"Un compteur trop léger..!?" ( 19 février 2022 - 182 Km)

 

En chaque cycliste sommeille
un pilote de ligne... Le marketing mondial de la culture geek le sait et lui procure les outils pour décoller en mode "sans échec"... Crédit : Actu.fr


Le Pont du Gard, une destination très prisée, post petits repas de famille. Que faire l'après midi sinon proposer aux « estrangers » hors sud ( hors sol?) la traditionnelle virée Romaine à l'aqueduc au nord de Nîmes. C'est un lieu pour digérer en faisant semblant de marcher et de s'intéresser, «  tout à coups » à une civilisation éteinte et aux architectes très fameux du passé. On peut aussi y parler de ce parking payant et absurde, entre deux invectives sur ce tonton qui « n'est pas très famille ».


Les nouvelles collectivités territoriales ont le don de rentabiliser la moindre statue, le moindre monument, la moindre curiosité. Il ressemble un peu à Disney Land ce pont où plutôt Disney Land lui ressemble. Une pierre bien taillée propre, carrée, solide qui préfigure pourtant la fragilité de cet empire Romain. L'architecte Ricardo Boffil, dans la lignée des BHL et les autres, a du faire quelques gestes de yoga sous les arches pour trouver ses inspirations décadentes de concours pipés (Cf Antigone). Architectes du renouveau des civilisations engloutis !? Quelle vocation!


Revenons à nous et à nos moutons (juste expression) Nous ne sommes que des cyclistes. Bon pour un pédaleur l'endroit est quand même mieux que Nîmes. Au moins on est à la campagne, dans la nature.


Aujourd'hui, le programme du Club (ACE) est simple : un aller retour au pont avec une arrivée par les chemins noirs de Tesson et sans utiliser le moindre Gravel. Moi qui chevauche le vélo d'Alain Jammes, je vais le réveiller dans sa tombe !! Il détestait la cendrée... La sortie pourrait demander un guidage satellite et me mettre en difficulté d'ailleurs sur cet aspect, moi qui ne vois que par Michelin et Bocuse. Puis une boucle, strictement inutile, pour rallonger certainement. Enfin, le retour se fera vent dans le dos.


Déjà en 1991, j'avais peu ou pou réalisé le même parcours pour retrouver le club MUC qui, à l'époque, picolait du gros rouge et n'avait ni GPS, ni portable. Ils s'était perdu en Camargue l'après midi, tous mazoutés et de le dire ne sert pas trop mon propos je sais. Quelle époque ! mais je n'ai pas écrit que c'était mieux avant.


Le peloton bleu d'aujourd'hui est connecté. Pourtant combien sur les 20 participants rapides, ont la conscience physique et mentale de leur position ? Combien pourrait refaire le parcours sans aucune aide informatique ? Moi peut-être car ma mémoire est toujours sollicitée et je ne l'ai pas encore vendu aux « machines ». Dans les « paquets » donc, tu as un œil sur la roue de devant ( gros stress, ça frotte) et l'autre sur l'écran du cockpit qui te donne ta position. Pas de troisième œil, désolé, ce qui aurait été utile pour regarder les paysages. On « suit la trace », on est « suivi   à la trace » et en plus « on trace ». De vrais petits moutons. Big Brother tu serais l'ami du cycliste ?


Autre chose. Avant, c'était d'usage, on soulevait ton vélo pour savoir s'il était lourd. C'était touchant, puisque cela niait que d'abord sur le plat le poids ne travaille pas et que globalement par chez nous c'est horizontal et que les frottements c'est simplement une histoire d'air ( pas d'eau...:). C'était la façon du villageois, de dire bonjour à un cycliste quand tu arrivais sur la place centrale. Il soulevait ton vélo. On s'y étais habitué.


Chose nouvelle aujourd'hui, on soulève ton compteur... S'il est trop light c'est que tu es incompétent et hors système. On m'a dit texto : «  ton compteur est pas un peu trop léger... ?»

Faut savoir ce que l'on veut !? Un vélo léger et un compteur lourd ?

C'est vrai que mon compteur est digne des premiers aéroplanes à pédale et ne donne que quelques données de base et même pas l'altitude.


Voici l'engin lourd... Il adore l’électricité (très vite déchargé) et te proposes
de ne plus penser, ne

plus regarder, ne plus sentir, seulement suivre...  La réalité finalement c'est une douleur... Aujourd'hui un cycliste ne compare plus ses mollets, son vélo mais son compteur...!? Crédit BL

Addictions totale aux drogues dures de l'information en live (syndrome BFM Tvélo).

Vers Castillon du Gard, un bug informatique a arrêté le train bleu en rase campagne. La faute à un portable cette fois. Un participant était perdu, il a appelé par le téléphone rouge.


A l'arrêt sandwich de Dions dans le local des chasseurs j'examine donc les computers, et je suis interrogatif comme une poule devant un couteau. Capteurs de puissance, d'altitude, de glycémie et j'en passe... De vraies TI89 pour passer le BAC du cycliste  !!!? Alors que pour l'aventure et rouler il ne s'agit finalement que de quelques règles de trois... Serions nous toujours des adolescents en quête de ce qui brille ? Mais la plus belle perspective reste le débrief Strava post sortie qui te dit si « tu as échoué ». Et pas forcément pourquoi.


En cas d'ennui, tu peux savoir les sorties des autres et quand bien même s'ils pédalent avec toi, juste à côté. Il y aurait quelques différences minimes de trajectoires et de temps, mesurables et intéressantes, pourquoi pas significatives selon l'humeur.


Nous rentrons donc à fond les manettes, espérant les statistiques d'après, source d'un progrès à définir. La culture Geek s'étend, rejetant improvisation et la moindre sensation.


Belle sortie de février quand même. 

Je ne vous dirai pas la moyenne roulée. Même si cela  manque à ce texte.




Avant l'effondrement d'une civilisation connectée...

Et après....
Le Crédit photo, c'est d'actualité, est Russe : Masha Vladirimova.


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