La piste de Papa Lima Tango (Virée Clio opus 13)...
L'aérodrome s'illumine brutalement... La rencontre du troisième type va peut-être se réaliser... "Le soleil qui chante la nuit" s'approche... |
Cela fait quelques temps que Papa Lima Tango (mon père décédé) ne s'est pas manifesté.
Dans la descente vers Béthune le 07 avril 2016, il m'avait interpellé. Je sais, on est tenté de dire que je l'avais rêvé. Après tout, j'avais plus de mille bornes dans les cannes et une diagonale (MD) "à la Loisel" c'est plutôt dans le fossé et sans gémir donc on perd un peu de lucidité. On a le droit. On se prend parfois pour Jeanne d'Arc. Non non, c'était bien net, clair et précis. Et, je n'ai pas bien réagi ou mal. Normal, j'étais encore vivant moi, donc un être faible.
Il y avait cette homme qui marchait lentement sous les lampadaires à sodium et à qui je n'ai osé parler. J'avais pensé à Mistery man. J'ai pourtant fait demi-tour un instant mais ai préféré filer plutôt qu'engager la conversation, aller toujours plus loin. La fameuse névrose destructrice du "diagonaliste" à qui tu fais rencontrer Jésus et qui te répond qu'il n'a pas le temps. La faute à un pointage improbable avant minuit à Cassel sur un panneau. Un diagonaliste ça n'affronte pas et prend la tangente, c'est bien connu, question de survie parfois. C'est dangereux la frontière entre la vie et la mort non ? Bon Papa Lima c'était pas Jésus, je vous l'accorde, par contre, ça, il aurait bien aimé, rapport à l'ego. Ils le font exprès ces disparus ils continuent à nous mettre face à nos défauts et incohérences même après être passés de l'autre côté.
Alors que j'avais 14 ans peut-être, Papa Lima Tango et moi décollions dans un bel avion de Montpellier destination Mende. Il faisait "à l'époque" du transfert de fonds ou de tickets de tiercé, je ne sais plus, que des choses vraiment excitantes et secrètes. Ce "touch" particulier de l'aérodrome de Mende m'est toujours resté en mémoire. Une arrivée au milieu de nulle part un peu comme ces narcotrafiquants au milieu des forêts, près Medellín. On mange un sandwich, on charge et... on se casse. Il ne faut pas traîner. On ne parle à personne. La voiture est en bout de piste...
Papa Lima était dans son éléments, en fait c'était ce qu'il faisait de mieux dans sa vie.
C'était le même avion, je le reconnais... Allo Papa Lima Tango... ? Répondez nous vous cherchons (parfois)... |
Le bonheur total cette sortie. Je pense que mon père n'aurait jamais du se diluer dans le monde que propose les sociétés policées, et par là même, n'aurait aussi jamais dû rencontrer ma mère et fabriquer ce chenil d'enfants (ingérables et médiocres!?). Il n'aurait jamais dû s'éloigner de cette trajectoire qui était en lui... C'est vrai, vous me direz, je ne serai pas né. En êtes vous certain d'ailleurs? On n'appartient à aucun parent et à personne. Et si j'étais né ailleurs? L'aurais je mieux rencontré ? Patrick Modiano avait écrit un truc dans le genre : " Par quel prodige vous avais je connu alors que vous n'étiez pas encore mon père..." Pas de début, pas de fin, pas de véritable filiation avérée. Je n'ai jamais vu Papa Lima comme vraiment mon père d'ailleurs mais comme une rencontre de quelqu'un qui vivait dans un monde qui n'était pas le sien, un copain, ce n'était même pas un ami. D'ailleurs, comme au bistrot, moi le petit dernier (presque) il me confiait parfois ses souffrances de la gestion de sa vie de père. Comme c'était un pote, je lui disait que ce n'était pas si grave, qu'il pense plutôt à rester lui même (j'avais un peu le rôle du barman de Shining non ?). Papa Lima avait de telles compétences dans l'aventure et la résolution de défis et d'objectifs, que cela a été un gâchis cette résignation. J'en ai toujours été triste pour lui. Plus jeune, je l'imaginais "pilote de brousse", se jouant des frontières humaines, de la légalité. Un Jésus mais qu'en Afrique, seulement là-bas.
Me revoilà à Mende presque cinquante ans plus tard. C'est une virée Clio cette fois (la Twingo c'est fini, il y aura bientôt les virées zoé) et je retrouve cet aérodrome. J'y étais déjà revenu, volontairement, y faire une nuit à la belle en 1991 la veille d'un Marvejols Mende avec un certain Bruno Boury.
Je vais y dormir 2 nuits.
Le premier soir, vers 23h30 peut-être, la piste s'est illuminée d'un coup. Ouhaaa...C'est Papa Lima !? Va-t-il se poser ? Non, au bruit, ce n'est pas un avion. C'est un hélicoptère. Je regarde le manège. Rencontre du 3eme type ? Peu de temps après, ils ont tout éteint à nouveau. Impossible alors de savoir qu'il y a un terrain d'aviation ici. Comme dans le Vercors pendant la guerre ? C'est quand tu veux Papa Lima. Je serai plus attentif qu'à Béthune. Promis. Mais fais quelques efforts de ton côté aussi.
