Col du Perthus, la dernière porte d'un 400... (BRM 400-11 mai 2019-429 Km)
Col du Perthus, la dernière porte d'un 400...
3h du matin Assas, la
notion de "grand randonneur cycliste" va prendre tout son sens.
Combien sont-ils encore à vouloir passer ce cap des 300 bornes en gardant une
intégrité physique et mentale ? Un peu moins d'une trentaine ? Comme le dit si bien Eric L (Lapuyade), 300 bornes dans la journée c'est sommes toutes,
gérable en passant au métier, sur les nerfs... Mais 400 ? C'est autre chose....
On doit un peu y réfléchir. Et pas au vélo, ni à la mécanique, encore moins au
GPS, au radar ou que sais-je ? Non, on doit penser à soi, à son âme que l'on va
triturer, à son alimentation, au sommeil pour certains. La journée sera longue.
Des phrases cheminent dans la tête alors que les frontales guettent l'animal
qui pourrait basculer sous les roues. Celle d'un J.P.F (Ferraton) par exemple qui te dit : " Plus tu vas vite
moins tu passes de temps sur l'asphalte..." Quand même aller vite sur 400
bornes !? Où celle d' Eric L (Lapuyade)
qu'il me prononce aux abords de Lézan
: " 400 bornes c'est 100 bornes de plus que 300 bornes, alors ces 100
bornes autant les placer au début quand on est pas fatigué ..." J'adore...
Alès (5h05).
Magnifique contrôle ITER spécial Gérald (Razier) à Ste Cécile
d'Andorge (6h05). De la belle ouvrage pour humaniser une sortie au milieu
de nulle part. On n'a pas touché au thermos de thé. Encore un moment convivial
gâché ?
Croix de Berthel, le
regroupement "montagnard" de vélos éparpillés dans l'herbe. Une
réunion de Camisards ? La bénédiction des vélos avec le clergé comme au temps
du CTM (Cyclotouristes Montpelliérains)
d'après guerre ? Pont de Montvers (8h10),
on se compte derrière un café.
La suite est en descente. Que c'est long les gorges du Tarn. Que c'est
court aussi derrière quelques mobylettes à 30 à l'heure... La cinétique a une qualité qui est celle de répondre au grand principe de
Ferraton énoncé plus haut mais elle
impose de se focaliser sur un essentiel réducteur à savoir suivre et rester
coûte que coûte avec un groupe dans le tunnel.
Aux abords de Millau, je décide, tel un planeur magnifique de lâcher
le câble... Me voilà seul face au vent et ma joie s'en trouve grandie alors que
d'autres parlerait d'erreur totale, impardonnable... Enfin ne plus regarder
devant et pouvoir tourner la tête, voire se retourner tout court, sans le
risque de "sauter"...
Entre Millau (12h20) et St Afrique, le brevet se mérite. C'est
le secteur "embalse" comme
en Espagne avec quelques côtes inutiles, vent de face.
Le virage sur la gauche là-bas au bout, convoque en moi des souvenirs
de 600, Réquista et ses fantômes,
retours épiques où l'on pouvait croiser un T.
St Léger reniant sa bicyclette avant d'aller se jeter dans le bucher de Cornus...
La troupe ACE arrive à St Izaire (16h), l'optimisation
diététique prend le dessus avec ce coca direct dans les bidons.
Je vais laisser souffler le vent puisqu'il m'aime désormais et la
pluie peut bien tomber sur mes jambes nues aux abords des bosses abrasives de Roqueredonde... Le col du Perthus sera passé de jour , c'est une victoire de bonne
gestion. Dans la descente sur Lodève
(20h20), deux options s'offrent à moi. Une déviation détourne l'humanité.
Que faire ? Que choisir ? Oui, tout droit, vous avez raison, quitte à passer
sous un tractopelle. Moi je fais des BRM,
pas de l'Audax ! Je ne réagis pas de
la meilleure façon au son du sifflet... Toujours plus de frissons...
St André de Sangonis,
j'allume les phares, plein phares... Je vais illuminer la Taillade, faire fumer le pédalier et finir dans un vacarme... Il
faut exister.
Posé avant minuit (23h33).