Petit café à Alès cette fois... ( 15 juillet 2021 - 118 Km)
Dans la série
les petits cafés du matin à vélo, après Nîmes et son crocodile voici Alès la
Germinal. L'objectif est d'aller y boire un café, manger un petit croissant et
puis hop on rentre, pas vu pas pris, le spectre est passé, aucune trace. A midi
trente, je nie tout déplacement, toute rencontre.
Alès en
Cévennes et on se demande bien pourquoi ? Pas vraiment de montagne par ici, le point
culminant notable serait presque ce terril (Rochebelle) qui s'érode et se
consume ( mais au sens propre), comme
les esprits c'est d'actualité.
Ville inondable
évidemment, les digues humaines sont des châteaux de carte d'enfants, toujours sous
dimensionnés, quand la nature reprend les choses en main (2002)...
Ville
caniculaire n'en parlons pas, c'est un Odeillo dont le circuit de
refroidissement est inopérant et possédant une grosse inertie thermique liée au
béton. Le béton, matériau magique, c'est l'ennemi de l'humanité sans mesure.
Me voilà à enchaîner vers 7h les petites routes qui traversent Vacquières, Corconne puis l’enchaînement des bleds
viticoles, en attente de rien, Logrian, Canaules, Lézan qui mènent à St
Christol.
J'oblique sur
Bagard en ignorant Paul Romeu ce vieux cycliste (86 ans aujourd'hui) qui,
autrefois croyait pouvoir prendre ma roue. Ce n'était pas très intelligent, je
sais. Il était comme ça le vieux Paul, il avait de drôles d'idées lors des Sorties
en Cévennes de mai, les fameuses "bourre" avec les clubs locaux.
Je prend la
vieille route d'Anduze, chère à l'AC Clapiers, et déboule sur Alès.
Cette ville c'est
un peu comme Nîmes, peu d'entrée (donc de sortie) potable pour un cycliste. A
St Christol, tu serres les fesses si tu fais le direct. Il y a un toboggan
étroit où tout le monde est " à bloc". Quelques Kms en survie. Donc
la vieille route c'est l'option.
La ville a un centre
historique ridicule entouré de béton. Je passe le Pont Vieux sur la canalisation
qui est une tentative de dompter un fleuve improbable et capricieux comme en
Espagne... Il n'y a rien de plus déprimant que de regarder d'en haut une
rivière " à sec". Je crois que cela doit (mal) façonner la mentalité d'un
peuple. Le fameux peuple Gardois issu des Mines qui doit vivre dans une
nostalgie ou le charbon était de l'or. Or Jean Jacques Bourdin ( qui a grandit
ici), "le régional de l'épate", journaliste star du système, nous explique que c'est pas bien le Charbon,
que c'était une erreur fondamentale... Que l'on s'est trompé.
Tous ces anciens
mineurs (si encore vivants) sont aussi stigmatisés par cette repentance
nécessaire... Car "Vous nous avez planté le réchauffement climatique..." Pas moins.
C'est beaucoup.
C'est beaucoup trop. Surtout s'ils sont chômeurs et/ou silicosés.
Je m'installe
au café Gambrinus sur les quais, après
un peu plus de 50 bornes. Regardons la faune locale. Immersion.
Dommage qu'aucun café (pas paillote) ne donne sur le fleuve qui est à 50 m. J'oubliais, c'est vrai il n'y a pas d'eau... Sans intérêt donc. Comme la planète mars. |
A quoi je pense ? A mes passages ici, courant
le long du Gardons lors de ces 10 Km pédestres plats à faire de la rive droite
rive gauche ? A Thierry Pantel, la gloire locale et nationale en course à pied, des années 1980, 90 ? Lui et son fils que
sont-ils devenus ?
A Gardon Plage qui
est derrière cette route, l'avatar provincial d'un Paris plage pour les
frustrés urbains ? Mais que faire à Alès l'été ? Qu'inventer ici à part se mettre sous clim en zone commerciale ?
Je décide, avant de rentrer, d'aller faire l'ascension de l'Ermitage pour voir le béton d'en haut, pour
admirer ce fabuleux Lycée de bord de plage, le terril aussi. Où est l'école des
Mines, où à une époque j'ai failli m'enterrer, sauvé par quelques effets des
pistons qui fonctionnent bien ?
Voir les
Cévennes aussi ? Mais elles sont si loin et les résineux semblent posés sur des
monticules de terre de basse altitude, des scories, d'anciens terrils,...incapable
de proposer un équilibre différent, plus
frais et qualitatif.
Personne au
sommet des rampes inutiles et inhumaines. Le chemin de croix est partout. Du
verre au sol. Les municipaux seraient ils en grève..? La fameuse grève d'Alès. Ça claque une bonne grève à la Zola avec plus personne à la fin... Seul un saurien posé sur le rocher attestera par un léger sourire.
La grève de
tout car ici on a le droit de se dire " à quoi bon ". Quitte à ne
rien faire autant ne rien faire... Je passe ma main sur les pneus, pas d'erreur. Je n'ai pas l'intention de rester dans le secteur.
L’Ermitage, Notre Dame des Mines. Ici on organise des contre la montre... Pour passer vite. Il ne faut pas s'attarder...
Redescente rapide. Puis, St Jean du Pin, le semi marathon d'hiver des années 90, Générargues, les retours de grandes virées plus lointaines.
Que sont devenus aussi "les Inoxs", confrérie qui est passée dans l'oubli ? La confrérie des années su "tout est et sera possible".Manque de conviction de ses membres ? Et si l'Inox était seulement un idéal, la corrosion emporte tout.
Anduze, je fais de l'eau. Tornac, Durfort, Pompignan, c'est le bon chemin de retour pour ne pas être dérangé par la petite hystérie des vacances. Je suis seul et gère mes braquets vers le le fameux minimum de la dérivée, l'optimisation conso avancement. Seul les adeptes de la longue distance comprendront cette phrase. Vous peut-être.
Désolé pour
Alès mais pour un cycliste ce n'est pas très sexy. Je suis rabat-joie ? Peut-être Julien
Doré serait plus indulgent. Lui, c'est un poète.