"Paté Henaff, ce grand amour diététique qui vous tue lentement en faisant croire le contraire ..." (Garrigues Mont Bouquet – 29 sept.2024 – 114 km)

 

"Toi qui débutes, ne te mets pas dans le pâté..."


Je continue l'écriture de petits billets sur l'éternel effondrement fédéral, mouvement qui n'en finira donc jamais et dont je suis témoin. J'attends peut-être que le système touche le fond des abysses pour que, d'un coup de cale il remonte vers la surface, vers les eaux du soleil. Il parait que c'est cyclique. Pourquoi attendre d'ailleurs ? N'attendre rien n'est-il pas préférable ?

"Garrigue Mont Bouquet", ce fut d'abord pour moi cette "classique de février 1990" dans ces temps troublés et certainement nécessaires.

262 km réalisés à l'époque en une petite journée d'hiver avec un certain Gaby qui a été englouti quelques années plus tard pour des raisons très simples que je n'expliquerai pas ici. On faisait de la distance. Bien loin de ces "pauvres 115 bornes" de garrigues avec le Mont bouquet qui est cette petite montagne à chèvres.

Le départ est déjà trop tard aux aurores... Pour un grandiose supposé ce serait plutôt départ de nuit et arrivée de nuit.

Les bénévoles s'affairent, ils ont tous plus de 70 ans...

Ils ne te regardent pas et vont et viennent dans un désordre lent, totalement déboussolés... On dirait une activité programmée dans une maison de retraite, l'animateur étant parti aux toilettes...

On ne t'offre pas le café. Pourtant, il y a un gros percolateur en ferraille de la guerre de 14 tout droit sorti d'une grange...

Je m'attarde, personne ne me parle. Ont-ils peur de mon maillot bleu de frelon asiatique ? Où est donc Michel dit "le chef" et ou est passé Georgette...?

On est inscrit par internet ?

Il y aurait une trace GPX... Ils l'ont fait pour attirer du monde. Pour être moderne. Tu parles. Tous ceux qui utilisent des traces sont sur d'autres traces, c'est évident...

J'attends le soleil. C'est absurde, il est déjà levé.

C'est balisé au sol cela me va. Mais le balisage "camionneur de l'extrême" croise la volonté du traceur à binocles informaticien (le fils du Président de la coopé) et il veut te faire passer dans les vignes. Je me plante, car je m'oriente au soleil déjà et toujours. Les km dans les vignes qui rallongent façon gravel sont une hérésie dans ce contexte. Je reviens quand même sur mes pas pour respecter la mission. Là, un Gangeois (abeille jaune) s'est mis à m'aimer et à vouloir que je parte en Inde avec son club de RSA.

Premier ravito. multiple au km 23 !?! Si, si... Je n'ai même pas pédalé.

On ne sait pas si c'est interdit pour toi qui "es sur le long" et pourquoi "t'es donc sur le long" en partant à plus de 8 h ? C'est le ravito. unique, la multiprise des hypoglycémies latentes.

10 euros l'inscription... cela augmente... Si c'est pour payer la paella aux bénévoles avant la belle photo de vieilles jambes poilues (hommes et femmes), je suis d'accord. Surtout qu'il y a davantage de bénévoles que de participants sans compter les anciens gilets jaunes qui ont senti les moules.

Ensuite, les flèches se croisent. C'est la rencontre d'un vieux géomètre arpenteur et d'un informaticien à deux balles. Dialogue de sourds. Toutes les flèches semblent partir et revenir au même carrefour. Je suis un peu inquiet, il est 9 h passées et je n'ai pas fait 30 bornes et je suis déjà seul. Ah si, je pouvais choper un essaim de frelons quand bien même je n'ai aucune confiance en eux, car dans leur frénésie de phéromones, on pourrait se retrouver à Beaucaire alors que c'est la direction des Cévennes qu'il faut prendre maintenant.

J'arpente les garrigues. Et si j'allais à Uzès plutôt me balader ? Cela me traverse l'esprit. L'envie de "prendre la tangente" est un délice mental réservé aux gens libres.

Dans le Bouquet, je trouve quelques cyclistes isolés qui ont des fulgurances puis s'arrêtent dans l'herbe. Des Pinot de fin de carrière.

 

Du sommet du Bouquet, on n'a qu'une envie : celle d'aller rejoindre le Ventoux... Tout droit. 


Retour sur le croisement informatique. Les bénévoles ne te calculent même pas alors que tu leur a parlé, il y a pas 3 h.

Ils ont quand même élaborés tous ces petits sandwichs qui permettent " de charger" le cycliste pour qu'il rentre. Avec ces petits bouts de pain enrobés, tu as vraiment ce sentiment de satiété que tu inondes aussi de menthe à l'eau ou de coca s'il y en a.

C'est un bon moment de convivialité seul. Concept fédéral avant-gardiste. Tu vas vers le buffet le regard bas, y reviens, te dis qu'il en faut encore un autre par précaution. Mais attention, tu ne voles rien. Ne pas faire comme quelques connaissances infréquentables et non fréquentées.

J'ai toujours été un peu suspicieux sur ces ravitos dont la qualité s'est effondré avec les années. Les organisateurs utilisant les résidus de l'agroalimentaire en allant vers le hard discount... le gratuit des sponsors est toujours périmé, bas de gamme... Le coca avait disparu pour du cola et ainsi de suite...

Quand je parle de pâté Henaff ce n'est certainement pas celui servi aujourd'hui.

Non celui-là, industriel doit avoir sa dose de nitrites et autres conservateurs...

Je pense encore aujourd'hui que "Rata le magnifique" qui a désormais sa place à la droite de Vélocio, a été emporté par les nitrites et autres conservateurs de ces ravitaillements " à deux balles" qui te font croire à un amour collectif entre apôtres de la grande diététique...

Si tu fréquentes trop ces organisations, tu ne deviens pas alcoolique non mais "addict à la charcuterie bas de gamme"... Rata avait une telle assiduité à ce type d'organisation, une telle propension à honorer les ravitaillements que cela l'a emporté au ciel... C'est du moins ce que je pense.

De l'expression " être dans le pâté ". Définitivement.

Depuis ce matin, c'est le cas.

Je rentre. " A bloc" évidemment. Avec quelques ressuscités.






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