Les dimanches de Mike... ( Dimanche 20 mars 2022 -Trail 23 Kms – Veyras - Ardèche )
Mike Horn lors de ses conférences répète souvent que nous n'avons qu'environ 4000 dimanches à vivre. Pour ceux qui iront au bout cela s'entend. Si tu disparais à 20 ans, cela ne fait que 1000 dimanches, et pour les heureux élus du club des 27, références d'une jeunesse insolente et débridée, ils connaîtrons à peine 1400 fins de semaine.
C'est peu et c'est parlant. Oui nous sommes des insectes. Bon à partir de ce constat, il faut opter. Que va t'on faire de ces dimanches ? Des bons petits repas de famille ? Voir la pluie couler le long des vitres toute une journée ? Et subir ce crépuscule dominicale qui tombe comme une souffrance ?
Mike propose l'action, il faut vivre totalement et intensément ces dimanches plutôt en longeant une ligne de crête et surtout ne pas vaquer en plaine.
Je pense comme Mike. Il ne faut pas gaspiller un dimanche à ne rien faire. Dans les années 80 je disais : "il faut mériter de regarder Stade 2 en fin de journée, il faut mériter d'avoir vécu un dimanche..."
Je ne suis pas trop entraîné pour réaliser une course de trail, le vélo a repris un peu le dessus et c'est quand même un autre sport. Mais, pourquoi se freiner ? 23 bornes même en trail, c'est quoi ? Une petite journée de marche pour le vulgus pédibus ? Je la ferai en trottinant et ça passera plus vite.
Jojo qui a désormais des objectifs de Diagonale des Fous en fin d'année est d'accord avec mon raisonnement même si, lui, est incapable de trottiner. Il est joueur et ne tiens pas en place. Nous allons passer la journée ensemble.
On annonce de la pluie et il n'y en aura pas. Un peu de chance ? Non, il y a des fenêtre météo pour ceux qui évitent les fameux repas de famille (re)décomposées.
Très beau trail que je qualifie de rural. Ce sont les meilleures organisations, les meilleurs rapport qualité prix, les meilleures ambiances. Se rapprocher des villes par contre, fait tout exploser et disparaître les prestations. C'est une réalité.
Nous partons pas très nombreux à l'assaut des châtaigniers sur de pistes assez roulantes. Le dénivelé est là mais c'est une question de rythme. Mon objectif n'est pas "d'envoyer" car sans entrainement cela va faire des dégâts mais d'être régulier constant, loyal marchand, net franc, et sincère... On fera les comptes à l'arrivée. Moins de 3h ce serait idéal. Je ne m'occupe de personne.
Avec Yves nous n'avons pas réalisé que le Covid est passé par là, et on ne lit jamais les règlements.
Donc les ravitos vont être minimalistes et nous on n'a rien prévu. Que nenni, on perdra un peu de gras. Pour l'eau ce sera juste. Quel plaisir de courir tranquille sur ces sentiers, de chercher un peu l'itinéraire et les balises, de n'être bousculé par personne. Au point culminant, je m'arrête pour me faire prendre en photo, par beau temps, on me certifie la vision du Mont Blanc et sans réfraction.
Au point culminant, il parait que le Mont Blanc n'est pas loin... Attention ! Il ne faut pas s'attarder, on est en course... (Crédit BL) |
J'ai failli raconter mes histoires de Mt St Clair à l'officiel qui se gèle mais ne suis-je pas en course ?
La descente se négocie bien, je cherche quelques fontaines, tu penses, je trouve quand même un peu de jus d'orange à un ravito minimaliste (hors officiel ?).
Voilà la dernière difficulté, la même qu'il y a deux heures dans l'autre sens. Les cibles sont devant. Si Jojo est joueur, moi aussi mais c'est quand je veux. Et là c'est la fin, on peut accélérer un peu, le dimanche n'est-il pas sauvé? Je sais les effondrements dans les derniers kms et le rôle du mental qui permet de dépasser tes concurrents de catégories. Quelques tempes grises marchent sur les pistes montantes. Je n'ai fait que trottiner, les jambes tiennent. On va manger tout ça. Qui sait ?
Voilà la voix du speaker, le son avant l'image. Moins de 3h, un coup d’œil derrière moi, le vide (relatif) est fait . Surprise je gagne ma catégorie (M5), "borgne chez les aveugles", pas de concurrence... Je vous rappelle que je n'étais pas en course et n'ai fait que trottiner. Et puis Mike me dirait que je l'ai mérité, j'ai optimisé un dimanche et que ceux qui critiquent n'avait qu'a être là. Du vin, de la crème de marron, les cadeaux de la campagne. Merci l'organisation !
Après avoir mangé chez le frère de Jojo, nous rentrons tranquillement. Le ciel s'assombrit. La pluie nous prend vers Alès. St Mathieu est sous l'eau parait-il depuis le matin. Quel sombre dimanche pour beaucoup de nos adversaires, ceux des trails dits urbains, restés à la maison, couchés, dépressifs.
Prochains dimanches ? Qu'en ferez vous ?