Ces Aires tombées en désuétudes... (03 avril 2021)
Aire de Côtes - La fin des flonflons, la fin de la récré ? Où est donc passé le troupeau fédéral sous le beau soleil gras d'un Aigoual salvateur ? |
Nous voilà Jojo et moi entre l'enclume du couvre feu et le marteau d'un magnifique re-confinement... Que faire ? Quelle gymnastique aujourd'hui pour les condamnés sur une planète qui rétrécit selon des procédures d'urgence ? Tournicoter autour d'un château ? Même si c'est limité à 110 de moyenne annuelle (ce qui reste un chiffre), je n'en ai plus la moindre envie. Le Ventoux ? J'en ai claqué trois depuis janvier cela deviendrai indécent. Il me le ferait payer demain.
Il fait beau, pas trop chaud, on décide de réaliser la "classique des 4000 marches avec le retour par Aire de côte"... Un peu de dénivelé en Cévennes et on va faire un temps de référence pour de futurs entrainements. C'est que Jojo veut du foncier, il veut aussi réussir son Ultratrail du Mt Blanc qui, pour des raisons incroyables (compliquées), se refuse à lui depuis quelques années. Je vais l'entrainer. Pour moi, le terrain, vous le savez, c'est une discipline, j'ai "l'énergie vagabonde" expression chère à Sylvain Tesson, mon jeune avatar des années 1990.
On se retrouve donc à Valleraugue, sacs légers, pour la directissime rando Montpelliéraine. Je rappelle que cette classique est visitée régulièrement par les randonneurs de toute l'Occitanie. Je rappelle également qu'il y a des "sportifs" de Montpellier de la catégorie "grandes bouches" (à palmarès quasi nul) qui ne l'ont jamais faite. Pourquoi ? Cela reste une énigme pour moi. Ce sont les "grandes bouches", ils peuvent même vous là décrire, lors d'une table ronde autour d'une table carrée. Bon ça c'est fait.
Nous doublons régulièrement quelques groupes, alternance marche rapide et petit trot... Rythme montagne. La rivière après le passage, souvenirs de compétitions ici, avec un certain Bourrel à l'agonie, grattant le sol, en fin de carrière au début de cette forêt sommitale.
Arrivée en 1h48' à l'observatoire pour Jojo qui est toujours performant dans les 300 derniers mètres... il en fait une fixation depuis de nombreuses années. Moi 2 minutes après. Je lui rendrai la pièce à l'entrée de Valleraugue en finissant à 16 à l'heure, et ça il le sait. Jojo aime finir devant. Moi aussi, par réaction. C'est un jeu.
Table d'orientation. Tout est en travaux et plus d'eau (le fameux robinet de la guérite). On a pris 2 litres chacun pour la boucle. Cela suffira.
C'est reparti en corniche puis descente sur des pistes. Voilà Aire de côte la bâtisse sur le replat, isolée...Un peu triste, il n'y a pas grand monde, quelques individus, le groupe est aujourd'hui proscrit... On pique nique rapidement sur une table en sortie, bord de route.
Quelques souvenirs remontent... mes nombreuses ascensions de l'Aigoual, les gens disparus...ces "bascules" vélo au Salidès lors des rendez vous de St Jean du Gard (1er mai). Où êtes vous donc passé vous mes rencontres du XXème siècle ? J'ai l'impression de parler du XIXème quand j'évoque le siècle dernier !? Un XIX eme reconnu flamboyant, de Napoléon à l'ère industrielle avec toutes ces découvertes et tous ces espoirs.
Et ce XX eme quel fut il ? Quelques guerres, quelques pare chocs étincelants, Johnny Halliday, la naissance de l'autoradio et de la télévision... ? Tout ça pour ça ? Pourquoi être déçu ? Ce n'était pas si mal ?
Qu'en pense Jojo alors que nous allons faire le tour de la bâtisse à chercher l'âtre derrière la baie vitrée?
Ce ne sont que de fugaces impressions. Nous sommes joyeux d'être là. C'est nous les flonflons d'antan, nous peuplons finalement cet espace d'aujourd'hui qui n'y est pour rien.
C'est un peu comme l'Aire de Puechagut pas très loin d'ici dans le col du Minier.
Il y a une vingtaine d'année ou un peu plus, un soir de weekend, j'y avais été au rendez vous avec les anciens du club CTM. Un repas comme ça. Les Valéro, Parès, Thérouanne peut-être, Meignan, Bilan, le couple Maurand, Bel, Mareigiano et d'autres... Une soirée XXème avec les flonflons, musique du siècle. Vers minuit je m'étais éclipsé et étais rentré seul par le Vigan avec ma voiture, n'ayant pas réservé de chambre... Ils avaient l'intention de passer le weekend dans l'Aigoual, le refuge Cévenol des associations de bord de mer.
J'ai l'impression de les avoir abandonné là ayant quitté le club peu après. Je me suis levé, ils m'ont souris, m'ont fait des signes dans cette clarté chaude de l'âtre et de son feu. On a toujours du mal à partir et peut-être que dans le descente du Minier j'ai eu quelques regrets de les avoir laissé là-haut, regrets amplifiés, à l'époque, par le passage au dessus de Bréau, Molière Cavaillac en arrivant sur le Vigan.
C'était ma dernière vision joyeuse d'un club Titanic, mort dans la salle de bal première classe...
Puechagut... Vaisseau Titanic des clubs disparus... On entend encore le soir le son des bals musettes avec les fantômes... |
Comment voulez vous que je parle de ça à Jojo ? Ce serait trop long et le siècle dernier semble si loin.
Et puis Jojo, souvent il dit " je ne pense plus..."
On se reprend, la joie de l'effort est si proche . Descente au milieu des cailloux. On ne faiblit pas. L'allure est bonne, et sans souffrir, c'est la règle. L'aller retour en un peu moins de 4h. Bon temps de référence.
On aurait bien bu une mousse... A la santé des disparus ?
Je t'ai aimé belle créature associative... mais, conscient du danger, et ayant peur de la glace, il a fallu quitter vers minuit, la salle de bal... |