L'hommage hivernal à Paul Fabre... ( 131 km - 02 février 2023)

 



Toi Eddius qui êtes aux cieux...


Paul Fabre s'en est allé. Et c'est absolument normal. Il avait 87 ans.

D'aucuns  diront que c'est beaucoup trop tôt. Et bien non. Pas du tout. Il avait passé l'espérance de vie quand même. Il faut respecter les probabilités qui expliquent qu'on est être provisoire et qu'on passe "à la trappe" par le nombre d'épreuves répétées. Il n' y a que dans les sociétés "hors sol" que la mort est effarante et se trouve toujours injuste.


As tu comme Jean d'Ormesson passé ta vie en première classe ? C'est une question légitime.

Mais je ne crois pas. J'ai eu vent que tu n'as pas toujours "nagé le vent dans le dos" comme quelques collègues...


Je t'ai connu un petit peu quand même.

Connaitre le mot est fort, disons frôlé.


Tu étais bien sûr là le soir à des réunions de l'Amicale des Diagonalistes où on chantait "la glute" et quelques chansons paillardes avec la connivence de quelques consommateurs d'asperges.

Tu vendais souvent tes livres sur des parkings, comme l'illustre ampélographe Galet, un peu rejeté du système des éditeurs qui devrait prendre en charge l'intendance... Ou alors assis sur un tabouret à l'arrivée de quelques randonnées "vintage" d'une fédération déjà sur le déclin, tu serrais quelques mains de personnes qui pensaient que tu étais du réseau donc "à connaitre absolument".


J'ai roulé avec toi mais peu. Ta cinétique littéraire était vraiment supérieure à celle de toutes les cinématiques observables sur chemins et puis il y avait presque 2 générations médiévales entre nous. C'est une explication de la fugacité de nos collisions espérables.



Et non Paul, hélas tu n'écriras pas cette fois quelques lignes sur ton départ. L'avais tu prévu ? Je sais que tu l'aurais voulu. Même ta mort mériterait de belles lignes, alors autant en confier la responsabilité à toi-même. Y-a-tu pensé ? Tant pis. Tu as été surpris ?

Laisses ça aux autres, tu l'as trop fait pour eux même s'ils le feront toujours moins bien que toi.

Laisses tomber. Il faut te reposer maintenant.


Je ne suis pas venu à ton enterrement et je sais que tu t'en moques. L'essentiel n'est-il pas que tes livres soient dans ma bibliothèque ? Je les garde "au chaud". Je témoignerai pour toi. Je les transmettrais. Tu seras un peu dans l'avenir des pauvres bougres qui arrivent et vont gérer les hasards et les bonheurs parfois difficiles.

Tu vas rejoindre d'ailleurs, entre autres, "Rata le magnifique", et tous ces gens disparus que j'ai cotoyé, comme toi, au milieu des foules bariolées.


Je sais, par contre, que tu ne rejoindra pas Patrick (Plaine), car il ne sera pas à ton Paradis et je pressens que tu le regrettes un petit peu. Tu as bien raison. Le regret est le sel de la vie. Patrick , cet "objet de foire" imprévisible et passionné qui fascinait les "huiles fédérales"... Celui qui arrivait par la fenêtre et a disparu lui, pour le coup, vraiment trop tôt. Mais c'est normal. A l'instar deJohnny et Gainsbourg, ils se sont vraiment usés sur la vie. Ils ont vécu. Pas duré. C'est différent.

 J'espère que tu as vécu toi aussi sur une échelle qui est propre à chacun finalement.

Bon comme je suis gentil et que, je le vois à tes froncements de sourcils, tu ne te souviens pas trop de moi (peut-être), je vais faire une belle sortie en ta mémoire. Je ne te demande pas ton avis. Le don est toujours violent, gratuit. Prends le en pleine face mais comme une caresse cette fois.


Si chaque inconnu faisait ça pour toi, tu serais réconforté là-haut avec cette conviction que tu n'étais pas si seul sur cette planète fragile que ta génération croyait infinie et inoxydable.


Cette journée hivernale, tu la mérites. Pourquoi ?


Trois raisons principales :


  1. Ton amour pour les belles lettres et la littérature que je partage.

  2. Il y de cela quelques années tu avais sauvé les Diagonales de France qui était rudement attaquées par quelques "branleurs" de la fédération qui voulaient voir disparaître cette secte élitiste. Tu avais sauvé les délais qui étaient jugés trop serré par cet occident des via Rhôna et autres traces dites douces canalisées, cet occident de décrépitude de tous les efforts à des fins d' effacer notre héritage culturel et génétique.

    La fabrique à cyclistes lobotomisés n'a rien pu faire face à ta rhétorique, ta patience, ton écriture.

    Tu es, par ce fait d'arme, un Maréchal d'Empire de la longue distance.

  3. Ton humour sur toi-même. Non tu ne te prenais pas au sérieux quand bien même au milieu des chasubles qui font le monde et l'organise. C'est rare.


Ce sont les souvenirs que je garde de toi.


Oui tu savais aussi avoir de la dérision sur ton "palmarès cycliste " que tu magnifiais par des mots bien choisis sans être dupe, quand d'autres (de palmarès), s'en inventent un à chaque instant sans jamais la moindre réalisation mesurable.


J'y vais, adésias Paul...

Je vais prendre froid pour toi...

Et c'est un grand bonheur.



Peu avant Montdardier (avec JD). La neige d'antan est là...
La neige ce n'est jamais froid. C'est beau...





Mon cher Paul. A toi qui est de l'autre côté de la barrière...
Accompagnes nous sur les routes...
C'est ta dernière mission. Avec ta permission.

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