SEPT CENTS ( 7 cols en Cévennes – 12 mai 2024 - 218 km)

Ce nombre 700.  De l'Adobe stockée sans valeur ?


7 cols ? Et pourquoi 7 ? Un chiffre magique ? Les 7 jours de la création ?

Tous les chiffres et les nombres sont magiques. Ils sont des coïncidences notables au milieu des multiples possibilités de cohérence et de hasard de nos vies. Cela me fait penser d'ailleurs au club des 27.


Il y a le club des 7 pour parler cols par ici. Pourquoi à Ganges (sur le fleuve Gange, je le précise encore) on a décidé de placer 7 cols sur un parcours qualifié de " grand" ? Il y a avait aussi la possibilité d'en gravir moins ou plus. Va savoir. 6 cols en Cévennes ? Le club des 100 cols ? Le club des sans cols aussi...

J'aime le chiffre 7 comme j'aime la couleur bleue.

Ganges, quel endroit étrange quand j'y pense. Je sais que, pas loin de là au bout de la route, le Vigan c'est pire dans l'interrogation. Il y a la porte (des Cévennes) et derrière la porte il y a... Mais ce n'est le propos ici. On va essayer aujourd'hui de rester sur les nombres et les chiffres.


Les Gangeois proposent de franchir donc la porte et d'y gravir 7 cols référencés (par eux). Soit.

Il faudrait se remettre à niveau en matière de cols puisque avec le temps, cette sortie étant assez ancienne (fin des seventies ?), des cols ont été crées depuis. Un peu comme ce col du Débat en Provence déjà assez "débattu" dans ce blog.

Les fontaines disparaissent, les cols apparaissent. Par exemple lorsqu'on aura franchi la Tribale on trouvera le dernier rejeton, matérialisé par un panneau en descente vers Peyregrosse (Col des Cabones?) qui ne sépare absolument rien du tout. Les cols en descente un vrai plaisir à comptables. Il y en a d'ailleurs beaucoup en Corse.

C'est la friandise préférée de la génération qui excell pour ce genre de truc, cadres fédérés sur VAE en télétravail permanent (c'est un exemple).


7 Cols en Cévennes, je me souviens, faisait partie d'un diptyque dans "les années Nostalgie". Avec, d'un côté, l'organisation de St Jean du Gard (Ruisseaux et Huit dans la haute Gardonnenque) et d'un autre, celle des Gangeois, une semaine plus tard. Un peu comme les Ardennaises on allait se mesurer aux Cévenoles dans une ambiance de fête et de début de saison.


Bon il y avait bien parfois la pluie, la neige et la distance mais rien ne (nous?) arrêtais à l'époque. Aujourd'hui encore moins, je suis seulement un peu ralenti. Il fallait se mesurer aux éléments et réaliser au sens d'être dans le réel, le palpable.

Pour corser la situation on partait de chez soi et attention, pour faire le grand parcours. Ce qui me fait penser à l'hérésie pratiquée qui consiste à partir de la maison pour faire ensuite "la petite boucle",  phénomène observé chez les vraies abeilles mielleuses bien fourbes de la cour de la reine. Quelle plaisanterie, quel ridicule vous me l'accorderez !

Heureusement, à l'époque, il y avait encore des "rouleurs" intègres sans peur et sans reproche.

Si ma mémoire est bonne c'était le MUC et la bande à Rata qui faisait les meilleures scores avec des virées de plus de 200 bornes, le tout avec un paquet de dénivelé pour ce début mai. C'était bien. Une belle journée. Pas plus fatigués que ça.

Mon premier départ avec liaison, de Montpellier, date de 1984. Un autre siècle. Le XXème.

J'accompagnais parfois les "centurions et tribuns de Castelnau", en chopant "le train" à St Mathieu devant la gendarmerie. La "rallonge" était habituelle et qualitative. Elle finissait l'esthétique de la classique. 

Depuis combien de temps ne suis je pas allé aux 7 cols ? Je pourrai donner le compte exact de mes passages. 10, 15..? Moins qu'aux Ruisseaux quand même qui était mon organisation favorite axée sur un chiffre le 1. Le premier. Le premier mai.

Mai voilà, ce qui m'avait déjà un peu interrogé ou refroidi, même si le climat se réchauffe, c'est l'effondrement kilométrique des organisations fédérales, inversement proportionnel à une vitesse qui devait augmenter. Même phénomène constaté au Tour de France Professionnel. Personne n'est épargné. Les distances d'étapes diminuent, les vitesses augmentent avec ce fameux "vent dans le dos nouveau " complice climatique"...

Donc le grand parcours faisant moins de 100 bornes il fallait corriger l'anomalie par ces liaisons vélo. Oui la liaison vélo est une résistance face aux effondrements du grand partage maximal sur des routes minimales. C'est une de ses caractéristiques.


