« Le grand tunnel de SaintéLyon, de quoi se fourvoyer sans passer par Fourvière… » 2018, 01 décembre. Trail - 81 km.



23h45, les premières gouttes tombent sur cette ligne droite qui fuit au bout de la nuit. Yves dit "Jojo" est là à mes côtés. Fidèle de  l’épreuve, il va mettre sur la table ses problème de rétine, savoir s’il a toujours le droit de vivre ces absurdes périples que sont les trails dit « à l’épuisement ». Un nouveau venu, Colas Moreau, prof de sport, facile quelque soient les conditions et les terrains. Ce dernier sait-il qui était Moreau du temps de Napoléon, sait-il qu'il y a un ravito (disparu?) sur cette Sainté qui porte ce nom...  Il finira devant  et dira quand même, et je l’en remercie, : «  j’en ai jamais autant bavé ». Et moi, enfin,  toujours là 30 ans après Millau (100 km), on parle d’une « bonne hygiène de vie ". Qu'en savez-vous ? C’est connu et accepté, un œnologue boit peu mais bien, au bon moment, avec un public choisi...
Jojo se concentre sur la bataille..
C'est un test cette nuit...


Il fait chaud. Etrange...L'an dernier on évitait les Loups affamés par l'hiver... Il y a du réchauffement climatique dans l’air. Du Gilet jaune aussi qui te paie l’autoroute à Vienne. Faut-il les remercier ceux qui semblent défendre le pétrole ? Bref, c’est un peu le chantier. Depuis toutes ces années, je cherche de bonnes conditions, celles du record, du "flow" inespéré après 50 balais, traverser les mont du Lyonnais comme dans un rêve... En 6 participations, jamais trouvé. Je ne veux pas « avoir pour seul talent une météo favorable » mais bon, quand même, cela doit être grisant de développer une cinétique sur ce terrain. Sur la Saintélyon, tu coures tout le temps et tu finis à un peu plus de 6 km/h de moyenne. C’est vraiment incompréhensible.


Le départ est proche...
Nous sommes dans la lumière...
Pas pour longtemps...


81 km cette année. Quelques kms de plus, et bien  ce sera qu’une heure de plus. On verra bien. Si on était parti à midi ce samedi, on l'aurait fait sur le sec. Pas de chance, mais il manquerait " l'expérience de nuit ".

St Christo est atteint en 2 h, on a bien fait un détour… La pluie horizontale, le vent  commence à te cueillir en sortie de village sur les crêtes... C'est un passage redouté. Froid. Surtout ne pas s’attarder là mais comment accélérer ? Les baskets sont dans la boue, la vraie argile, noire et glauque juste assez profonde, 5 cm disons, pour ne pas t’arrêter vraiment et te faire croire que tu coures encore. Au début, on sautille, ensuite on fait « splash ! » en arrosant les frontales latérales et on s’en fou… Au GPS rien ne bouge. Scotchés. Plantés comme des boutures insolentes... Je préfère encore la neige et la glace de l’an dernier. Cette nuit,  la sensation de froid et d’humidité est terrible. En fait le cerveau se met en mode «  il faut finir, progressons par étape » si on est encore là à Ste Catherine ce sera bien… Ensuite on reprogrammera pour avancer toujours…
Les bus d’abandon qui errent sur les petits chemins (comme pour Millau autrefois) vont être pris d’assaut. Il faut détourner le regard... Je sais à Ste Catherine qu’il va rester le signal à monter et puis après… plus facile, grande dévalée c'est mathématique… Mais cette année, ce fameux  point culminant, ils nous font tricoter autour sur des pistes dénichées par quelqu’un qui est mort d’ailleurs… Un tracé posthume, c'est un peu lugubre… In memoriam " t'en chies..."
La forêt de St Genou, l’an dernier nous descendions sur les fesses… Là les rochers sont bien luisants et il y a carrément une petite rivière au centre… C'est mignon... Je ne vais quand même pas m’accrocher aux arbres… 

Yves a disparu, il est devant, derrière ? Dessus dessous… Où est le haut ou est le bas ? Il doit gérer un brouillard qui vient de s’installer. Comment fait-il sur un œil ? Aveugle parmi les borgnes.  Vivement le bitume, c’est la première fois qu’un traileur rêve de bitume… C’est la Saintélyon. Vivement le matin aussi! D’y voir, ça peut aider... Un comble pour un amateur d’escapades nocturnes…

Voilà l’aqueduc  de Chaponost dans le petit matin calme et silencieux où les gens s’éteignent avec ce petit sourire niais qu’on les personnes flouées et totalement responsables de leur extinction…  . Evidemment on fait un détour, le pont a disparu… Il faut rallonger cette année je sais. Le tunnel de Fourvière n’est pas loin, il doit être moins encombré et sec sur un beau linéaire, j’aimerai m’y trouver et allonger la foulée comme sur un 10 bornes, retrouver mes jambes.... Le parc qui ne sert à rien, derniers coups de cul, les fameux escaliers de la mort, les ponts pris par le bas, en sortant du fleuve, pour augmenter le dénivelé, les photographes sous tentes rincés, et l’arrivée…  Ouf !

Après tout il est midi c’est l’heure de l’apéro… Minuit Midi, je n’y vais pas pensé mais ça sonne très bien (Positive attitude).  
Je me retourne. Ça ne sert à rien, y a rien à voir… Ma mémoire elle est marron…
On reviendra peut-être. Parce qu’on a rien compris.


Une pensée pour le "jardinage" avec les pompes...




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