" Sur les traces de Musette..." ( 29 Octobre 2024 – 102 km)

 


Qui a connu Jean Pierre Jullian ?


On l'appelait aussi l'égyptien. Décédé l'an dernier.

Presque centenaire. Il est reparti vers ses pyramides ?

Un regard buriné, bronzé un peu adipeux. Un pharaon égaré qui aimait beaucoup les mathématiques.

J'allais le voir de temps en temps route de Lavérune pour parler... et pas que de formules. Il savait que j'enseignais la matière à l'époque comme Francois Régis Parès avec qui il était en contact.

Les mathématiques cela viendrait de là-bas, derrière Louxor ?

Il était comptable dans une société si je me souviens bien. Il voulait certainement obtenir davantage des chiffres et des nombres que de les enfermer dans des cases toute une vie.


Il ne comprenait pas trop ma façon de faire du vélo. Peut-être qu'il me trouvait original.

Lui aussi l'était ce qui justifiait nos rencontres initiées par quoi et par qui ?

Célibataire, caché dans un studio sombre route de Lavérune, à l'occasion de rencontres que j'organisais, nous parlions. Lui, assis sur son lit et moi, face à lui sur une chaise en formica d'un autre temps. Comme un duel. Il m'offrait, à mon souvenir, une antésite dans un verre en pyrex, son café étant trop dilué et froid à mon goût.


Son vélo était là, à un mètre à peine, posé aussi contre le lit. Nous étions donc trois.

Il ne dormait pas avec le biclou mais, c'est tout comme. Allongé, il pouvait lui parler, le caresser sans effort. Comme Jimy Hendrix avec sa guitare...

"Il y avait des pneus sur son balcon et c'est joli..."

Je pense qu'il n'avait pas de palmarès, mais cela n'a aucune importance. Il me parlait par contre toujours d'un 600 de la fin des années 70 avec Ferraton et la bande... Un 600 où l'on dormait dans les fossés. Cela me suffisait. Je lui demandais toujours de me le raconter ce 600 et surtout le fossé. Il était comment le fossé ?


Son vrai surnom, c'était Musette... On le croisait toujours célibataire ce qui veut dire seul, sur son vélo au large de Montpellier. Il avait des pulls colorés de vieux garçon et une musette, sorte de sacoche qui lui pendait dans le dos. On est loin de l'ergonomie moderne des sacs de trail. C'était efficace et comme ça il y a pas si longtemps.

Il partait " à vide" et revenait " à plein". La musette pleine de tas de choses. C'était un chasseur-cueilleur. Certes, sa grotte était vide et triste, ce n'était pas par exemple celle d'un Floréal "le cycliste amoureux de la rue de la Raffinerie" qui n'était pas très loin de là. Lui ramenait toujours des fleurs à sa femme jusqu'à ce qu'elle rejoigne les anges. As-tu connu Floréal ? Je ne pense pas. C'est triste ? Non, pas vraiment. Presque.

Musette rapportait des amandes, des figues et quoi d'autre... ? Il y en a tant de desserts disponibles le long des routes, des délices gratuits donnés à l'homme, au cycliste qui sait observer, s'émerveiller...


Aujourd'hui, je pars en Cévennes aller chercher des châtaignes en souvenir de toi Musette... Je vais faire honneur à ta posture et ton respect face au soleil levant sur les pyramides.

Un rayon de soleil sur mon vélo... C'est toi musette ?






Posts les plus consultés de ce blog

SEPT CENTS ( 7 cols en Cévennes – 12 mai 2024 - 218 km)

PARIS NICE - Du 11 au 16 avril 2024 - 1010 km. (1/2)

Dans les limbes de l'Espiguette... (03 janvier – 132 km).