Cette année il semblerait que l'on retourne à un circuit potable, tangible, de belle dimension avec 151 Km et 3200 m de dénivelé ! J'en suis presque surpris. Certes Navacelle au bout du truc, n'est pas trop en Cévennes mais le trou fait consensus et attire souvent des foules très prévisibles. Mais où est le col de Navacelle ? Campviel ? Le 7ème ? Vous rigolez ! Campviel est un col plat et c'est encore plus fantastique pour un Président de club qui rêve jour et nuit de via-Rhona avec un essaim bien soumis, suivant à allure contrôlée, une reine promue à l'Eurovision des cyclistes décadents.

Ma propension " à faire le vide autour de moi" ( phrase d'un certain Sieso) et " à ne retenir les cyclos que lorsqu'ils sont partis" (Cioran?) ne me pousse plus beaucoup à récidiver au milieu des ruches à ravitos.

J'ai beaucoup roulé seul et c'est un peu ma signature.

Mon royaume "semble d'un autre Monde" en dialogue avec une nature intacte.

Et pourtant. Après ce BRM de l'Espinouse solitaire et réussi, le chiffre 7 m'interpelle car c'est aujourd'hui, d'après ma comptabilité, que je passe la barre des 700 organisation officielles sportives. 


7 est un beau chiffre, 700 est un nombre qu'on pourrait aimer à minima. Un nombre moyen ou un grand nombre qui fait un peu fin de carrière. 

Il met en relief mon goût palpable du jeu des circuits et de la compétition. 

Comment en suis-je arrivé à m'inscrire à 700 organisations sportives ? Je me le demande et je devrai le savoir pourtant. Le résultat quantitatif d'une patience et d'une assiduité? La preuve d'une attente de quelque chose, ou d'une fuite, les deux sont synonymes ? 

Je sais que, pour le jeu des nombres,  ça "tire toujours plus vite que moi" aux alentours mais ils ne sont pas nombreux. 

J'ai cicatrisé aussi la balle de Lionel Tartelin au Mont Ventoux pour un chiffre 100 présumé magnifique.

Il serait temps peut-être de ne plus perdre ce temps à cottoyer trétaux, ravitos et autres barnums à ascendance podium et de faire enfin la randonnée ou la course ultime... Non mesurée, non analysée, non prouvée, absente des incrémentations maladives. L'unique sur un CV qui présentée à quiconque dans l'univers proposerait en réponse, un silence d'admiration totale. Mais quel est donc cette organisation personnelle à envisager... ? La non-officielle qui enverrait le nombre 700 aux oubliettes... Même si j'en suis un peu fier de ce nombre 700.

Me voilà parti de chez moi pour moi et pas pour le bilan carbone, encore moins pour une cause (ce qui est pourtant la mode obligatoire). Pour un nombre ? Pas certain non plus. Ce sept cents c'est normal et pas désagréable.

Allez zou, ce sera pour l'histoire, pour le passé et, à un degré moindre, pour Rata et les disparus des ravitos que je salue ici.

La vitesse diminue mais pas la distance. Je l'ai dit. Je vais donc aller à Ganges en vélo et tout ça pour un beau nombre rond à plus de 200. Un 200 pour construire un 700! Une écriture scientifique en puissance (de deux).


La fin de l'officielle ? L'ehpad des cyclos en fin de carrière ?


Dans ce hall d'accueil (salle des fêtes) on se croirait dans un aérogare low-cost. D'ailleurs le tarif d'entrée pour le voyage est le plus bas d'Europe. 9 euros pour une journée de bouffe. C'est le low-cost cyclo. Cela fait un peu hôpital c'est vrai, et les organisateurs sont agés. Je reconnais ici et là un ou deux visages. J'ai honte presque de ne pouvoir prononcer leurs prénoms et d'enfin les prendre dans mes bras. On se croise depuis tant de temps sans se voir, sans se connaître avec toujours dans le regard ces interrogations : qui es tu ? Tu es venu ? Cette impossibilité de leur parler comme dans ces mauvais rêves ou ta mâchoire est bloquée alors qu'il faut leur dire impérativement quelque chose. Quelque chose qui dit qu'on est pas que seul finalement. Et qu'on aime, de temps à autre, rencontrer, participer... Qu'on les remercie aussi d'être là dans ce décor d'une fête des départs au soleil.


7h30. Voilà les petits groupes qui se forment en allant sur St Martial. Un cycliste me parle en regardant ma machine... Il parait que nous sommes 3 Cannondales. Ah oui ! C'est dingue! Moi qui ne regarde jamais les vélos et déteste l'intendance, ça m'apprendra...Je vérifie. Et un et deux et trois... Tu as raison. Moi qui ne savait même pas que j'étais sur un vélo.

Et vient la sempiternelle ritournelle des gémissements préventifs d'un cyclo qui me dit qu'il a coulé une dalle hier ( il parle de chape), toujours chez un beau frère...S'il coule une bielle plus tard il sera pardonné. C'est un dialogue préventif.

