Saintelyon 2021 : " Un amour Platoonique... " (78 Km-28 nov.2021)

De toutes les façons, il n'y a qu'une issue c'est... Lyon.
On fera en sorte de l'atteindre, quelque soient les chemins, les rencontres, le prix à payer...
Aucune place pour les gémissements et les faibles.
Sergent Barnes(ard)

 C'est la huitième fois que je suis parachuté sur ce terrain hostile. On pourrait penser que c'est mon métier, pas du tout. Que je l'ai choisi ? Mais ma génération, sans entrer dans les détails, n'a pas vraiment choisi grand chose... Malmenée entre quelques conflits, elle va régulièrement  ici et ailleurs pour résoudre, éliminer, faire le ménage, passer le karcher ! Et puis finalement résoudre quoi ?... Personne n'a la réponse. Y a-t-il seulement un problème ? une équation,  même mal posés ?


Je peux, éventuellement, résoudre les équations mais bien posées...
Ta Saintélyon est un faux problème... Ce qui signifie qu'il n'y a pas de solution.
Et que le chemin parcouru n'est qu'un songe...


Neige, froid, pluie boues, se succèdent. On peut toujours penser que d'années en années on a évolué, que le matériel est plus adapté mais chacun veut garder ses armes, ses vêtements, ses reliques un peu comme des porte-bonheur. Quand on va en guerre, surtout ne rien changer puisque la guerre, après tout,  est toujours la même.

On porte aussi ses souvenirs défaillants qui au moment des bifurcations te portent vers les routes perdues. Toute cette mémoire qui ne demande que révision pour devenir une histoire qui plaira aux foules encore vivantes pour moins souffrir.

Et c'est toujours la même rengaine avec ce départ comme une arrivée sur les plages du débarquement. Oui il faut être patient, la petite mort est au bout, elle va s'offrir à toi ! Et, promis, ce ne sera pas si douloureux.


Une armée... Invincible ?


Un politique derrière un micro, au chaud, avec déjà la voix des machines, nous explique notre chance d'offrir un sacrifice à une cause personnelle. Oui c'est ça. Il faut en faire une affaire personnelle ! Et "profiter" du chemin de la mort.

Sur ces vicinaux qui mènent à Sorbiers même si la neige est déjà là sur le côté, le VietSainteLyon n'est encore qu'un songe, aucune déflagration, aucune inquiétude..." Les bleus" doutent même de son existence. Seuls les anciens courent en silence pensant à ce qui est caché là-bas derrière le parachutage de St Chrito.

Sur les crêtes ensuite, le feu est nourri et on s'en étonne !?  Beaucoup manqueront à l'appel au regroupêment provisoire de Ste Catherine. L'énergie ne sert à rien, c'est le mental qui commence déjà à piloter même si la distance parcourue n'est pas si significative.

La nuit est là aussi pour te rappeler que tu n'es pas un animal adapté à des cibles invisibles. Que ce que tu penses voir est peut-être un contraire d'une réalité. Que ta vision au milieu des lampes incendiaires qui éclairent la glace n'est peut-être qu'un songe. Que seulement cette montagne qu'il faut prendre et qu'on appelle "le signal" n'a peut-être jamais existée. Un simple coup de crayon sur une IGN donné par un général qui à cette heure ci dort profondément dans son lit, loin du front. D'ailleurs tu passes à côté sans le savoir, occupé à relever un blessé, à sauver ta peau avec un arbre complice, jusqu'au lieu dit St Genoux le bien nommé. Cet endroit  qui voit, depuis des années, des armées entières acculées, "sur les genoux", à ramper toutes azimutées, pour sortir de ce dernier guet-apens.



L'aube se lève, c'est l'aube de la débâcle. Froide, immobile, humide. Sidérante et apaisée. Le son n'y parviens plus, le bruit des batailles et des effondrements est derrière.  C'est l'aube qui donne le droit de pousser les derniers soupirs. Car le savez vous ? les hommes meurent à l'aube...

Il y a un calme, un silence. Peut-être là les hommes se retrouvent, prennent les bonnes décisions de ne jamais revenir.

 Et c'est pourtant cette aube qui les ramènera l'an prochain à recommencer sur une nouvelle bataille qu'ils croirons encore plus légitime.

En montant le long de l'aqueduc qui mène à l'infirmerie et les parkings des vétérans écorchés le long des autoroutes, je pense à ces phrases du film Platoon d'Oliver Stone...



" Je suis certain maintenant quand j'y repense, que nous ne sommes pas battus contre l'ennemi. Nous nous sommes battus contre nous mêmes. L'ennemi était en nous." (Taylor)

Et puis...

"Barnes(ard) a été blessé huit fois, et il n'est pas mort. Ça ne vous dit rien ça ? La seule chose qui peut tuer Barnes(ard)...,  c'est Barnes(ard) ! "

 

 

Le fameux tunnel du petit matin... Tu peux t’asseoir sur le côté et même disparaître...
Les généraux nieront ton existence...

 

Sergent Barnes(ard)...
Il est victime  aussi des conflits et fait au mieux en milieu hostile...
Ne le jugez pas.


 

 

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