Paris Nice 1/2 ( Du 20 au 26 avril 2025 - 1193 km total)

 


Un Paris Nice rondement mené en cette année 2025, et malgré la pluie; il m'a fallu à peine 5 jours pour rallier Nice ( pour 992 km). J'aurais pu mettre 4 jours et demi sans forcer, s'il n'y avait pas eu l'arrêt du secteur de St Etienne. Mais cela n'a pas d'importance puisque je n'étais pas pressé et sans délai avec 7 jours entiers disponibles avant mon retour au collège.

Paul de Vivie a encore une fois voulu me "briser les reins" à la bascule de l'Ardèche. Ne sommes-nous pas des concurrents cosmiques ? Tous les coups sont permis. Une belle satisfaction aussi d'avoir réalisé, sans trop d'effort, 4 journées à plus de 200 km en doubles quintes.

Le total s'élève finalement à 1193 km puisqu'il y a eu un prologue nocturne magnifique dans Paris avec Rémy et un retour qui combine vélo et train (145 km de vélo le samedi). La SNCF étant encore une fois déclarée définitivement incompétente pour ramener un aventurier en traversée de douce France (à définir).

La météo était une prise de risque, "la fenêtre" fut forcée sur la deuxième semaine des vacances de Pâques, la première étant trop catastrophique. Paris Nice ne se fait pas l'été, il faut éviter. Pourquoi ? En mémoire simplement de la traversée mémorable de 1992 et aussi par respect avec le calendrier des courses pros et de sa progression (ils le font en mars). Aller vers Nice, c'est un peu quitter l'hiver, commencer sa saison. Une promesse.

  1. Prologue nocturne dans Paris.

Gare de Lyon il pleut. Rémy vient me chercher directement sur le quai en vélib. Je le retrouve alors que je suis en déballage de sacs-poubelles. Une accalmie post omelette nous permet de déambuler le long des quais et des monuments de Paris. Un moment de lumière et de calme. On a même écouté une chanteuse lyrique et rencontré Molière pas très loin de la Comédie-Française. Une promenade qui aurait pu s'éterniser si je n'avais pas ce départ demain matin pour Nice. Oui, pourquoi partir et ne pas rester avec mon fils à Paris en reniant ce vélo ?

La nuit sera courte dans la "chambre de bonne" de l'artiste qui le matin m'accompagnera aussi un peu à vélo jusqu'à une boulangerie du forum des halles. Sous la pluie encore. Merci mon fils de tes encouragements !  

Alors papa t'es où ? Tu vas où ?






  1. Rejoindre la Loire pour changer de climat.

Un parcours encore nouveau cette année. Exit le Morvan, exit Maçon et les grenouilles de la Bresse, exit le pont de Loyette avec bien plus loin ce verrou de Grenoble, je vais chercher direct plein sud la Loire, délaissant même Fontainbleau à l'est (2024) en passant par Milly la forêt.

Atteindre la Loire permet provisoirement de changer de climat. C'est théorique. Je me dis que dès qu'elle sera franchie, je serai au sec, ce sera déjà le sud, le soleil. En fait, c'est de la spéculation pure à des fins d'espoir en un avenir sans pluie... Dès que j'atteins le fleuve en fin d'après-midi, le ciel semble s'ouvrir comme une mer, mais c'est peut-être dans le mauvais sens.

Gien. Faudra que je me renseigne sur cette ville. Vous connaissez ?




Pont de Gien...

3) La solitude d'un dialogue inexorable avec les machines.

Manger correctement est la clé pour enchaîner les 200 bornes quotidiennes. Les restos " vieille France" ayant totalement disparu (c'est vrai hors de prix et lents au service ceci explique un peu cela), on a enchaîné avec les Kebabs fast-foods d'épiciers ouverts la nuit. Très pratique si on est attentif aux plats choisis (attention intoxications possibles, même sous coca). Peu après Gien donc, comme j'ai l'humeur vespérale, qu'il ne pleut pas et que j'ai gagné ma Loire, je commence à la remonter. 20 h, je visite Chatillon-sur-Loire, cherchant pitance. Il n'y a pas une âme qui vive, c'est disons : un musée fermé. Je poursuis donc, me disant qu'à la jonction des routes près d'une centrale nucléaire, il devrait y avoir de l'animation.

Intrigué, je m'arrête devant une énorme machine à pizza, juste à l'entrée de Beaulieu. Je n'avais jamais rencontré ce bazar. Que faire ? Un cyclo-aventurier ne réfléchit pas longtemps face à une opportunité. Carte bleue = pizza chaude. J'expérimente le truc. Plus de resto, plus de kebab, plus d'épicier, seulement le dialogue muet avec des machines. Efficace. L'évolution ultime ? J'ai chargé la chaudière.

