La route de Calvisson... ou quand l'homologation est homologuée... (18 décembre 2022 - 111 km)

 

Le café à Calvisson s'impose pour une centième...
Crédit : BL

L'année a été longue, étrange. Un été de " ravages" au milieu d'annonces mondiales et locales toujours plus catastrophiques. Mais pour qui s’intéresse à l'histoire, pas de quoi "fouetter un chat" quand bien même si le chat est noir. Une révolution, une crise, une transition signifie toujours la survie de ce qu'il restera de l'espèce. Et il en restera. Même si, ce ne sont pas ceux que j'aurai choisi sur un casting.

Tiens, pour infos, je viens de me documenter sur la fin de l'Empire Romain qui était peu ou prou l'occident d'autrefois. Les causes du déclin seraient : un mélange de mauvais climats (volcans), de maladies (épidémies) et de trahisons permanentes et aléatoires.

Rien de nouveau donc. Cela me rassure. Tout va disons, moyennement, et tout change.  Les historiens sont les "bienheureux" du présent car rien ne les surprend.


Et le fait de te savoir toujours sur le vélo pourrait être un élément  de stabilité pour toi et tes quelques proches. C'est le chantier on est ok. Mais qui t'empêche de rouler jusqu'au cimetière ? C'est même très séduisant. L'oeuvre d'une vie un peu à la Zola. La fameuse "page par jour et jusqu'à la fin" de Giono.... Rouler pour vivre. Rouler c'est comme aller chercher du bois, du charbon, de l'eau. On irait chercher du soleil et des routes toujours plus magnifiques. C'est chouette.


Le programme aujourd'hui est un peu comptable mais c'est important les nombres quand tout semble bouger de façon stochastique avec les humeurs du premier disant (séduisant) venu.


Destination Calvisson, que je vous avais déjà décliné dans un post, sur un plan en 4 actes.


Et il faut encore remonter au premier acte, à la genèse de ma passion pour la bécane. Ce fut ma première destination conséquente puisque sur "vélo lourd", en l’occurrence celui de ma mère, j'avais avec mon frère aîné, réalisé mon premier 100 bornes.

Je devais avoir moins de 15 ans. Les dates faudra que je les cherche, les vérifie, faudra faire les comptes aussi. Nous avions même récidivé une deuxième fois à peu près à la même époque. C'est important la récidive. Elle est source de volupté et d'incroyable sur l'échelle du temps. Quand tu récidives c'est que quelque chose s'est vraiment passé. C'est surtout  que tu as aimé l'accident. C'est devenu la règle.

Ce déplacement était pour "chercher du travail", une histoire de vendanges, de raisins de table, de cave coopérative. J'ai réalisé ces jours là, qu'un vélo était une "arme de construction massive". J'ai intégré (surtout mentalement) le fabuleux prodige du déplacement gratuit.

Je ne m'en suis jamais remis. Et "on ne m'a jamais revu" comme dit la célèbre formule...

Mon frère lui, pourtant de même génétique et des mêmes joies , n'est jamais remonté sur un vélo. Faut croire que cela se joue à rien.

Il fait froid ce matin et c'est tant mieux. 

De la glace sur la route. J'ai la nostalgie des années 80 mais pas que pour la musique. Pour les bidons gelés et les frissons des pelotons filants dans les petites dénivellations d'oueds qui se sont enfin remis à couler.

Je vais passer, c'est sur ma route, au pied de la montagne de la Pène vous savez celle de la célèbre course du même nom, dont je fut très assidu.

Je n'ai pas couru depuis l'Ardèche donc je vais seulement saluer les coureurs et la bosse à citerne. Une belle compétition de fin d'année celle là.. Rien de tel pour entrer dans les rugissants de Noël qui te donnent là-bas, le Horn du "bout de l'an". Longue vie à cette organisation gérée en "bon père de famille" par des bénévoles désintéressés. Elle est sur la sellette mais ce n'est pas le propos.


Calvisson est facilement atteint avec cette voie verte qui enfin propose les feuilles mortes de la sortie des écoles. Ce tapis de feuilles qui semblait vraiment avoir disparue des radars, "tropiques à geckos gras" obligent.

La coopérative ne ressemble à rien. De la pétrochimie mélangée à du mauvais goût avec ces inscriptions niaises du ferronnier, copain du maire, le long de la route. L'oenopole sous grafitis  qui convoque les étrusques maintenant!? Avant de mettre en avant une civilisation, il faut s'interroger sur sa propre décadence. C'est un simple avis. 

C'est plutôt, ici, une architecture d'Odessa de nuit d'été", avec quelques "DJ oenologues" qui te proposent de danser au pied d'une tour de relais hertzien. "S'agiter toute la nuit avec un cubi de cépage européen éventré au canif, sous les cigales, avec un magnifique regard de saurien contemplant le néant". Implorer aussi l'extension des démocraties de libre échange et ce, jusque sur Mars. En ignorant la lune, pourtant si proche et sous nos yeux.


C'est là que je vais immortaliser "la centième" sur l'endroit géodésique du souvenir qui est sous terre, sous cette citerne d'industrie.

Ma centième homologation de l'année...
Crédit : BL

Rappelons qu'une homologation cycliste c'est : réaliser dans la journée (moins de 24h) un parcours supérieur ou égal à 100 Km ( Prévoir une petite marge si doute sur le compteur optimiste).


Donc pour moi aujourd'hui c'est simple, j'ai fait, cette année , après vérifications, 100 sorties de plus de 100 km. C'est l'homologation des homologations.


C'est important. Pourquoi ? Parce que d'abord cela peut t'exclure un peu de la masse "des couchés sur canapés". Masse conséquente.

Ensuite, cela montre une discipline et une assiduité. Et je veux vous rassurer, aucune lassitude et toujours cette joie sans cesse renouvelée du "miracle du vélo".

Enfin, à un certain moment il est  nécessaire de quitter l'enfance, de progresser et d'évoluer dans le nouvel age adulte. Parler à cet enfant du souvenir et lui dire qu'il a été précurseur et qu'aujourd'hui et bien, on fait honneur à sa première sortie qu'il a initié avec "les jambes de partout" et que l'on est capable de la magnifier, de la multiplier, de la commémorer.

Cette sortie "extraordinaire" de 100 bornes, on en a fait 100 sorties ordinaires. On l'a multiplié comme des petits pains, on a progressé. C'est une forme de noblesse qui, sur une petite richesse de départ (quelques kilomètres), construit, les "châteaux du vélo".

Virage à gauche, je vais boire mon café à ce bistrot au centre du village que nous avions certainement ignoré dans les années 70. A l'époque on achetait plutôt des litres de lait (en brique) pour les boire cul sec.

Je ne vais pas monter à Gachone ou d'autres fantômes m'attendent sur d'autres actes d'ailleurs déjà explorés.


Rentrons serein sous un ciel gris, avec une température qui n'évolue pas. J'ai cette joie de voir mon compteur s'incrémenter dans les plaines de St Bauzille : 99,99... 100. La fameuse centième homologation de l'année. Une vraie joie comptable.

J'entend le bruit des craquements du vélo lourd. Je me retourne. Personne. Je souris quand même à cet enfant englouti dans la lumière du soleil exactement. Ce précurseur et fondateur des homologations d'aujourd'hui et surtout de demain.

Cette nouvelle homologation en valait " la Pène"...
Crédit : BL


Il faut rouler (homologuer) pour être en mouvement et donc  ... ne pas chuter...
Ne pas imiter la Romanité décadente ?



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