"L'ombre de Madiot..." (Randonnée des deux tours – Gignac – 120 km – 14 septembre 2025)
Me revoilà sur les deux tours et, sans dé tour, je vais en écrire quelques lignes...
Une ultime vérification de ce qu'il se passe dans le petit monde cyclo qui vogue au gré des opportunités. Je dis que c'est la dernière fois, mais il y en aura d'autres, la surprise étant toujours au rendez-vous. J'y reviens toujours inlassablement et c'est certainement une forme d'ennui et d'espoir.
Une fascination de ma part face à des événements sans cesse réitérés, sans la moindre progression. Je ne devrai plus m'en étonner mais ne suis-je pas toujours vivant donc susceptible de croire à une autre possibilité ?
Je n'attends plus rien, mais je suis quand même déçu.
Les randonnées dites "officielles" pour moi, c'est quasi-terminé et pour de nombreuses raisons très objectives que j'ai expliqué maintes fois. Ce n'est pas un ressenti vague, une lassitude sourde due à l'âge, mais plutôt une réaction vive face au "collapse" de l'éthique et des valeurs cyclistes : inflation des tarifs d'entrée, diminution des prestations, ennui des participants au milieu d'un numérique nouveau (GPS), accès aux trônes de nombreux incompétents dictateurs qui veulent prolonger, à la retraite, leurs infamies et trahisons professionnelles...
Ne parlons pas de mobylettes électriques qui te côtoient désormais dans le peloton, j'en avais parlé il y a 2 ans pour la première édition de cette officielle. L'inclusion permet à ceux qui n'ont pas de jambes d'accéder à un sport de jambes. Avec l'électrique : "plus c'est gros plus ca passe" ...
Aujourd'hui, c'est finalement une belle journée, que je voudrais développer sur l'axe d'une tentative d'humanité.
Qu'est-ce donc l'humanité, comment la définir ? C'est un gros bloc de prédateur qui va te bouffer, mais sans te faire souffrir, sans te le dire et en te faisant surtout croire... le contraire. Elle va t'accompagner. C'est pour cela qu'elle est humaine. C'est elle qui accompagnent vers le désastre.
"L'animalité" (par opposition), à ce que je sache, depuis qu'on l'étudie et la regarde, n'a pas du tout ce projet. On a donc bien une spécificité qui nous démarque de l'animal.
Groupama est le sponsor principal de la randonnée et cela me rassure. Une boite qui fait dans la proximité et l'accompagnement, qui maîtrise les règles de ce qui fait du bien quand ça va mal, qui est à ton écoute quand tu es dans le fossé, c'est bien qu'elle accompagne aujourd'hui sur ce parcours...
Bon, il faut avoir quand même payé sa cotisation, on n'est pas dans l’humanitaire au sens strict. C'est de l'assurance sur la base du troc. Je te donne pour avoir moins mal plus tard.
Comparé aux autres concurrents de " je te répare du désastre" (les autres assureurs), la structure semble quand même plus proche de nous, plus paisible, à l'écoute.
Il y a ce bleu des maillots et des banderoles. C'est la couleur de Marie qui te prend dans ses bras chaudement pour ceux qui ont une culture chrétienne. Peut-être qu'en Orient Groupama met des fonds de couleur plus sombres, adaptés à d'autres projets parfois déroutants pour le moins. Après tout s'ils paient la cotisation et s'y retrouvent...
Il y a aussi cette pénétration, ce maillage de la ruralité, exhaustif, au milieu des gueux et autres gilets jaunes des campagnes. Etre prêt à aider une famille dont on ne sait trop qui est qui, qui fait quoi, les soirs de cousinades au milieu des sangliers à la broche.
La randonnée des deux tours, c'est un pugilat cyclo, c'est une cyclosportive qui se fait passer pour "mère-grand" dans le "petit chaperon bleu".
Tu ne démarreras pas avant 8 h et si tu arrives à 13 h tu trouveras porte close à l'arrivée.