Les machines me suivent, balisent mes routes de demain...

4)  "Au revoir les aubergistes, vous avez bien mérité votre retraite. "

Le deuxième jour, je longe la Loire, c'est le matin. La Loire prend sa source vers Nice, c'est bien connu... Du moins, c'est dans ma direction pour le moment. On reparlera d'un BRM 600 au Gerbier de Jonc (aux sources) une autre fois si vous le voulez bien. Après Sancerre, je trouve mon petit-déjeuner à un hôtel resto de bord d'écluse, qui est d'ailleurs en vente. Il ne sera pas racheté, je le sais. Au mieux, il deviendra un local associatif subventionné acquis par la municipalité pour accueillir quelques artistes de demain et d'où qu'ils viennent. C'est un peu triste. Cela questionne pour le moins.

La carte indique que c'est bien du traditionnel avec exclusivement poissons de la Loire, en fonction des arrivages de pêche locale. Ici, on ne va pas chez Lidl acheter de la Carpe d'Indonésie ou du Brochet d'Equateur.

Je vous souhaite de vendre, votre histoire a de la valeur. Nous discutons un peu de choses communes. Devinez lesquelles ? Ce sont plutôt des valeurs communes. Il se laissent photographier, ne sachant pas à quoi correspond "le droit à l'image".



Merci pour ce que vous avez fait pendant une vie de labeur...

5) Rencontre d'un volatile type "mouette" un peu plus âgé que d'habitude.


Après la Charité, je persiste sur la piste cyclable le long du fleuve (pour ne pas mourir idiot), et suis rattrapé par un cycliste avec une espèce de VTC chargé, il est très définissable.

Environ 40 ans, mais il ne faut pas se leurrer, il a dû beaucoup jouer aux jeux vidéo. Je le détecte par mes compétences acquises en psycho-morphologie, à ses rictus du visage derrière les lunettes. Il aurait pu être une asperge (syndrome d'asperger) mais en a définitivement abandonné l'idée parce qu'il est très sociable. C'est plus confort.

Il est la "vieille mouette" de la première génération zapping, aujourd'hui enseignant à l’IUT de Roanne, il se fait encore des impressions " de passage à l'âge adulte" mais que sur pistes cyclables bien évidemment (mouette oblige). Sa voiture est garée à Orléans, il serait en route pour aller chercher sa copine puis un peu après il y aura un retour pour chercher sa voiture, car il a encore un autre rendez-vous ailleurs…Son agenda semble dingue. Il fait aussi du canoë sur la Loire. Dans les deux sens.

Je n'y comprends rien. Lui non plus, mais c'est un avis. Ce genre de personnage s'en sort toujours, même parfois mal. Il a la positive attitude. Un peu comme l'ami Pascal de notre Diagonale Dunkerque Perpignan qui lui s'en sort bien. Il est estomaqué de rouler vent dans le dos. Evidemment, je le trouve touchant et intrigant, mais il va fatalement m’entraîner avec son GPS vers le bec de l’Allier, un piège total pour moi. Savez-vous que les mecs qui sont sur les pistes cyclables unidirectionnelles suivent quand même un GPS ? Sidérant non ? Mon radar naturel moi me disait bien de ne pas obliquer vers Nevers.

Je reviens sur mes pas, enjambe le petit pont pour reprendre la route. Je retrouve l'océan.

Piège unidirectionnel à mouettes...

6)   Lapalisse et l'étape bleue pour la recherche d'un bivouac.

Lapalisse m'a toujours intrigué. Il y a ce château avec quasi-rien autour. On dirait que les ancêtres ont construit des monuments pour que plus tard le néant s'établisse sur les surfaces de proximité. Combien de fois, j'ai traversé des villages et des villes sinistrées avec pour seul balise qualitative un château, des remparts, un monument ? Quel gâchis ! Lapalisse n'échappe pas à la règle. Il y a le pont, le château, quelques fleurs et seulement des fast-foods orientaux pour la vie du soir.

Si tu aimes t'attabler au Maghreb avec une Audi allumée qui distille du rap pour toute la rue, cela peut le faire. Ils ont placé un supermarché à l'entrée sur une zone commerciale dont le maire est très fier. Il a vidé le bourg, c'est évident. Je mange mon "américain" et vais vite chercher la route qui mène à Roanne. C'est un peu compliqué avec les 4 voies, mais on y arrive toujours. Je veux passer les 200 bornes avant la nuit et puis bivouaquer. C'est la Nationale 7 du soir, ce restaurant juste en sortie (St Prix) se veut de rappeler la destination. Je ne vais pas à Menton cette fois, mais m'arrête à Nice. Les Diagonales vont à la frontière italienne, ce sont d'autres aventures.


N7 chanté par qui ?


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