"C'est juste un peu de respect pour les professionnels cyclistes..." (09 février 2025 - Etoile de Bessèges-124 km)
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Un métier difficile qui mène parfois aux origines de l'énergie... Alès et Dubaï sont des villes tellement proches, aux origines des déplacements inutiles... |
La montée de l'Ermitage à Alès est unique à mon sens et pour plusieurs raisons :
D'abord, tout ce qui est haut quand on est victime de déluges et autres malédictions de Gardons est utile. Il suffit de lever la tête pour espérer être sauvé. Alès est coutumière des grands ménages ou marnages d'origines hydrauliques. Ce qui explique son architecture de digues toujours trop basses. L'ermitage est une solution aux tsunamis permanents venus et à venir. Soyons patients sur ce sujet.
Ensuite, ce sommet permet de contempler à minima les terrils de proximité, ces autres malédictions pointues industrielles, autrefois nécessaires. Il a bien fallu financer les études, les congés payés et les retraites. Sans le charbon et les fossiles d'une manière générale, rien de tout cela, seulement quelques carrioles, pioches et autres sapes, quelques moulins éparpillés. Même pas de bistrots avec ces fadas d'origine ouvrière...
On aurait encore moins imaginé de cyclisme dit "sportif", ni la moindre courses cycliste. Le vélo serait déclaré "outil de déplacement rentable" pour la conversion des joules à une unique destination : rester en vie.
Alors du cyclisme professionnel organisé jusqu'aux stations de ski de Dubaï, on est au comble de la gabegie énergétique !! C'est finalement un retour aux sources. L'homme s'ennuie et le pétrole le lui rend bien, lui permettant de pédaler pour rien, pour un fun absolu.
Dubaï, plus tard, sera la trace, la preuve d'un passé inouïe qui n'aura duré que deux à trois siècles. Il faudrait dès à présent y construire des ermitages pour contempler ce passé dans le futur... Là-bas, les vierges revêtues de djellaba bleues semblent pourtant ne pas être les bienvenues...
On montera donc en contre-la-montre pédestres les minarets de mosquée, même si ce n'est pas très haut tout ça.
Merci donc aux terrils, décharges mémoires à ciel ouvert. Vous n'y êtes pour rien, seulement le souvenir encore visible de cette orgie calorique d'origine humaine.
Enfin d'une manière plus personnelle, et c'est le plus important, j'ai "brillé" sportivement sur ce pog (si on estime que l'infra-rouge peut rendre aveugle). C'était une victoire de catégorie (V2) dans un contre-la-montre pédestre en côte (2012).
Départ ce matin vers 10 h (un peu tard) avec le 3eme age, mais attention ! Aucun commentaire, je suis avec le spationaute de l'Asclier alias Bernard A. Un vrai champion. Je ne récite pas encore son palmarès et ses rencontres. S'il est dans mon blog et avec moi, c'est qu'il le mérite. Rien n'est gratuit.
Ce soir, sans forcer, on aura plus de 120 bornes au compteur... Quelle santé ce Bernard ! Elle est certainement liée à son amour pour les routes jamais contrarié même pas par les cardiologues du secteur. Et pour d'autres raisons qui font ses secrets.
Nous voilà sur des routes mouillées pour une première crevaison sur la voie verte de Quissac qui monte au nord. J'avais déclaré "Freixit de voies vertes à trottinettes" mais une petite faiblesse certainement liée à cette joie de belle destination.
Il faut toujours éviter les routes mouillées à vélo surtout si lulu des municipaux a fait joujou avec un rotofil au bord de la piste. Une poule manipule un couteau... Tout est au milieu. Les règles élémentaires de la botanique nous enseignent aussi que plus tu tonds, plus tu as de la vivace et des épines... Mais on ne va plus à l'école et l'école ne va plus à nous.
Quand les "chevaliers du fiel ont sévi", tu n'as plus que des ronces sous les pneus ! Un vrai carnage. Demi-tour pour les routes dites "normales" via Logrian, Canaules.
Petit vent de face qui fait "travailler".
Nous parvenons rapidement au pied de la bosse du contre-la-montre. Le premier coureur devrait passer bientôt. Il y a un léger décalage horaire lié à des abandons la veille suite à des problèmes soi-disant d'organisation, de météorologie, etc.
Les "féniasses de bistrot" (je mets de nombreux cyclistes dans cette catégorie) critiquent les coureurs en expliquant qu'avant (ce n'est pas vieux) on n'abandonnait pas pour une petite pluie dans le Bouquet et que surtout, on savait éviter les voitures qui arrivaient face au peloton. On était alors plus agiles, moins distraits par les radios et autres computers.
Ils n'ont aucun respect pour ce sport et la souffrance que vivent les professionnels. Ils ne savent tout simplement pas ce qu'est le vélo et pour ceux qui en font (pourtant), ils ont un point commun avec une majorité de l'humanité : l'absence de mesure et d'empathie.
Oui, si je viens voir l'étoile de Besseges, c'est aussi un acte militant de reconnaissance de cette profession terrible, de ces sacrifices qu'exige ce métier. Je rappelle que trois professionnels sur deux, à l'arrêt de leur carrière, pensent à se suicider ou y parviennent. Ceci explique cela. C'est le "syndrome du pilote de chasse" celui qui finit seul à vivre dans une twingo d'occasion... On les a tellement bien abîmé avant pour ne plus croire en rien. Il faut donc les respecter, les encourager, leur montrer un visage humain alors qu'ils ne fréquentent que des machines à lesquelles ont leur dit d'ailleurs de ressembler.
Nous nous installons dans le premier virage et bientôt sommes rejoints par le "gang des pliants et autres bières de chez Lidl".
Je n'ai rien bu, mais en les écoutant, j'ai la tête qui tourne, un peu le vertige. Ce qui me fait dire que je me suis finalement absenté longtemps pour être à ce point encore surpris par le niveau local.
On rentre par St Jean du Pin, une belle flânerie un peu moins plate disons plus campagne pour aboutir au verrou d'Anduze. Bernard m'offre un cannelé.
Ces courses de début de saison (comme l'Etoile, le tour de Provence...) permettent de croire encore à des choses. Je ne sais pas trop à quoi d'ailleurs, mais en tout les cas c'est très bien pour avancer.
C'est compliqué ces histoires de vélo finalement enfourchés pour pas grand chose...