Hisse et haut... Santiago. ( 12 au 19 juillet 2025 - 1516 Km - 2/2)
| Le chemin qui mène au soleil ou au coquilles ? Ou les deux... |
| Ne pas rester dans le secteur du camino de Walt Disney... |
Il arrive un moment où, à la fin du parcours, du pèlerinage si vous voulez, il ne reste que quelques kilomètres à parcourir. Ils sont matérialisés par des bornes, et il suffit de décrémenter au fur et à mesure... Le Pic St Loup est à plus de 1400 kilomètres et chaque jour cela diminue. Fatalement, au bout, on va arriver au bout du ponton et il faudra se jeter à l'eau ou plutôt en revenir. Les hommes reviennent toujours, mais ils en reviennent aussi de revenir à chaque fois... C'est un constat.
Dans notre cas, il ne reste que la distance du Marathon (secteur Arzua). Cela interpelle le sportif, le compétiteur. Car il n'y a pas que des mouettes distraites ou quelques curieux sur ce parcours en terres de reconquêtes.
Combien de temps vais-je mettre pour arriver à la ville dite de Jacques, endroit où le bonhomme n'est jamais passé selon les historiens, du moins ceux qui ne font pas du journalisme dans d'autres siècles. D'ailleurs, Jacques a-t-il seulement existé ? C'est la question que l'on se pose aussi sur cette trace à reliques. Un marathon. En 3 h ? Certainement moins à vélo. On va tellement vite à bicyclette. On va vers qui vers quoi ?
Le sujet du Bac Physique en 1980 ou dans les annales de 1979 concernait le pendule de Santiago de Compostelle. Cela nous avait marqué nous la bande de "scientifique de bacs... à sable" des bords de plage à Sète (près de la Corniche). C'est le fameux "botafumeiro" dont il fallait trouver la période, ou disons plutôt la pseudo-période, quelques angles d'oscillations particuliers. Prouver aussi sur un bilan énergétique l'imperfection du bidule et des moines (par la même occasion), la faillite, via les frottements, de tout ce qui est et sera ici-bas. L'énergie ne pourra se conserver. C'était stimulant.
Et moi qui cherche, sans le savoir, le mouvement perpétuel, aller à Santiago ne résoudra pas le problème. Il faudra perpétuellement que j'aille ailleurs. Une histoire sans fin dans les odeurs d'encens de cinétiques douteuses.
Ce pendule dans la Cathédrale, selon la légende (une de plus, mais on prend), servait à "nettoyer" un peu l'odeur des pèlerins qui dormaient à même le sol. Quel magnifique bivouac ! J'aurais pu, comme dans les ruines de Monségur, à une autre époque (je suis resté d'essence Cathare sur certains aspects) dormir dans la cathédrale.
Pas possible, elle est surveillée. Je l'ai quand même vérifié le premier soir avant de finir dans un jardin public. L'hospitalité chrétienne n'est plus, par souci sanitaire et principes de précaution. Heureusement, il me reste les cimetières.
Je suis heureux de retrouver ce pendule qui posait question il y a plus de 45 ans maintenant et dont je vais m'employer désormais à redémonter le mécanisme théorique. Pour le fun. Pour revenir à la case départ. Revenir à Sète aussi sous le soleil exactement. Ce Sète que j'ai déjà chanté dans "Cette blog".
| Le pendule et la lumière... |
10 ) L'abbé Pierre ne meurt jamais
Dans un jardin de Santiago, j'ai croisé l'abbé Pierre. Il n'est pas mort comme chacun ne le sait pas trop. Il se renouvelle, se transforme, t'interpelle, et voudrait négocier qui ou quoi avec toi. Il est " à priori" sympathique. Représentant du malin qui organise toutes les religions, il voudrait se faire payer à boire par tous le pèlerins. C'est un bon curé, on pourrait dire.
Je blague un petit peu avec lui. Ses histoires ne sont pas intéressantes et il en devient même comment dire ? Fatiguant.
| Retournes en enfer l'abbé, Jacques n'était pas ton ami ...! |
Il y avait longtemps que je n'avais pas fait peu ou prou, 24 h de bus. Je me souviens d'un retour de Malaga et d'un Chicago Denver (via Greyhound). C'est le mode de locomotion des gueux, des non-solvables de la société, mais attention il y a tellement pas de concurrence que c'est la tarification actualisée du Concorde qui s'applique... Nous sommes même moins compétitifs que le TGV, la "pompe à fric" du système français.
Tu te retrouves assis "de travers" avec des gens odorants (je n'en fais pas partie, je voyage propre) qui ignorent totalement ton existence et tentent de sauver leur peau avant pendant et après. Migrants, chômeurs, déboussolés de la vie, ils s'entassent au gré du capitaine chauffeur qui se croit investi d'une mission d'ordre biblique. Il faudrait d'ailleurs traiter à l'encens avec notre pendule de Santiago tous les bus de la création. L'odeur, la promiscuité, le bruit y sont insupportables.
Ne jamais se placer sur les essieux pour ne pas rentrer en résonnance vibratoire. De plus, un cycliste y est interdit à partir de la France, je vais le tester vers 4 h du matin en quittant la cour des miracles de Bordeaux.
12) L'Espagne fut lumineuse, la France plonge dans l'obscurité...
Etrange sensation quand tu passes la frontière française que celle de revenir au pays des Minimoys. Tout semble petit, les routes, les voitures, les maisons et on plonge dans l'obscurité... Tout est sombre, éteint. Où sont mes bars à Tapas avec ces écrans géants à mannequins météos, ces musiques langoureuses du sud à te mettre les larmes aux yeux ?
Je me résonne et me dis que c'est normal. Désormais, on économise l'électricité pour sauver la planète. Mais quand même... Arrivé à Bordeaux c'est le summum. La gare de triage des bus est sous un pont de chemin de fer avec des murs tagués... Tu côtoies les SDF, des dingues et des paumés. C'est inquiétant. Ne pas s'assoupir est la règle pour contrôler le mendiant qui fait des allers-retours devant toi en te regardant dans les yeux, voir si tu n'aurais pas peur. Vive la France des gueux et des pauvres !!!
Le bus se développe en France. C'est magnifique. Cela est une conséquence normale. Le chauffeur du bus ne veut pas prendre mon vélo. Il m'explique qu'en Espagne, ils font ce qu'ils veulent et même s'ils sont " à priori" de la même entreprise. Ils sont sur une autre ligne...
| Chauffeur de Bus non-Flexible français... |
| La cour des Miracles Bordelaise... Si t'as peur ne viens pas... |
La France suit une autre ligne, c'est certain.