L'Hommage à Marie... (14 Octobre 2022 – 111 km)
En descendant le Frouzet, le ciel surprend déjà. Un mélange de bleu et de gris sombre... |
Ce matin direction la vallée éloignée de la Buèges, loin du monde et peut-être des vivants. J'enfourche mon vélo pour Marie, dite "la vigneronne" que j'ai peu connu et qui s'en est allé cette semaine de façon violente et absurde pour ceux restés.
Une Marie s'en va. Ce n'était pas l'heure.
Pour la chrétienté qui m'a certainement imprégné de façon inconsciente et consciente et m'interroge souvent pour comprendre le monde, ce n'était pas du tout le moment. C'est certainement une erreur.
Une Marie ne doit pas partir trop tôt car elle doit être là même pour enregistrer le départ de son fils. C'est dire ! Dans la logique des choses écrites et enseignées depuis si longtemps.
Elle ne doit pas mourir maintenant, ce n'est pas dans les écritures, vous pouvez le vérifier. Et on le chante grosso modo depuis deux mille ans.
Mais enfin, n'y avait-il pas un Joseph pour faire le boulot dans la cave ce jour là ? Vous savez les Josephs ceux qui bossent, protègent, affrontent les dangers pour qu'ensuite se réalise la magie du fils et de la mère. Les prophéties se réalisent toujours avec le secours d'une machinerie bien réelle en coulisse... Et un Joseph, fut il appelé à être sanctifié plus tard en remerciements, cela peut disparaître dans quelques brumes gazeuses. Il est dégât collatéral pour que "toutes les vendanges et autres moissons" s'accomplissent.
Des vendanges magnifiques cette année, une abondance semble t-il inattendue.
Les vins ensuite seront ils à la hauteur ? Sauront-ils maîtriser leur amertume ? C'est une question.
Oui personne pour aider Marie, l'accompagner en ces lieux reculés, trop loin de la "grotte de l'Horthus". Trop loin des cliquetis des richesses apportées par ces rois mages climatiques qui déballent la vendange. Des trésors toujours plus grands, pourtant en contradiction avec ce monde fini qui semble finir.
On dit souvent que "Dieu a crée la religion et que le Diable l'organise". Ce diable, avait-il choisi d'éliminer Marie pour mettre les hommes dans l'impasse et, par la même occasion faire disparaître ces statues, sur ces maisons à l'entrée du Causse de la Selle ? Réécrire toujours la chrétienté, le souhait assumé et déclaré des forces obscures...
Je descends désormais sur St Jean De Buèges, le ciel est un ciel d'Eglise, le beau bleu de mon enfance, celui au dessus de Marie qui contemple peut-être son fils finalement inaccessible. Sauf que Marie n'est plus là. Mais elle plutôt dans le bleu du ciel. Au dessus de lui. L'ambiance est au "Mood indigo".
Je ne vais pas trouver le Clos du Prieuré malgré quelques allers retour rive gauche de la rivière. C'est compliqué, ce n'est pas un endroit, pas une cave, pas une adresse, c'est juste pour accomplir quelque chose. Oui, un endroit provisoire qui t'attire par des "richesses" éphémères et te fait disparaître. Pour finalement te placer dans les beaux tableaux d'église juste dans l'azur bleu au dessus des pauvres bougres restés là, pétrifiés et froids. Des générations d'enfants regarderont ces tableaux sans savoir que les Marie trop tôt parties, violemment et en contradiction avec ce que disent les prêcheurs, se cachent dans cette couleur indigo magnifique où l'esprit se perd.
Je vais sortir de cette vallée qui elle, comme d'habitude, n'y est strictement pour rien.
Par le col des Lavagnes. Car il faut toujours monter, s'élever et faire des efforts pour quitter ou comprendre la tristesse des hommes.
Il faut s'échapper de cette "vallée tombeau". Mon hommage est terminé. |