« Donald Trump, Shining…, Une question de climat … » (Chronique d’une traversée cycliste de la France en Diagonale-Hendaye Menton)

« Donald Trump, Shining…, Une question de climat … » (Chronique d’une traversée cycliste de la France en Diagonale-Hendaye Menton)






Donald Trump se moque à l’heure où j’écris ces lignes du réchauffement climatique puisqu’à l’extérieur de sa tour il y aurait 40 degrés en dessous de zéro (degré Celsius). J’en profite pour lui parler de cette traversée cycliste de Cabo Higer à San Remo effectuée du 15 au 18 mars 2017. Rappelons d’abord brièvement ce qu’est une diagonale de France. C’est un jeu qui consiste à rallier, en autonomie totale, et sous contrôle 2 sommets non-consécutifs de l’hexagone avec son petit vélo dans un délai imposé (78h pour 956 km).  On parle de « randonneur pressé ». Pas trop le temps de flâner donc vous qui connaissez le vélo autrement qu’avec des Tongues aux pieds  entre 2 campings…
Le saviez-vous que traverser la France en hiver dans ces conditions  est pour beaucoup de cadres de la fédération cycliste interdit ? Vous pensez… avec la nuit, les voitures, la fatigue, le manque d’entrainement et surtout le froid cela pourrait être un suicide programmé. Etant conscient d’être en infraction absolue, surtout en solitaire, j’ai pris le départ le 15 mars au matin pour de belles « tirées journalières » de 300 kms… Les frimas de l’hiver, le verglas, l’action lente et inexorable des éléments contre le petit être frêle et inconscient, rien de raisonnable à priori. J’étais prêt à affronter la chose.  Et bien je voudrais dire à notre petit canard américain qu‘heureusement et, contre toute attente, j’ai bénéficié d’un réchauffement climatique personnel qui m’a accompagné tous ces jours estivaux de mars… J’ai réalisé le parcours au soleil, en dormant dans les fossés sous une couverture de survie avec des conditions très favorables et …donc inattendues pour certains… Le réchauffement est vérifié.

De plus, aux alentours de la ville de Auch le premier soir, j’ai senti que le soleil avait du mal à se coucher et que de ce côté-là aussi il s’était passé quelque chose... Je vais voir (sur Internet bien sur) s’il n’y a pas un rapport avec la platitude de la terre enseignée dans quelques pays du pétrole chers aux américains…




Source.Senego.com


Autre chose, autre climat. 
La fatigue et la nuit, ont des effets pervers ou salvateurs qu’il faut savoir analyser et apprécier. Au départ d’Hendaye, juste avant le contrôle au commissariat (6h du matin), je suis passé devant l’ancien hôtel Santiago désormais fermé. Il n’y a rien de plus triste qu’un hôtel  ou un restaurant abandonné. Je les photographie parfois…pour rien, cherchant à capter quelque chose, à garder ce passé, ces rires, ces éclats de voix… 


Comment ne pas penser, en regardant cette bâtisse froide qu’il ne se passe pas quelque chose à l’intérieur, qu’il n’y ait pas des personnes errante dans les limbes de la folie, comme dans le film « Shining » (Stanley Kubrick-1980). Une famille prisonnière qui a capté le flash de mon numérique… qui croit que je vais la délivrer. Un enfant qui crie. Je pense à ce confessionnal à l’entrée. Lors de Diagonales précédente, le gardien du Santiago ne s’appelait pas Jack mais Philippe je crois… Est-il sur une photo en noir et blanc dans le réfectoire du fond, avec quelques diagonalistes provisoirement disparus ? Ces images qu’il prenait des cyclistes dans les années 90 devant le confessionnal… ?
Le soir même, me voilà (délais obligent) vers minuit avec ma bécane aux abords de Toulouse… Je descends sur  l’isle Jourdain précisément. Des nappes de brouillard sont traversées, je n’ai plus de compteur, il a rendu l’âme,  mais je sais que j’arrive à 300 bornes sur le road-book. Il fait froid désormais, une fraîcheur accentuée par cette humidité saturante…
Je décrète l’étape. D’abord se calmer. Poser le vélo contre un mur, le regarder, être debout. Sortir de la diagonale pour prendre les bonnes décisions. Manger oui c’est ça… Manger rapidement. Mais tout est fermé… Je bricole une barre de céréales et demande aux passants un lieu de restauration. « L’Hostellerie du Lac… c’est  à 500 mètres à peine… Mais ce n’est pas certain qu’ils vous servent encore… »  Ah oui je me souviens, c’était notre arrêt du 25 avril 1993 sur le même parcours, avec cette grande salle éclairée avec des serveurs et des plats gastronomiques dans le bruit de l’argenterie sous le regard fixe d’un  personnel de salle stoïque… Je m’imagine ce soir,  arrivant dans cette grande salle dite des "petits fagots" et que je sois reconnue par Lloyd ou Grady qui me diraient : «  Bon retour à l’hôtel Bernard, cela faisait longtemps… Il est temps maintenant de réaliser vos rêves…, …. le saviez vous ?,… il ne faut surtout pas se laisser faire…, il faut agir… » 



Suis-je Jack ? Un psychopathe du sport comme me présentent les gentils adeptes bedonnant du boulodrome et des caddies bien remplies… ? Cela me fait froid dans le dos. Surtout que cette diagonale  de 1993 n’avait pas abouti (Abandon à 150 bornes de l’arrivée)… Il faut dire que j’étais à l'époque, avec quelqu’un qui n’a jamais cru en le réchauffement climatique… Comme Donald...  
Je fais demi-tour… Tant pis pour le repas. Brrr…Cela fait froid dans le dos. Là il faut le reconnaître c’est Trump qui a raison… 
Trump est-il l’acteur d’un film d’horreur ?
J'ai bien fini cette Diagonale à Menton avec de l'avance sur les 78h. Je l'ai prolongée d'ailleurs en assistant l'après midi à l'arrivée de la classique cycliste Milan San Remo sur la via Roma.
A l'aise, à Eze avant la descente sur Menton dans les délais...
L'effet mesurable du réchauffement climatique...
Jack.









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