ou en guenilles sortir du virage derrière les pins et m'expliquer que
c’est bien difficile "de pousser" après cette sciatique de l’an dernier… J’y ai vu aussi ces
truands qui mettent la saucisse dans la sacoche pour la sortir plus tard en
semaine. Au frais du GCN !!!
Ce monde existe, je l’ai
quitté très tôt. J’y retournerai encore car c’est une obstination et névrose
chez moi d’aller vers ce que je ne comprends pas. Je me soigne.
Acte III - 10
février 2018 – « L’ère du
trail et de la compétition pédestre »-
Me voilà cet après-midi
avec mes Asics Sonoma trail au pied, ce ne sont plus des chaussures à cales, ni
des tongues, mais du matos de compétition. Si vous m’interrogez je n’ai jamais
fait de vélo… Le temps d’aller se prosterner au pied du géodésique avec une
fougasse à la main serait-il révolu ? Mon but est de tourner,
« bartasser » sur le puech, avaler du monotrace et dans un temps
rapide ? Casser la gueule aussi au premier venu... Que dirait Jean Valéro
dont les cendres se sont peut-être envolées
récemment vers Bréau et les Cévennes sur des musiques de Brassens ? Et oui depuis longtemps je
vous cachais cette double activité de compétiteur pédestre qui est un peu aux
antipodes fédéraux. J’avais peut-être peur d’être grondé…
Cela fait quelques fois que je rentre dans les
classements pour ce trail. Cet après-midi sur terrain sec, je ne serai pas
moche, ferai un magnifique « négative split » et une descente
« à tombeau ouvert » vers la ligne tracée par endurance chrono. C’est
violent, c’est rapide, c’est bref, c’est de l’adrénaline (26/175, 5 V2)… Quelle
évolution après ces siestes sous les pins…
Mais que veut donc ce signal que je viens de croiser au milieu des cris des supporters ?
Mais que veut donc ce signal que je viens de croiser au milieu des cris des supporters ?
Acte IV – « L’ère des nouveaux départs … »
Et maintenant que
vais-je faire ? Aurait chanté Johnny,
Becaud ou d’autres que je salue… Je suis au bar des sports, debout devant
le comptoir, un Midi Libre traine parlant de Bouvines. Y aurait-il un 4ème
acte, une destination nouvelle indiquée par ce signal de Cassini qui disperse les
hommes selon les époques ?
Comment et par quels moyens vais-je quitter l'attraction de Gachone ? |