Je n'ai pas de carte de route, normal plus rien n'est écrit. J'ai une carte imprimée dans le cerveau, il me suffit juste de parcourir celle affichée sur le panneau de la cantine de l'ehpad et de faire quelques ajustements de copié collé.

Je pars au pif on verra le fléchage... Dans ce monde numérisé énergivore, il y en qui, ne voulant plus suivre les flèches, vont bientôt "mettre la flèche",  la leur... Définitive.


La pluie va faire son apparition en descendant la Tribale. Ce sont les Cévennes. Pas de nuage mais un voilage qui se transforme en gouttes. Je penserai à ce caractère imprévisible des Cévennes en passant en début d'après midi à Bréau, le refuge de Jean Valéro qui expliquait que ces reliefs à châtaignes étaient terribles et sans le moindre sentiment. Qu'il ne fallait pas s'y faire piéger ou s'y attarder ! Comme il avait raison...Comme avait raison le frère d'Abel du côté de Maheux.

Les cyclos "habillés en ballerines" commencent à grelotter. Imaginez un frelon en tutu bleu..! Hilarant. La déroute programmée sur tout le long du parcours s'organise. Moi je vais faire honneur à la météo pour cette 700 ème, même si j'ai pris un peu de risque au niveau vestimentaire. Nous sommes 300 sur les 3 parcours et seulement 50 sur le grand (ce qui est énorme en ces temps modernes). Combien vont finir finalement ? 15, 20 ? Encore des nombres. Petits les nombres.

Il va faire un peu froid dans la Lusette, je suis une espèce fragile,
 l'électricité aussi n'aime pas l'humidité... Je déraille...


Je serai donc de ceux là, de ceux qui normalisent la difficulté, notion relative. Le club des 15 inclus dans le club des 300 pour finir à 700 organisations .


Pour en finir aussi avec le thème, une chose qui me définie (et que vous saviez) est que j'ai toujours pris la formule du plus grands parcours. Le kilométrage je l'aime. Il faut faire honneur au plat. En compétitions pédestre c'est idem. Toujours la course la plus longue est privilégiée. Je ne me suis jamais déplacé pour faire un 5 km. Je ne sais pas si c'est bien. C'est comme ça.

Voilà la Lusette. Le coucou chante encore derrière ces vapeurs mais cette fois çi il est plus bas, dès la sortie de Mandagout. La pluie tombe mais dans l'effort il ne fait pas si froid.

Là-haut pas d'erreur possible. Il ne faut pas s'arrêter et pédaler au maximum jusqu'à l'accalmie qui va intervenir bientôt c'est certain.


Je double une bestiasse qui semble avoir perdu son corps sur les lignes droites de l'Espérou. 

Le Col de Montals. 

Enfin, le silence. Se battre un peu fait toujours du bruit. Surtout dans sa tête. Allons perdre de l'altitude. 

S'ébrouer sur un col en descente (col de la Broue) c'est sympa non ? Le soleil réapparaît mais ces cyclos arrêtés à la bifurcation d'Arphy vont certainement filer direct et abandonner.

C'est idiot ! Car en bas... c'est le Vigan. La ville de toutes les solitudes. Que feras tu dans ta bagnole ensuite vers midi sachant le soleil réapparu? Sera venu le temps des regrets des mauvaises décisions. Terrible. On parle d'"abandonner pour un Vigan"...le comble de l'erreur d'appréciation. J'en sais quelque chose.

Ta femme dira :" mais tu rentres déjà ? Pourquoi ?" Vas lui expliquer qu'il fait beau maintenant et que tu as fait une erreur sensorielle, attiré par les sirènes de tes fragilités! Et ton histoire de chape de béton même si elle est vraie ne l'intéresse pas, elle n'intéresse personne. C'est que dalle.


L'après-midi sera calme. Le temps de sécher. Je ne m'explique toujours pas cette bascule programmée dans le trou de Navacelles pour finir le parcours... Le Causse de Blandas serait, par extension, Cévenol? Campviel serait un col ? Appréciation de chacun. Je ne suis pas spécialiste non plus.

20 minutes pour remonter de l'autre côté. C'est ici la terre des Erasmus et autres stagiaires des facultés. Ils marchent avec un petit sac à dos en parlant l'anglais. Le Français ne connait pas les langues (méconnaissance génétique) et, pas de bol, c'est lui qui explique  la géologie étrange des lieux.

Gorges de la Vis... au bout c'est la saucisse. Cela rime ? A la salle des fêtes le bilan de la journée semble correct. J'ai été performant sur cette incrémentation. Pas d'abandon et du plaisir. On rentre.


Yes, good morning, good bye... my mother is rich...Betty is in the kitchen,
 Seven hundreds !?? Yes ! it's fantastic ! You're welcome.








 

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