" Retour vers le Futur..." Castries - Pic St Loup (sommet) - Castries




Je situe cette première escapade en 1974, la datation est quasi-certaine. L'objectif était alors pour moi de partir pédibus de la maison familiale qui faisait face au Pic St Loup qui est là-bas, très loin. Et de faire l'aller retour dans la journée avec quelques victuailles dans un sac de fortune. Mes frères, à l'époque n'avaient qu'à me suivre en vélo et "constater" comme des huissiers inflexibles que j'étais bien parvenu au sommet de ce "phare héraultais". Eux ils pédalaient, moi je marchais... Il y a bien effectivement deux catégories de personnes dans la vie.
Depuis ce "débarquement de Béziers" au lotissement du "Moulin à vent" (1971) nous avions déjà bien testés nos mollets, notre résistance et notre courage au milieu des ronces, des oueds et des collines du secteur à chasser et cueillir. Mélange de compétition entre chiens de la meute, désir d'émancipation, soif de domination, d’accroître son territoire,  envie légitime de partir un jour et si possible définitivement.
Vers le nuage de Frison Roche. Vers le soleil et sa chaleur.
Cet aller retour réussi à l'age de 11 ou 12 ans était quand même de belle facture.

Me voilà donc en 2019, à refaire ce trajet initiatique auquel j'ai pensé souvent le long de mon itinéraire. Je suis à la recherche de sensations. Je veut revivre intégralement ce fait d'arme. Pourquoi cette attraction ? Moi qui habite et suis planté au pied de ce massif depuis plus de 20 ans ? Cela remonte à loin.
Voiture garée, départ un peu tardif (10h) de la maison d'autrefois. Retrouver le pont des Tourilles à l'issue d'une ligne droite est assez facile. L'édifice et ses grands platanes pour jouer à Tarzan, c'était déjà le bout du monde. J'ai dû mettre 15 minutes pour y parvenir. C'est vrai en 2019 je vais plus vite, je trottine, endurance douce. Devrai-je marcher pour vivre exactement la chose ? Peut-être que je ne veux pas m'attarder  dans ce passé que je trouve parfois étrange. Ces histoires qui m'ont donnés le goût de l'effort, du défi, un certain amour pour une nature ,un peu éloigné certes de la nature humaine...


Pont des Tourilles, premier contrôle...
Ensuite, voilà Guzargues. Je longe la route. Cela va vite. 1h29' pour ces 16 premiers kilomètres. Arrêt rapide dans la maison de St Mathieu de Tréviers que j'ai, sans le savoir, placé sur ce chemin d'enfance. On change de chaussure et hop ! Direct le château de Montferrand par le pierrier (32'). Le pas de la Pousterle (18') n'est plus très loin. Je n'ai pas le droit à la voie normale des "mémés à caniche" car, en 1974, j'avais fait une directissime sur la crête en tentant d'éviter les chenilles processionnaires, un "bartassage" en règle sans le moindre souvenir "d'un passage" salvateur. La victoire se méritait à cette époque sans GPS, Strava et tout le bordel... Je ne vais pas me griffer comme en 1974, l'autoflagellation ça va un moment... Donc ce sera les crêtes.
Très rapidement j'arrive sur la foule du sommet qui fait péter les pétillants de la "directissime Cazevieille" (1h36' de la maison).

Vers Guzargues...




Pousterle...

Au loin, ...très très loin ...Castries
Descente par la Croisette, optimisation des appuis, ici les cailloux sont "mal rangés, on fait travailler les chevilles.
Revoilà la maison (1h de descente). Je sais désormais que Castries m'attend. Encore 16 bornes. Un joli marathon aujourd'hui. Changement de chaussures. un vrai pro. Petit trot léger. Je longe la route, côté gauche, il y a un peu de circulation. La fin de journée. Le soleil descend. J'ai cherché ce matin le gros pins parasol qui, pour nous, était une balise au retour des Tourilles, fournissant encore quelques pignons pour survivre, il fallait, sans cesse, ramener quelque chose à la grotte. Pas trouvé... Je prend une autre piste pour rejoindre le lotissement. Il est peut-être mort ? Non, les arbres ne meurent pas, cela vit longtemps, lui le réchauffement climatique il s'en fou, c'est un arbre du sud... Ils l'ont scié ? Une forêt de pin... Non il sont trop jeunes, Celui ci ? Celui là ? Enfin, alors que tout était perdu, je retrouve l'arbre de mon enfance. Aucun doute c'est lui, il est énorme. Il a son age. Il fait sombre. A quelques minutes près il était englouti par la nuit. Et je ne serai pas revenu. Que pense t-il en me voyant ? Tiens le petit de 1974... Il est de retour. Les hommes en principe ont plutôt tendance à disparaître..." C'est bien gamin, je t'encourage encore même si, 44 ans plus tard, tu passes dans l'autre sens..." "Vas vers ton destin magnifique quand bien même tu es un peu... à contresens..."
Merci l'arbre, merci le Pic St Loup. Merci pour rien, merci simplement d'être là, de rester au milieu de ceux qui bougent, sans juger, immobiles, constants, immuables.
Voiture (5h45' d'effort).

Les Tourilles, il va bientôt faire nuit...

L'arbre témoin du retour...vers le futur...


Posts les plus consultés de ce blog

SEPT CENTS ( 7 cols en Cévennes – 12 mai 2024 - 218 km)

PARIS NICE - Du 11 au 16 avril 2024 - 1010 km. (1/2)

"Frelons asiatiques versus gentilles abeilles des campagnes..." (BRM 200 – 05 mai 2024 – 240 km)