Petit café du matin à Nîmes ( 16 juin 2021 - 118 km )

 

Ils sont là, ce ne sont pas des envahisseurs. Ils étaient là avant nous... La statue pourraiT 
s'agiter de nouveau... températures et contexte deviennent favorables...

Quelques villes sont étranges... Perpignan, Béziers, Lodève, Ganges...et Nîmes. Ce sont des "non destinations". Il n'y a rien à y faire, rien à y vivre, on ne peut qu'y être de passage et encore. Villes du sud, d'ailleurs les équivalents doivent exister en zones septentrionales, espèces de villages Macondo en sursis. Les habitants y sont spéciaux, voire en passe de devenir un peu fous, tous attachés à un poteau fictif, ils attendent la venue des fourmis, les yeux fatigués par quelques pratiques illégales sous narcotique Carthagène, détruits par la fièvre des férias et autres fêtes où l'on se perd...

L'avantage du vélo en ces lieux très fameux est qu'il protège le cycliste, l'immunise de toute influence. Tu débarques sans bruit, sans un souffle d'air, les roues libre même sont silencieuses aujourd'hui... Tu peux voir sans être vu.  Tu es transparent. Tu n'es pas dans le décor. Personne ne peut t'atteindre. Qui remarque un cycliste même ailleurs ?

Ce matin, je vais donc utiliser le totem d'immunité Cyfac pour aller boire un café à Nîmes devant les arènes puis rentrer fin de matinée juste avant les grosse chaleurs.  Déplacement gratuit, passage incognito, un tour de passe-passe en quelques heures...

Nîmes c'est quoi ? La canicule bien sûr... c'est un four solaire, on y bat des records chaque année, la faute à cette hystérique urbanisation de béton qui de l'autoroute sidère les automobilistes. Ces derniers préfèrent crever sur une aire d'autoroute que de rejoindre ces tours blanches carbonisées à population je l'ai dit très "étrange"...

Mais, les inondations font aussi partie du décor. Les architectes fous de l'après guerre ont prévu de propulser en cascade le moindre orage pour noyer la ville. Une façon de résoudre les problèmes. Souvenons nous de 1988.  Les embalses à érigérons depuis lors construits avec quelques enveloppes passées sous la table, n'y ferons rien. La farce se reproduira.

Pour les accès  ? Nîmes est imprenable. Au sud ce sont les périphs à tessons de bouteilles, au  nord un camp militaire pour un long détour, à  l'est les autoroutes, à l'ouest, va donc choper l'entrée qui aboutit aux jardins de la fontaine !?! Un cycliste rêverait d'une petite départementale qui le mènerait direct dans la ville historique... Rien. C'est vrai qu'un cycliste n'a pas le 30 au cul, encore moins l'esprit Camarguais dit "de casse auto".

Me voilà à Sommières, le village (sous le niveau du Vidourle) est dans le smog ce matin, il a l'humeur antédiluvienne...C'est prévu, la piste cyclable s'arrête brutalement à Caveirac sur les fameux tessons de bouteilles de routes jamais nettoyées. Hôpital, rocade, immenses bosses, descente en évitant les voitures et puis enfin les arènes au bout. Enfin.

Sommières...sur la mangrove...Surtout ne pas se baigner, les crocodiles ne sont pas si loin... 

Café de la Bourse 9h ( départ 6h30). Je vous le donne en mille le cafetier est local. Chemise débraillée, rayée, délavée...il braille...Il transpire même... Il me fait penser à ces touristes d'aérogares attendant le rapatriement vers le sud à Orly, rentrant d'Eurodisney. Ils s'apostrophent, se congratulent d'un braquage chez Lidl, d'un berbecue optimisé ou de la dernière défaite des crocodiles.

Je suis légèrement triste en remontant le boulevard Victor Hugo. Café Napoléon, Maison carrée.

Il faut se réveiller parce que les kebabs du boulevard Gambetta sont au square Antonin et vont descendre vers les arènes...C'est prévu. L'évolution est flagrante...Ils vont prendre la Bourse... Seule une énorme inondation pourrait les ralentir... La victoire des Romains en Egypte est si lointaine... Cléopâtre avait de beaux yeux mais cela ne suffit pas pour perdurer ou séduire.

Pour sortir de la marmite, il faut grimper... pas le choix... Je l'ai dit c'est une ville sans le moindre accès présentable sans rien d' humain. Trace de route sinueuse et montante avec les fadas au cul dans leur pauvres voitures sous alimentées, dépassées.

Nîmes je te quitte, je suis juste venu prendre un café. Toujours aussi étonné, perplexe et triste. Réveilles toi Nîmes !!! 

Que pense Jean Jacques Bourdin de l'esprit du gladiateur... ?