Pour 120 bornes à réaliser et pour peu que tu discutes un peu et t'arrêtes aux deux ravitos (par respect envers les organisateurs, en faisant honneur aux plats pardi !), que tu traînes dans le Koppenberg de Aumes ou hésite au milieu des angles droits viticoles près de Bélarga, il faudra, pour être à l'heure, ne pas lâcher le 30 à l'heure !
Allure imposée : 24 km/h global, vitesse moyenne donc arrêt compris.
Tiens à l'époque, il y avait une officielle qui faisait ça : le " Brevet Castries Col du Lac ". Pile 25 km/h, arrêts compris. On ne traînait pas trop. Dans ces conditions, ce n'est pas tant la vitesse qu'il faut maintenir, c'est la gestion des arrêts que l'on voudrait pourtant plus longs. Sur quelques heures, 20 minutes de pause, mais c'est l'effondrement, la sanction immédiate, la chute dans les classements. Il ne faut pas s'arrêter. Mais alors pourquoi s'inscrire à ce truc si tu ne peux pas partager le sandwich au pâté avec quelque inconnus d'autres cadastres ? Si je ne trinque avec personne pourquoi venir dans le Bitterois ? Est-ce un lieu exceptionnel ? La vue y est elle imprenable ?
| Comment ne pas perdre du temps à Fouscaïs puisque, par définition, c'est un lieu de perdition, hors du temps..? Après cette photo interdite, il va falloir que "je chasse" pour revenir... |
J'ai pensé à Madiot sur ce parcours, le directeur sportif de la Groupama FDJ... Sponsor oblige, c'est mon sponsor finalement.
Groupama ne gagne jamais et ne perd jamais aussi. C'est déroutant parfois. On ne connaîtrait pas les règles ? Il s'agit de renvoyer seulement une image d'intégrité au milieu de pugilats inhumains fomentés par le malin. Tiens la bande à Madiot (les Pinot, Gaudut etc...) ce sont les apôtres au milieu de féroces Romains, ils sont élus et leur regard renvoie de l'empathie, de la commisération, une aide inespérée venue de quelque-part... Après tout, Jésus n'a-t-il pas cette capacité à modifier les classements généraux ? Les premiers seront les derniers...etc.
Qui sont les Romains qui deviendront plus tard les musulmans, les laïcs et tout le reste ? Mais ce sont ces pelotons de Coriolis ou autre clubs de St Baudille qui roulent compacts, à la limite de la rupture, dans le magasin des supposés contemplatifs et naïfs de Gignac.
Ce sont ceux-là même qui vont négliger les ravitos ( pourquoi faire ? La moyenne va tomber...) et vont surtout couper par la grande route à platane pour finir au plus tôt et "être dans les temps", leur temps.
Ils ne respecteront rien à l'histoire proposée par l'UCI (syn.FFvélo). La triche et le dopage sont des actions normales quand bien même un dimanche matin et dans les plaines de l’Hérault. Quel désastre !
Groupama par contre est là pour les autres, les losers, ceux qui croient que l'on peut s'épanouir sur une idée d'organisation et surtout la respecter. Devant la table à jus de fruits, je vais reconnaître un mécano de l'équipe, un certain Alain. Il va m'encourager. Fatalement, il m'a reconnu, j'ai besoin d'assistance, d'être aidé pour le sinistre qui fait du mal.
| Tu peux arriver dernier Bernard, moi Alain je t'assisterai toujours avec mon pain et mon pâté... |
Où est passé le gros groupe des maillots oranges ?
Mais ils ne sont pas passés... Ils ne s'arrêtent pas aux ravitos... C'est comme ça...
Bon tant pis, redonnes moi un sandwich. Tu vas bien Alain ? Tu as fait le parcours hier ?
Oui, ces banderoles de Groupama parlent à ceux qui vont moins vite et ne trichent pas, pour des raisons disons strictement personnelles que l'on a pas à expliquer. C'est comme ça. On ne se refait pas.
L'an prochain peut-être que je reviendrai perdre... Groupama m'accompagnera sur les routes du cyclisme au milieu de l'humanité...
Et cela me (r)assure.
| Nous sommes arrivés derniers Bernard... C'est bien, mais c'est dommage, car il n'y avait plus personne sur la ligne et moi j'aurais bien mangé un sandwich au pâté... |