PARIS NICE - Du 11 au 16 avril 2024 - 1010 km. (2/2)
Ben voilà... Un pédalage propre. Une résurrection...Un Monaco aussi... A Nice... |
6 Le véritable verrou de passage du Chaffaut Saint Jurson...
Elle est où cette route ? Ce raccourci dans le raccourci ? La lumière force me guide, je vais trouver.... |
Passer par le Chaffaut serait un petit raccourci pour éviter Digne. Du moins c'est ce que disent les cyclistes qui on quelques projets comme celui de rejoindre Sisteron, d'aller retrouver les grands axe de Nice via Toutes Aures ou encore d'enchaîner la trace Napoléonienne qui mène à Grasse.
On gagne quoi avec ce raccourci ? Deux ou trois kilomètres ? Une absence de tergiversation urbaine sur ZAC et autres modernités bétonnés (chères à Tesson) à l'entrée de Digne ?
Toujours ce fut l'option choisie. Que ce soit sur BRM 600, en Diagonales ou sur Paris Nice, même (déjà) en liaison de Tour de Corse en 1983.
Et je réalise que je ne connais même pas Digne. Les cyclistes ne sont pas dignes...
Expliquons.
De Malijai en principe, on trace droit sur la 85 pour bifurquer sur le Chaffaut et aller chercher le petit col de la voie ferrée. La route rejoint Chateauredon.
On est toujours satisfait de ce passage. On le présente aux néophytes (de longue distance, donc pas du coin) comme un sésame, une trouvaille. On l'explique.
On dit qu'on est un peu plus intelligent que les autres ou on le fais croire. On pourrait le cas échéant sauver une tribu. L'humanité pourrait nous remercier de cette continuation des hordes affamées par le raccourci du Chaffaut pour gagner en vitesse et fatigue.
Et moi qui passe et repasse j'ai toujours voulu encore l'améliorer la chose pour aboutir au raccourci, je ne sais, peut-être même le plus esthétique. En vain.
Il existe encore mieux pour éviter la 85. Un raccourci optimisé.
Jamais satisfait.
Selon les heures la 85 est fréquentée et dangereuse. Çà roule le long du fleuve ! La rentrée des commuters de Provence sur Digne ? Le départ vers Sisteron ?
Peut-être que c'est lié à la fatigue du moment, à la fièvre du bitume mais je file toujours tout droit dans un sens comme dans l'autre. Je prend la directissime vers le raccourci... Et j'en sors pas si satisfait.
Et si on rallongeait le raccourci !? Je m'explique. Je cherche à calmer le jeu plus tôt par une petite route pour imaginer que l'on est en vacance et pas sous délais. Je ne suis pas très honnête si on est sous délai, un raccourci c'est pour aller plus vite...Et des vacances sous délai...
Il y aurait une nouvelle possibilité (supposée) ce serait de franchir la Bléone et d'aller rive gauche retrouver le Chaffaut. Parce que Sisteron Malijai je l'ai dit c'est pas top, ça circule...
Donc, ces dernières années, j'ai tenté plusieurs fois la D12 mais, à l'instar de David Vincent le chasseur de chemins qui n'existent pas (série désuète de "les envahisseurs"), elle m'a toujours échappé....
Sauf cette année.
La procédure était pourtant simple comme les grandes découvertes : passer le pont et puis prendre la route qui longe la rive. Par deux fois je suis retombé rive droite, me disant à quoi bon il n'y a que 10 bornes de plus dans les bagnoles...
La clé c'est derrière le pont, prendre en face vers Puimichel, puis à gauche. La route longe la route supposée du raccourci qui n'en est pas... Bref un vrai piège ! Enfin pas tant que ça.
Et me voilà donc sur le raccourci champêtre Malijai-Chateauredon. Le vrai. Revisité. Nouveau.
Et je ne suis pas déçu même si ça tourne et retourne avec quelques bosses. Je vais vous vendre le truc.
Cette D8 permet :
1) D'éviter la circulation 2) De passer vraiment dans le Chaffaut St Jurson avec une fontaine qui fonctionne (chose rare) 3) En sortie vous y trouverez un "château de ma mère" assez sympathique...
Je réalise que ce que je viens d'écrire est particulièrement ennuyeux. Je ne le referai plus.
7 Gréolières perchée, la récompense pour un Aigle...
Il y a des routes de la magie et de la récompense. La route Napoléon file vers Grasse pour s'arrêter au bord de l'eau. Je pourrai continuer tout droit vers les derniers cols sur ce beau bitume. Mais il y a mieux.
Au logis du Pin une vingtaine de km après Castellane on oblique à l'est et on entre dans une nouvelle dimension... En altitude (environ 1000 m), une petite route avec de l'espace, quelques hameaux, de la montagne t’accueille. On va vers Nice direct. Il fait déjà un peu chaud on va vers la mer. Ce doit être l'effet du soleil. Un mélange de lumière, de montagne et de mer qui te berce doucement. Souvent une brise de l'ouest te fais progresser sans effort, te pousse.
On a mis sur les côtés les bonnes vieilles bornes kilométriques qui donnent un décompte de la distance à Gréolières 27, 26...
Une borne kilométrique tous les kilomètres...de l'altitude, un vent dans le dos. Il faut lâcher prise... |
Tu avances monté sur roulements neufs, sans contraintes de frottements, presque en sustentation. Allez Paris Nice n'est-il pas fini ? Quelque chose en toi pourrait monter ici et te submerger... L'accomplissement. "Tout est accompli". Comme si toi aussi tu avais été un peu crucifié par la route et les efforts et que c'était le fameux jour nouveau qui se levait...