2) James Dean et Roger Rivière
"C'est..Roger..." |
Dans la montée du col du Perjuret, le premier jour, je n'ai pu m'empêcher de m'arrêter au pied de la stèle de Roger Rivière, ce destin brisé de champion cycliste. C'est toujours fascinant d'imaginer ce qui aurait pu se passer si seulement..., à quelques centimètres près... Changement de trajectoire. Fin de partie. Je pense aussi à James Dean. Avec celui là, si mes calculs sont bons, il y aurait eu un "club des 24" comme il y a un club des 27 (avec Morisson et la bande).
Que l'on soit bien clair (contrairement à ce qui est admis) Roger Rivière est bien mort dans le descente du Perjuret à 24 ans.
De la même façon James Dean lui est né sur la route de Salinas à 24 ans.
Ça s'annule ?
Tous les deux allaient trop vite peut-être.
3) Une différence entre Patrick Plaine et moi...
On a été tenté parfois de façon vraiment ponctuelle de me comparer "au coyote", au "roule toujours" Patrick Plaine, star (décriée parfois) d'un microcosme cycliste fasciné par les chiffres. Ce dernier a été stoppé sur le macadam et nous a donc quitté, un soir de novembre, dans sa quête de la réalisation "d'une charge pédalante"(dixit) hors norme (presque 2 millions de km). Le coupable ? Un banal engin agricole mal réglé, conduit par un villageois distrait, à peine à 20 à l'heure. Les plus grands alpinistes ne font-ils pas des chutes mortelles sur des petits névés fin août ?
D'être comparé à lui pourrait me faire plaisir par certains côtés. Avec Plaine, on se rejoignait certainement sur des postures non feintes comme " ne jamais se plaindre" et être un peu "dur au mal". Sur les "vagabondages" aussi et particulièrement sur ces nuits dans les fossés magnifiées, judicieusement choisies, ces concours de bivouacs sous les étoiles.
Il y a, par contre, de nombreux aspects où nous étions totalement opposés. Nous en parlerons une autre fois, en détail.
Je vous en livre un immédiatement quand même puisque vous le demandez.
Lorsque je m'allonge "à la belle" sur un aérodrome pour attendre un éventuel passage de Papa Lima Tango ou de son fantôme, juste avant et bien... je me récompense. La nuit que je ne paie pas à l'hôtel, au camping ou que sais-je, elle passe souvent dans la bouffe. Le saviez vous ? C'est un repas mérité quand même mais ça Plaine ne l'a jamais fait même s'il en avait les moyens.
Voila une assiette avec du bœuf de l'Aubrac qui met dans de bonne dispositions nocturnes.
On est bien loin du mythique paquet de chocos et des fameux "mars" que Plaine le "Marsien "continuait à ingurgiter juste avant d'aller rejoindre les "routes du ciel", ces routes très chères à Papa Lima.
Je précise aussi que Papa Lima était grand gastronome.
Un peu de respect, il faut méditer derrière une assiette avant de monter à l'aérodrome.
4) "Marvejols Mende" dans l'autre sens.
J'ai réalisé une dizaine de fois la course pédestre "Marvejols Mende" pédestre. Une des plus ancienne course sur route, une des mieux organisée, celle dont le rapport qualité prix est tout simplement incroyable. Loïc et Rémy aussi ont pu apprécier ce parcours, peut-être un chemin initiatique pour eux, je le souhaite. Je profite de cette virée Twingo pour réaliser le parcours à l'envers et mesurer autrement, calmement, les difficultés. Je vais monter tout ce qui se descend et "vis et versa..." Je confirme, ce n'est pas plat. Les chronos parlent vraiment sur cette course.
Moins de 2h ?
5) L'Aubrac ou Jurassic Park ?
Quand on est dans le secteur et bien, on monte les Causses, et on les explore. Audiard dirait que c'est même à ça qu'on me reconnait... Au programme aujourd'hui l'Aubrac sauvage, originel. Les vaches ici ne sont pas des vaches, elles ont une couleur fauve qui n'a rien à voir avec celle du lait Milka de basse Normandie. Les cornes sont aussi plus affûtées, les bêtes sont indisciplinées et il leur faut quatre hectares "par tête de corne" sans quoi elles se suicident.
Les murets de pierre c'est du granit, pas du sédiment d'algues grasses qui meurent par paresse au milieu des pétoncles. Du granit, magmatique, volcanique, radioactif. Bref un beau programme. Ça bouge, c'est dangereux, on n'est pas dans le touristiquement correct et pas de cascades à l'horizon.
Pourtant si j'ai globalement apprécié les paysages, une gêne m'a envahi tout le long de cette traversée.
Nasbinals c'est un peu le Mt St Michel avec ses pèlerins qui dévalisent les quelques échoppes, ces battisses épaisses qui cachent le corps d'un Dugesclin violé, assassiné.
En sortant du monastère, point de ralliement de tous "les Compostelles" d'où qu'ils viennent, j'ai voulu m'allonger un peu à l'ombre pour apprécier le silence. Il n'y a qu'une route. Ce doit être facile de s 'écarter un peu et se placer sous un arbre. On a bien le temps de profiter avant de retourner ce soir au Causse de Mende pour l'éventuelle rencontre avec "le soleil qui chante".
Impossible. Barbelés partout, barrières, murs.
Tu traces, aucun arrêt possible, tout est sous contrôle. La seule issue parfois est un chemin qui mène le touriste à un buron. Tout est planifié.
L'Aubrac est-il si dangereux ?
J'ai pensé à ces routes aux USA avec péages. Tu mets quelques dollars dans une boite pour faire 30 bornes entre 3 barbelés pour regarder quelques vaches au loin.