D'Agonès à Cambo... Toujours s'écarter du chemin... (03 Février 2024-108 km)

 

Il n'est aucun salut pour un corps allongé sur un canapé...! En même temps je n'en suis pas si certain. Jules Verne aurait écrit ses voyages extraordinaires sans être jamais vraiment sorti de chez lui à part pour aller acheter quelques œufs au marché... C'est exagéré. Il ne faut pas exagérer.

J'ai souvent parlé de la dualité du cycliste, mettant en avant les caractères du sportif pur qui tourne en rond autour d'un col de la Cardonille ou met du braquet dans le faux plat montant de Carnas (presque en descente), les yeux rivés sur le wattmètre (je croyais d'ailleurs que c'était réservé aux physiciens et électriciens) et le voeux partagé qu'on d'autres dits "sportifs" aussi, de s'éloigner du corps et de la machine pour découvrir à minima l'infini et au delà...

Lorsque je roule sous le soleil, surtout en automne (pour les couleurs) et en février (pour le froid supposé des montagnes que j'espère toujours depuis si longtemps), je suis loin de tout exploit sportif, de toute mesure technique. J'en oublierai même que je suis sur un vélo, s'il n'y avait ce déplacement furtif dans le silence. Le but ici et maintenant n'est pas de réaliser un circuit, un vire vire dont je connaîtrai chaque virage pour une meilleure relance mais plutôt de m'enfoncer dans quelques impasses, voir de faire des rencontres.

Sur la déviation de St Bauzille de Putois qui mène au col de la Cyre (que personne ne connait car abîmé par les grands plateaux utilisés par les "bestiasses" castratrices des divagations naturelles), existe un hameau  au soleil,  Agonès. 

Je n'y ai jamais fait le détour. Pourquoi ? Parce que c'est un cul de sac ? Parce que ça monte et c'est un cul de sac ? Ce n'est pas rentable ? Pourtant, quand bien même je passais par là " en course" sur les classique du Lac (Castries) ou de l'Asclier , j'ai toujours pensé qu'il fallait que j'oblique un jour enfin à droite et que je m'élève au-dessus des maisons ...

Le temps a passé mais n'est -il jamais trop tard ? En ce 3 février je me libère de l'inachevé... Je suis prêt. Et s'il s'y passe rien ? Et bien j'inventerai quelque chose. Le rien n'est-il pas aussi la preuve que nos sens ne mesurent pas ? Toujours cette peur de l'absence, du vide et de l'ennui. Il est temps de les embrasser. De convoquer pourquoi pas un sens qui m'appartient et que je n'ai jamais utilisé, un sens renié.

La sensation est toujours vraie et a raison, elle doit primer. Elle touche l’âme et pas le corps. C'est l'âme à laquelle il faut parler. Le vélo en tant que mécanique et indexations n'est qu'un corps...

Que propose le Cannondale aujourd'hui..? Un petit retour vers le futur ? Comme avec Basirico ? 

Ce qui est bien c'est que je suis à 7, 8 à l'heure, le vélo est un piéton. Impossible de manquer l'impensable ou l'inattendu espéré.

N'attendre rien. Si tu attends quelque chose c'est foutu ! Un chercheur n'a pas de but précis à part pour l'administration qui le paie. Il trouve ailleurs que sur sa feuille de route. 

A l'angle de ta rue donc  si tu n'attends rien, il va venir...qui ? Quoi ? Quelque chose ?

La, à Agonès l'ignoré, c'est cette petite Citroën LNA avec cette galerie sur le toit. 

Peut-être qu'il y a encore quelques cassettes dans la boite à gant. Quelques cigarettes ? Des chewing-gum  ? Une belle histoire imaginée pour qui ?  Une histoire qui vaut la votre et vous a permis de vivre et d'être vivant... En Cévennes c'est vrai il reste quelques vestiges du passé... Voilà ce qui m'est proposé à Agonès juste avant le chemin de terre...

Elle est mignonne cette petite voiture. Certainement une voiture de femme aussi mignonne, douce, aimante. Que j'aurais pu rencontrer ? Et quel aurait été mon destin ?

Et pourquoi cette voiture ? Et oui, pourquoi pas ?

Je l'aime cette petite Citroen... Pourquoi me parle-t-elle si fortement ?
Crédit BL



Plus loin, dans l'après midi c'est la montée de Cambo qui m'attend. A l'ombre, elle a un côté austère que j'aime beaucoup. Le Jura est ma jeunesse. J'aurais pu vivre en Oural. La Sibérie me parle. 

Là-haut il y aura quoi au bout du bout ?  Je monte dans le silence, les frondaisons sombres s’enchaînent. Il fait bien froid parfois mais je suis confiant. Il faut persister, j'ai envie de persister. Là-haut il y aura certainement quelque chose ou quelqu'un. Et puis, on l'a dit, je n'attend rien. Posture obligatoire.

Je n'aurai qu'à poser mon vélo contre quelques pierres et cela me suffira pour aujourd'hui. Oui une belle journée. Comblé. 

Crédit BL

 


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