Ganges, la nouvelle destination... ( 29 janvier 2022 - 119 km)

 

C'est en sortie de Laroque, peu après avoir dépassé un marché local (Lidl) et un pont,
que m'est apparu la cité de Ganges sur le Gange...
Sauf qu'il n'y avait pas d'eau comme sur la photo... Ce qui est grave.

Me voilà à nouveau sur les routes de destinations improbables... La liste est longue et d'ailleurs c'est très bien, ça m'occupe.

Après Alès de batifolage de plages bitumées en bord de Gardon, après Nîmes la maudite, civilisation totalement effondrée bouffée par les crocodiles, et la faute à qui ? Après ce Lodève de cul de sac,  qui pourrait encore exprimer quelque chose au pied d'une autoroute des grandes migrations germaniques vers la bière et le soleil au rabais, voici désormais Ganges dite : la "porte des Cévennes".

Il fait beau et froid ce qui pourrait faire penser que les saisons n'ont pas encore disparus...Ma génétique et celle des bestioles de la terre sous ma latitude remercient  ces variations thermiques entre le jour et la nuit.

Ganges se gagne par la Cardonille, col déchu qui,  au cours de mon adolescence par un percement droit avec des machines, est devenu inhumain. Les moutons maintenant parviennent très vite au sommet sans passer par la draille... D'ailleurs on les amène en camion. Le goût de la  viande s'en trouve affectée. Le saviez vous ? Le mouton fermier a vécu.

La Cardonille encore,  destination déjà lointaine des cyclistes de camping des clubs bariolés de l'agglomération de Montpellier qui souvent, par un effet d'optique ou autre rupture d'anévrisme en amont,  croient  avoir monté l'Izoard lorsqu'ils basculent au sommet à 300 mètres d'altitude...

 Je me laisse glisser...

Voilà Laroque, puis la coopérative viticole transformée en coopérative agroalimentaire discount.

Ganges enfin, avec le "Marie pas chère"  qui est pratique. Je remonte vers le centre historique.

 Comment reconnaitre une bourgade en fin de règne ? Il y a beaucoup de paramètres. En voici un : sa capacité ou non à être accessible pour un cycliste. Je vous en avait parlé pour Nîmes surtout. Ganges n'échappe pas à la règle... 

Déjà à Laroque et avant,  sur ces lignes droites à platanes, tu serres les fesses, il y a du SUV agricole à contrôles techniques négociés et négligés,  qui te serrent...Des dénivelés, briseurs de fourches, aussi. Un sportif "au sens de Coluche" est une proie.

Au nord,  Vers St Hyppolyte,  c'est une rocade de bricolage qui te demande de ne pas s'attarder, elle est dangereuse, étroite... 

La veille route de Sumène ? Par le village ? Mais c'est une énigme. Sens interdit, route pourries le longs de potagers équitables.  J'y fais souvent pèlerinage, pour dialoguer avec les vieilles pierres peut-être pour imaginer ici un vieux ghetto ouvrier où la vie a passé simplement sans le moindre projet que d'attendre la fin.

Ne parlons pas de l'arrivée du Vigan à l'ouest, on dirait la montée de la piscine au grand prix de Monaco, le long des balustrades...

Le conseil municipal l'a compris, il a mis les cyclistes sur rails plus haut par la "voie verte". Bien cadrés à l'ombre, avec les rollers et les bambins, 12 de moyenne, mais n'a t'on pas le temps ? Le rêve de l'Europe ? : nous mettre en sécurité, sur des linéaires avec tes clones, et pédaler légal...Surtout ne pas réfléchir. Une piste cyclable c'est aussi le sens qui t’abîme, tu pédales dans un seul sens et ne peut faire demi tour, rien pour se sauver ni à droite, ni à gauche. Le demi tour c'est la possibilité de l'erreur. N'y a t'on pas droit ?

Aucun demi tour possible même s'il y a du verglas, c'est le sens, tu vas dans un sens...
Se retourner est idiot, les bambins à rollers te jetteraient des pierres...



Le café bien sûr. Depuis toujours peut-être je m'attable au café de France. Ce sera le cas aujourd'hui. De cet endroit passant, on peut y voir déambuler les exclus des zones urbaines, ceux qui, sous minimas sociaux, d'une France encore riche de la gratuité d'une énergie tombée du ciel,  arrivent à rêver que "le handicap est une force", un droit, un privilège. Ganges, concentrent les hippies de Sausalito (en mal de Pacifique avec moins d'espace), mais aussi "les dingues et les paumés" d'Hubert Félix ..., qui troquent Cannabis contre quelques oignons plus doux des Cévennes... Les fragiles d'une société qui,  du temps de Neandertal avaient des rôles bien définis, comme celui de faire le guet ou d'aller chercher de l'eau pour les chasseurs partis vers les vrais périls et autres grands dangers. Mais aujourd'hui, à quoi bon ? tu ouvres un robinet et les caméras de surveillance font le reste... Vas alors pour un bon pétard, en dansant avec Lucette au rythme des cymbales du Népal, à l'occasion d'un concert improvisé devant la magnanerie. Pour les grands Fest-noz on ira à Sumène plus  en amont, un joli pèlerinage.

Café de France, très chaleureux pour un chasseur à l'épuisement et
tour de guet également...

Car ici c'est l'attraction de "l'herbe bleue", les puces du dimanche matin te vendent sur des draperies bariolées,  du Népal, des bonzes et des Krishnas en couleur... C'est Ganges au bord du Gange...

En sortant je m'arrête sur le pont du Rieutord. Je crois n'y avoir jamais vu couler de l'eau... Le Gange des Cévennes, se cache, il passe sous les galets. Pourtant les rives sont larges, c'est presque un delta. Le soir quelques longs manteaux viennent peut-être ici y faire des incantations, des offrandes... Lieu idéal pour brûler les morts ou quelques poules. Mais c'est interdit.

Passage sur le Gange... Immense fleuve mystique souterrain qui ne manœuvre
qu'en nettoyage total aérobie, une ou deux fois l'an...


Alors Ganges serait une destination ? Ou un simple arrêt technique ? S'y arrêter et  y vivre ?

Tout cycliste de passage, se pose la question légitime de l'accueil d'une ville comme se présente l'interrogation perpétuelle du : "pourrai je être d'ici ? " ou encore  " faut-il disparaître maintenant ? ".

Me voilà sur la voie verte, précisée un peu plus haut, abandonnée par les masses laborieuses d'une autre époque. 

Puis surtout,  voici la dénivellation sauvage de St Roman de Codière, cette longue côte à l'ombre, moins athlétique que celle du Lac mais qui mène à la lumière. 

Toujours là haut tu es heureux... Toujours.  Parce que tu vas cheminer seul sur  cette route en corniche, dans un calme infini et au dessus des hommes...


La "haute corniche" de St Roman. Cet endroit magique, au dessus des plaines et du bruit...





Elle coule toute l'année, c'est à préciser...


Je prolonge mon triangle par un crochet par Lassalle par respect pour un col du Rédarès qui n'aime pas du tout qu'on lui  arrive par le haut. Puis Monoblet, le bout du "truc", qui est ce triangle équilatéral (3x40 bornes grosso modo). Sauve, Quissac, Brouzet on rentre...

Ganges est loin,  ce n'a été pour moi, vous l'avez compris,  qu'un lieu de passage.

 Au sens de l'INSEE (organisme officiel), c'est à la fois "une porte" et une "aire d'attraction de Montpellier". J'ai bien défini les particules qui pourraient s'y attarder ou s'y engloutir. Et, je les trouve finalement, comment dire  ?... sympathiques. 





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