On arrive très vite sous le col de Bleine. Eric et Masha ont-ils ressenti des émotions un peu identiques alors qu'ils basculaient le col pour finir leur Ultra Bikingman ? C'était de nuit mais je crois qu'ils m'avaient dit que là, quelques vapeurs de mimosas les avait porté vers les premiers palmiers et les lumières de l'arrivée. Oui qu'ils avaient ressenti quelque chose. Une présence de la nature et de soi-même. Ils quittaient la nuit, le froid, la pluie de la Bonette et les difficultés. Tout était accompli.
Un panneau sur la gauche indique " Gréolières des neiges ". Le temps des flocons est là aussi au milieu de ce mélange d'émotions multiples. Il y aurait encore de la neige et de vraies montagnes là-bas derrière ?
Ensuite tu descends sur le nid d'Aigle Gréolières par une route en corniche. Peut-on voir la Corse d'ici ? Allez la lune m'attend même en plein jour. Elle sera vers Coursegoules au dessus de l'immense orage en Italie.
Gréolières un peu en contrebas, derrière c'est le verrou de Vence... |
8 La lune est là. Elle peut éclairer une progression...
Elle fait partie de tous mes Paris-Nice cette Lune. D'abord parce qu'elle accompagne le bivouac et/ou les fins de soirée. Sur une problématique de 200 km par jour, je ne roule pas de nuit sauf pour le plaisir et toujours avant minuit. J'ai encore suffisamment de vitesse pour boucler de jour l'étape.
Je roule parfois un petit peu le soir après le repas, lentement en recherche du meilleur endroit pour m'étendre.
J'ai tout mon temps.
La lune, j'en ai fait une alliée en 1992 lorsqu'il a fallu passer le col de Vence de nuit au mois d'avril (premier Paris Nice). Il y a eu un dialogue entre elle et moi sur cette étape du col Bayard jusqu'à Nice. Elle a fait place à la pluie, la grêle et le froid des clues et m'a éclairé et donné la direction, la bonne. Elle a adouci ce sentiment glacé que je traînais depuis le bivouac en sortie de Crémieu (Sablonnières).
Cette lune métallique dominait sur le plateau de Coursegoules au pied du Cheiron des neiges disparues.
Elle me réchauffait mentalement, m'indiquait la route à suivre, me guidait. J'avais décidé alors d'atteindre la place Masséna avant minuit. J'y suis parvenu. J'ai pensé à elle souvent depuis.
Cette année, j'ai un temps d'avance. Vous direz plutôt que je ne suis pas en retard. Les dates sont les mêmes mais on est en début d'après midi. Je divague et en sortie de la forêt j'arrive sur ce replat qui sonne le glas de tous les dénivelés sur ce périple.
Et la voilà qui me regarde droit dans les yeux au bout de la route.
Comme l'étoile polaire pour un navigateur indiquerait le nord, elle m'indique l'est. C'est au moment de la bascule qu'elle me surprend et me redit bonjour. Coucou la Lune ! Coucou Bernard. Je suis encore là sur mon petit vélo... Plus de 30 ans après.
9 Le stress des oiseaux... Cannes
A l'issue de ce Paris Nice, il faut désormais rentrer. Point de déambulation jusqu'à Fréjus cette année. L'unique hôtel, celui de décompression est pris à Cannes. Hier au soir, à l'occasion de la recherche de pitance, je suis allé devant le Palais des festivals pratiquement désert. Il ressemble à une station de ski en sortie de saison. C'est à ce moment précis que t’apparaît l'éphémère et le futile des agitations humaines. C'est toujours un bon moment.
Le lendemain matin, je suis devant la gare. J'ai trouvé des TER qui vont me ramener à Montpellier et prends un petit déjeuner juste en face. Quelques pigeons tournent autour de ma table en recherche des miettes que je pourrais laisser tomber.
Moi je ne te surveilles pas ...mais comment te le dire...? |
Pourquoi cette bestiole vit très peu longtemps en ville alors que la nourriture est à profusion ? On parle de 4 à 5 ans dans le meilleur des cas. Pollution ? Certainement mais la biologie résiste bien à la toxicité. Je vis bien depuis 60 années dans le plastique et le pétrole... Non, c'est plus simple. C'est simplement la peur qui tue l'oiseau !
Le pigeon tourne tout le temps la tête pour assurer ses arrières, vérifier qu'un prédateur n'est pas là pour lui prendre ce qu'il a trouvé. Aucune pitié dans le monde animal... Il est surveillé pour être croqué.
Cet oiseau est stressé... Regardez le repas des moineaux par votre fenêtre... Une angoisse totale, une bataille... Leur petit cœur est au maximum des battements, affolé...Ils vivent en permanence au seuil comme disent les sportifs. Tous les jours. La désespérance de vie est corrélée directement au rythme cardiaque. Leur petite tête se tourne en permanence pour voir s'il n'y a pas quelqu'un qui voudrait nuire . En fait c'est le stress qui détermine votre espérance de vie.
Cette sensation d'être surveillé toujours à vos dépens.
En période COVID les humains sont redevenus des pigeons, surveillés, stressés, leur espérance de vie a du baisser on le mesurera plus tard... J'en suis persuadé.
Et le désir de continuer à vivre paradoxalement vous tue. Il faudrait peut-être s'en affranchir. Pour vivre plus vieux. Si je me suis mal exprimé.
Faire un Paris Nice incognito augmente votre espérance de vie, c'est un acquis. Allez mon train m'attend.
10) Rubrique sans explications.
A vous d'imaginer...Vos commentaires sont aussi important que les miens.
Après environ 127 heures... de périple !!! .... |